La scène paraît sortie d’un film d’action : un énorme SUV surgit des berges, s’immerge dans un fleuve, puis le traverse d’un trait, sans broncher. Ce véhicule, c’est le Jetour G700, un tout-terrain hybride chinois dévoilé lors des célébrations des Jeux asiatiques à Hangzhou. En s’attaquant à un fleuve de 1,5 kilomètre, il ne s’est pas contenté d’une simple démonstration : il a lancé un message clair au marché mondial. Jetour, une marque issue du giron de Chery, cherche à imposer son nom au-delà des frontières chinoises, et ce G700 est l’illustration musclée de cette ambition.
L’exercice, spectaculaire, n’est pas que de la poudre aux yeux. Le Jetour G700 repose sur une base moderne, mêlant une motorisation hybride rechargeable à des capacités tout-terrain dignes d’un franchisseur chevronné. Il affiche des dimensions de géant — 5,2 mètres de long — et une ligne de toit carrée assumée, rappelant les grands SUV américains. Plus qu’un simple effet de style, le G700 joue la carte de l’utilité et de l’habitabilité, tout en s’armant de technologies pour séduire une clientèle à la recherche d’un véhicule statutaire et endurant.
Mais au-delà du coup de com’ aquatique, une question essentielle se pose : ce type de SUV peut-il réellement trouver sa place en Europe, et plus encore sur le marché français, encadré par des normes environnementales strictes et une fiscalité peu tendre avec les grands gabarits ? Entre démonstration de force et réalité commerciale, le Jetour G700 soulève autant de curiosité que d’interrogations. Place à l’analyse.
Un SUV-choc pour imposer la marque Jetour hors de Chine
Lancé à grand renfort d’effets spéciaux médiatiques, le Jetour G700 marque une nouvelle étape dans la stratégie d’expansion internationale des marques chinoises. Lors d’une traversée spectaculaire du fleuve Qiantang, longue de 1,5 km, ce mastodonte de 5,2 mètres a démontré non seulement ses aptitudes tout-terrain, mais aussi l’ambition sans retenue de son constructeur. Jetour, filiale du géant Chery, entend bien se positionner comme un acteur sérieux dans le segment très concurrentiel des grands SUV hybrides.
Le G700 ne cache pas ses inspirations. Sa silhouette anguleuse, son capot haut perché et sa stature imposante évoquent des modèles comme le Toyota Land Cruiser ou certains SUV américains à châssis échelle. Avec ce style « carré » très assumé, Jetour joue la carte de la robustesse et du charisme. L’objectif est clair : séduire une clientèle qui valorise l’image, la puissance visuelle et la polyvalence, notamment dans les pays émergents, mais aussi en vue d’une entrée sur des marchés plus exigeants comme l’Europe.
Jetour cherche également à capitaliser sur un storytelling puissant. Le passage d’un fleuve en pleine démonstration officielle rappelle les campagnes marketing audacieuses d’antan — celles qui forgent la légende d’un modèle. Ici, la promesse est celle d’un SUV capable d’aller là où d’autres s’arrêtent, sans renier la modernité mécanique d’une hybridation rechargeable.
Une motorisation hybride rechargeable au service de la polyvalence
Sous son capot, le Jetour G700 ne fait pas dans la demi-mesure. Il s’appuie sur une chaîne de traction hybride rechargeable, articulée autour d’un moteur thermique associé à deux moteurs électriques. La puissance cumulée atteint 316 kW, soit environ 430 chevaux, de quoi déplacer sans effort ses plus de 2,3 tonnes. L’autonomie électrique annoncée dépasse les 100 km en mode 100 % électrique, ce qui le rend théoriquement éligible à une utilisation urbaine sans émission directe.
Mais ce qui frappe surtout, c’est la fiche technique orientée tout-terrain. Grâce à une garde au sol généreuse, une hauteur de passage à gué importante et des angles de franchissement annoncés comme « exceptionnels », le G700 s’approche davantage d’un véhicule d’exploration que d’un simple SUV urbain surélevé. Le constructeur revendique une architecture de type châssis échelle avec suspensions indépendantes et blocages électroniques, gage de robustesse sur terrains accidentés.
C’est justement cette polyvalence qui pourrait constituer l’un de ses atouts face à des SUV premium souvent plus typés route. Reste à savoir comment ce système hybride se comportera dans la durée, et s’il pourra passer sans encombre les normes d’homologation européennes en matière de consommation réelle et d’émissions polluantes.
Design massif et intérieur technologique
Esthétiquement, le Jetour G700 ne passe pas inaperçu. Avec ses 5,2 mètres de long, 2 mètres de large et 1,9 mètre de haut, il se place parmi les plus imposants de sa catégorie. Sa calandre verticale, son capot haut et ses arches de roues musclées renforcent son aspect baroudeur. Un langage stylistique volontairement viril, qui rappelle les pick-up nord-américains ou les anciens tout-terrain militaires réinterprétés à la sauce moderne.
L’habitacle n’est pas en reste. Le G700 propose un intérieur luxueux et technologique, avec un grand écran central horizontal, des matériaux valorisants et une configuration 7 places. Le confort semble avoir été une priorité, avec des sièges chauffants, ventilés et massants à l’avant, une climatisation multizone et de nombreuses assistances à la conduite. Le SUV s’équipe également d’un système de conduite semi-autonome (régulateur adaptatif, maintien de voie, caméras 360°) à la manière des standards européens.
Enfin, le volume de coffre devrait satisfaire les familles nombreuses ou les baroudeurs chargés. Même si les données précises ne sont pas encore confirmées, le gabarit du véhicule laisse présager une capacité supérieure à 800 litres en configuration 5 places, et un seuil de chargement optimisé par une ouverture électrique.
Quelle place pour le G700 sur le marché français ?
Pour l’heure, aucune annonce officielle n’a été faite concernant une commercialisation du Jetour G700 en France ou en Europe de l’Ouest. Pourtant, Jetour ne cache pas son intérêt pour une expansion internationale. Le modèle coche certaines cases importantes pour le marché européen : hybridation rechargeable, gabarit familial, technologie embarquée. Mais il en néglige d’autres : poids, fiscalité, normes d’émissions, qui pourraient lourdement pénaliser sa diffusion en France.
En effet, avec un tel gabarit et une puissance dépassant les 400 ch, le G700 entrerait dans la tranche haute du malus écologique français, sans compter la taxe au poids qui pourrait s’ajouter. Même si son autonomie électrique dépasse les 100 km, lui permettant d’échapper partiellement à certaines pénalités, son positionnement tarifaire sera déterminant. À l’heure actuelle, aucun prix officiel en euros n’a été communiqué, mais sur le marché chinois, le G700 est proposé à un tarif équivalent à environ 40 000 €.
Reste à savoir si Jetour osera tenter une homologation européenne, ce qui impliquerait des ajustements techniques, des tests de sécurité spécifiques (Euro NCAP) et la mise en place d’un réseau après-vente fiable. Sans cela, le G700 pourrait rester un modèle réservé aux marchés asiatiques, voire à quelques importations parallèles confidentielles.
Entre démonstration de force et vraie alternative ?
Le Jetour G700 impressionne par son approche brute et ambitieuse. Avec sa capacité à franchir un fleuve, sa motorisation hybride musclée et son équipement pléthorique, il coche de nombreuses cases… sur le papier. Il se positionne comme un concurrent possible aux Toyota Land Cruiser, Ford Explorer PHEV ou Jeep Grand Cherokee 4xe, tout en affichant un rapport prix/équipement potentiellement très agressif.
Mais cette démonstration de force ne garantit pas pour autant un succès en Europe. La France, avec ses normes strictes, ses taxes dissuasives et son marché en pleine transition vers l’électrique léger, n’est pas forcément prête à accueillir un SUV XXL de plus de 2 tonnes, aussi hybride soit-il. Le G700 devra prouver qu’il peut allier efficacité énergétique, durabilité, et adaptation aux usages européens, bien loin des défis de franchissement aquatique.