Le badge “Ebro” évoque chez certains une mémoire industrielle oubliée. Pour d’autres, c’est un nom tout neuf dans le paysage automobile. Pourtant, ce SUV compact hybride de 4,32 mètres ambitionne de faire plus que de la figuration : il veut s’imposer face aux ténors du segment comme le Toyota Yaris Cross ou le Renault Captur E-Tech. Et pour cela, l’Ebro S400 a des arguments.
Sous le capot, un 1.5 turbo hybridé développe 211 ch. À bord, on retrouve deux écrans numériques de 12,3 pouces, une climatisation bizone, des aides à la conduite complètes dès la finition Premium, le tout pour 27 490 € avec 7 ans de garantie. Des chiffres qui font tourner les têtes. Surtout dans un contexte où le moindre SUV hybride bien équipé dépasse allègrement les 30 000 €.
Mais derrière cette fiche technique flatteuse, l’Ebro S400 cache une réalité plus nuancée. Car si le logo est catalan, le châssis, l’architecture hybride et l’électronique viennent du Chery Tiggo 4 Pro, un modèle 100 % chinois. De quoi poser quelques questions sur la fiabilité, la pérennité du service après-vente ou encore la cohérence industrielle du projet.
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Alors, nouveau bon plan hybride, ou produit habilement marketé mais encore immature ? L’Ebro S400 ne manque pas d’ambition, mais pour convaincre, il devra prouver que ses performances sont à la hauteur de sa fiche technique… et de ses promesses de fabrication européenne.
Un SUV hybride made in Espagne ? Pas vraiment.
Présenté comme un SUV compact hybride assemblé en Europe, l’Ebro S400 veut capitaliser sur l’image d’un produit local, fiable, et conçu pour répondre aux attentes des automobilistes soucieux de consommation. Avec ses 4,32 mètres de long, son look musclé et une dotation très généreuse, le S400 cible frontalement les Captur E-Tech, HR-V et Yaris Cross.
Sous son capot, le S400 associe un moteur 1.5 turbo essence à une mécanique électrique, pour une puissance cumulée de 211 chevaux. Il promet une consommation mixte de 5,3 l/100 km et une garantie de 7 ans ou 150 000 km, le tout pour un tarif de base de 27 490 €. Des chiffres séduisants, sur le papier.
Mais derrière cette façade, le produit repose en grande partie sur un modèle bien connu sur d’autres marchés : le Chery Tiggo 4 Pro. Plateforme, architecture électronique, système hybride : tout ou presque est importé. Ebro se contente ici de recarrosser un SUV chinois en profitant d’un assemblage local pour jouer la carte du “made in Europe”.
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Performances : une fiche technique bien calibrée, mais sans raffinement
Avec ses 211 ch et un 0–100 km/h en 8,9 secondes, l’Ebro S400 affiche des performances très correctes pour un SUV compact. Son moteur turbo associé à un système hybride à double moteur électrique lui permet des démarrages vifs et une certaine aisance sur route. En ville, il peut fonctionner brièvement en mode électrique.
Mais à l’usage, l’expérience de conduite n’atteint pas le niveau de raffinement des meilleurs hybrides du marché. L’insonorisation reste perfectible, la transition thermique/électrique peut se faire sentir, et la gestion de la boîte DHT manque parfois de réactivité.
La consommation reste contenue, avec des relevés autour de 5,5 l/100 km en usage urbain, mais elle dépasse les 6,5 l/100 km sur route ou autoroute, un cran au-dessus des références Toyota ou Renault. Les données officielles restent donc à relativiser selon les conditions réelles.
Habitabilité et équipements : très convaincant à ce prix
Là où l’Ebro S400 marque un vrai point, c’est sur l’espace intérieur et la dotation technologique. Il propose un coffre de 430 litres, des places arrière accueillantes, et une planche de bord moderne dominée par deux écrans de 12,3 pouces. Un ensemble qui flatte l’œil et place le SUV au niveau de modèles bien plus onéreux.
Dès la finition Premium, le S400 embarque :
- Climatisation automatique bizone
- Système d’info-divertissement connecté
- Caméras de recul
- Aides à la conduite (freinage autonome, maintien de voie, etc.)
C’est bien simple : à moins de 28 000 €, aucun autre SUV hybride ne propose autant de contenu technologique et de confort. De quoi séduire les familles ou les automobilistes technophiles à budget maîtrisé.
Ebro S400 vs Yaris Cross vs Captur HEV : le match des SUV hybrides compacts
Face à une concurrence bien installée, l’Ebro S400 tente de s’imposer par un rapport puissance/équipement/prix agressif. Avec 211 ch, un coffre généreux de 430 litres et un tarif sous les 27 500 €, il surclasse techniquement le Toyota Yaris Cross (130 ch) et le Renault Captur HEV (160 ch). Mais côté consommation, le S400 reste plus gourmand : 5,3 l/100 km, contre 4,4 l pour le Captur et 4,5 l pour le Yaris. L’Ebro propose une garantie de 7 ans, honorable mais inférieure à celle du Yaris Cross (jusqu’à 15 ans).
Modèle | Motorisation | Puissance | Transmission | Traction | Consommation | Étiquette | Longueur | Coffre | Prix | Garantie |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
EBRO S400 | 1.5T Hybride | 211 CV | Auto DHT | 4×2 | 5,3 l/100 km | ECO | 4,32 m | 430 l | 27 490 € | 7 ans ou 150 000 km |
Toyota Yaris Cross | 1.5 Hybride | 130 CV | Auto e-CVT | 4×2 / 4×4 | 4,5 l/100 km | ECO | 4,18 m | 397 l | 27 075 € | Jusqu’à 15 ans ou 250 000 km |
Renault Captur HEV | 1.6 Hybride | 160 CV | Auto Multimode | 4×2 | 4,4 l/100 km | ECO | 4,24 m | 326 l | 26 978 € | 3 ans ou 100 000 km |
Là où le Captur déçoit, c’est sur son volume de coffre limité (326 l) et sa garantie plus courte (3 ans). Le Toyota Yaris Cross reste le plus efficient et modulaire (offre 4×2 ou 4×4), tout en se maintenant à un tarif équivalent. L’Ebro, bien qu’inspiré d’un modèle chinois, joue la carte de la puissance et de la dotation technologique pour séduire, à condition d’accepter quelques concessions en matière d’image de marque ou de fiabilité à long terme.
Un projet séduisant… mais fragile dans son exécution
L’Ebro S400 a tous les atours du bon plan hybride 2025 : bien équipé, puissant, abordable. Mais plusieurs zones d’ombre méritent d’être pointées. D’abord, la fiabilité à long terme d’un véhicule basé sur une plateforme chinoise encore peu connue en Europe. Ensuite, la question de la pérennité du réseau, du service après-vente, et des pièces détachées.
De plus, si l’assemblage final est européen, la conception générale reste 100 % asiatique. Cela peut poser problème en matière de réactivité logicielle, de suivi logiciel OTA (mise à jour à distance), et de compatibilité avec les normes européennes sur la durée.
En résumé : l’Ebro S400 est une offre intelligente et bien placée, mais qui demande un peu de prudence. Il ne s’agit pas d’un mauvais produit — loin de là — mais d’un véhicule jeune, sans recul, qui doit encore faire ses preuves au-delà de sa fiche technique.