La volonté de l’électrique familial se heurte encore souvent à deux barrières : l’autonomie limitée et le prix élevé. Avec le Leapmotor C10, le constructeur chinois‑européen frappe un grand coup en proposant un format « SUV du segment D », une autonomie digne d’un diesel longue portée, et un prix de départ à 36 400 € en France.
Le C10 ne joue pas la carte de l’épuration au rabais : il mise sur une prestation complète, des dimensions généreuses et une proposition technologique forte (version 100 % électrique ou à prolongateur d’autonomie). Le pari est audacieux : donner accès à un modèle « grand format électrique » sans exploser le budget.
Mais derrière cette promesse se cachent des interrogations sérieuses sur la réseau d’après‑vente, la valeur résiduelle, l’éligibilité aux aides françaises et le suivi d’une jeune marque sur le marché. Le panorama du marché français des véhicules électriques est dense, et pour s’y imposer, le C10 devra livrer autant sur le papier que dans la vie réelle.

Un format généreux pour un tarif contenu
Le Leapmotor C10 s’affiche comme un véritable « grand » SUV électrique, rivalisant en gabarit avec des modèles reconnus du segment D. Pour un tarif de base annoncé à 36 400 € en France. Certaines sources évoquent une remise pouvant le ramener à 32 250 €. Cette tarification place le modèle dans une zone rare : un SUV familial électrique à prix contenu, ce qui pourrait déclencher un questionnement chez les acheteurs habitués aux tarifs plus élevés.
Ce positionnement tarifaire agressif ne doit toutefois pas masquer les conditions : la marque est encore jeune sur le marché français, et le réseau après‑vente doit encore faire ses preuves. Pour un client familial, le C10 offre cependant une alternative crédible à des modèles bien plus onéreux.
En revanche, l’acheteur devra vérifier les modalités concernant les aides françaises, notamment le bonus écologique et les critères d’éligibilité, sachant que certains véhicules importés ou produits hors Europe peuvent ne pas en bénéficier.

Des architectures « 100 % électrique » ou « prolongateur d’autonomie »
Le C10 propose deux types de motorisation selon les marchés : une version BEV (100 % électrique) et une version REEV (avec générateur thermique à essence jouant le rôle de prolongateur). Pour la version BEV, la batterie est d’environ 69,9 kWh et l’autonomie annoncée autour de 420‑430 km selon cycle WLTP. Pour la version REEV, l’autonomie combinée peut atteindre jusqu’à 950 km selon certaines sources.
Cette double approche permet d’adresser à la fois les conducteurs urbains/bourlingueurs et ceux qui veulent couvrir de longs trajets sans dépendre exclusivement du réseau de recharge. Toutefois, chacun doit bien mesurer que l’architecture REEV, bien que séduisante, engendre souvent un surpoids, une complexité mécanique… et potentiellement une efficacité énergétique moindre qu’un modèle purement électrique.
Quant à la recharge, le modèle BEV est annoncé compatible avec des puissances acceptables de recharge rapide, ce qui renforce l’intérêt pour l’usage quotidien comme pour l’itinérance. Cette dimension est un élément clé dans la décision d’achat d’un SUV électrique destiné à un usage polyvalent.

Équipement, finition et rapport prestation/prix
Ce qui frappe avec le Leapmotor C10, c’est l’équipement généreux proposé dès la version d’entrée. Si bien que son tarif semble offrir un excellent rapport prestation/prix. On retrouve par exemple des écrans numériques, une aide au stationnement 360°, jantes alliage, climatisation pompe à chaleur, etc. Même si l’on reste attentif à la qualité perçue des finitions, cet aspect plaide clairement en faveur du modèle.
Sur ce terrain, le C10 fait un pied de nez aux marques « installées ». Il ne se contente pas de proposer un tarif réduit, mais tente d’embarquer un niveau d’équipement digne d’un modèle haut‑de gamme à moins de 40 000 €. Bien entendu, un tel positionnement implique des compromis possibles : finition, confort, SAV, réseau, options facturées… l’acheteur devra être vigilant.
La faiblesse potentielle de la marque en France, notamment en ce qui concerne l’entretien, les pièces détachées ou la valeur de revente, doit faire partie intégrante de l’évaluation avant achat. Car un bon prix d’achat ne suffit pas si les coûts d’entretien ou la décote se révèlent élevés.

Place sur le marché français et enjeux
L’arrivée du Leapmotor C10 en France vient à un moment où le segment des SUV électriques familiaux se densifie : de nombreux modèles sont proposés, mais peu combinent format, autonomie et tarif agressif. Le C10 joue sur ces trois leviers. Toutefois, quelques éléments restent à confirmer : l’éligibilité au bonus écologique français, la capacité de la marque à s’appuyer sur un réseau solide et l’acceptation par les clients d’une marque chinoise‑européenne.
Le tarif annoncé de 36 400 € en France, potentiel rabais inclus, pourrait être un argument fort. Mais pour convaincre, le véhicule devra livrer dans la pratique : autonomie réelle, fiabilité, finition, confort. Le marché français étant exigeant, la prudence reste de mise.
En conclusion, le Leapmotor C10 apparaît comme un modèle de rupture : grand SUV, tarif contenu, autonomie élevée. Il pourrait très bien bouleverser les équilibres du marché si tous les voyants fonctionnent. Pour l’acheteur, c’est une opportunité à haut potentiel, mais aussi un engagement à suivre afin de vérifier que la promesse se matérialise.



