C’est un son que tout amateur de mécanique connaît, un grondement rauque et saccadé, typique des moteurs à cinq cylindres en ligne. Chez Audi, ce bloc est bien plus qu’un moteur : c’est un héritage technologique et émotionnel, qui trouve ses racines dans les années 80 avec le mythique Quattro. Pourtant, malgré son succès d’estime, le 2.5 TFSI va disparaître. La marque a confirmé que la production du 5 cylindres cessera en 2027, signant ainsi la fin d’une ère.

Officiellement, l’arrêt de ce moteur n’est pas dû à une impossibilité technique de respecter la norme Euro 7. Le 2.5 TFSI pourrait être adapté, mais le constructeur estime que les coûts d’homologation et de fabrication ne justifient plus sa pérennité. Avec des volumes de vente limités à quelques modèles RS3 et dérivés, la rentabilité d’un tel moteur à combustion devient difficile à défendre dans un contexte où Audi investit massivement dans l’électrification.
D’ici novembre 2027, ce moteur va donc tirer sa révérence. Une décision rationnelle, certes, mais qui laissera un vide dans le cœur des passionnés, pour qui ce bloc représentait à la fois un symbole d’authenticité mécanique, une signature sonore incomparable et une vraie alternative aux V6 et aux 4 cylindres suralimentés. À mesure que l’automobile tourne la page du thermique, ce type de moteur devient un relicat précieux d’une époque révolue.
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Un moteur à part, ancré dans l’histoire Audi
Dans un monde dominé par les moteurs 4 cylindres turbo et les V6 aseptisés, le 5 cylindres en ligne d’Audi faisait figure d’exception. Ce bloc, né dans les années 1980, a marqué toute une génération de conducteurs à travers des modèles iconiques comme l’Audi Quattro, la RS2 ou plus récemment les RS3 et TT RS. Son architecture unique lui conférait un caractère mécanique singulier, une sonorité inimitable et un équilibre entre performance et compacité.
Le 2.5 TFSI de dernière génération, fort de 400 ch et 500 Nm, animait les compactes les plus sportives de la gamme Audi avec une brutalité maîtrisée, un répondant instantané et un plaisir de conduite brut, sans artifice. À l’heure de l’électrification galopante, ce moteur représentait encore un bastion de passion mécanique, salué à plusieurs reprises par la presse et récompensé pour son excellence technique.
Mais les temps changent. Alors qu’Audi a annoncé sa volonté de devenir 100 % électrique d’ici 2033, ce type de moteur thermique, aussi mythique soit-il, n’a plus sa place dans la stratégie long terme de la marque. Il fallait une date de fin. Ce sera novembre 2027, soit juste avant l’entrée en vigueur de la norme Euro 7.

Euro 7 : le prétexte plus que la cause réelle
Officiellement, la mort du 5 cylindres est souvent reliée à l’arrivée de la norme Euro 7, attendue en Europe entre 2026 et 2027 pour les véhicules neufs. Cette réglementation impose des seuils encore plus stricts en matière de polluants (NOx, particules fines), ainsi que des normes de durabilité sur la performance des systèmes d’après-traitement (comme les catalyseurs).
Mais selon les informations disponibles, le 2.5 TFSI pourrait techniquement respecter cette norme, moyennant des ajustements sur son système d’injection, son échappement et sa cartographie moteur. Ce n’est donc pas l’Euro 7 en tant que tel qui sonne le glas du moteur, mais bien des considérations économiques et stratégiques.
Homologuer un moteur aussi spécifique pour une poignée de modèles, dans un contexte où les ventes sont en déclin et les investissements orientés vers l’électrique, n’a plus de sens industriellement parlant. Le constructeur préfère allouer ses ressources au développement des plateformes PPE et SSP pour ses futurs modèles électriques.

Coûts, volumes, stratégie : une logique implacable
Le 2.5 TFSI n’est pas un moteur de grande série. Il équipe uniquement les Audi RS3, TT RS, et quelques rares modèles dérivés chez Cupra ou dans des préparations spéciales. Avec des volumes réduits, des normes toujours plus contraignantes, et un coût de fabrication élevé (notamment en raison de son bloc en aluminium moulé et de son turbocompresseur spécifique), sa rentabilité est devenue marginale.
D’un point de vue strictement économique, il est plus intéressant pour Audi de standardiser ses blocs moteurs, voire de les abandonner progressivement, au profit d’une gamme simplifiée et 100 % électrique à moyen terme. Le coût d’adaptation à Euro 7 n’est pas négligeable, surtout pour un moteur aussi typé et peu diffusé.
Ce choix, aussi rationnel soit-il, est aussi révélateur du changement d’époque. Audi ne cherche plus à se différencier par des solutions mécaniques à contre-courant, mais par la technologie embarquée, le design, la connectivité et les performances électriques. Le moteur 5 cylindres était un symbole. Il devient un luxe inutile.

Et après ? Les fans du 5 cylindres en quête d’alternatives
L’arrêt du 2.5 TFSI en 2027 ne laissera pas seulement un vide dans la gamme Audi, mais dans le paysage automobile européen dans son ensemble. Il s’agissait du dernier moteur 5 cylindres produit à grande échelle. Volvo a abandonné les siens il y a des années. Ford aussi. C’est une architecture qui disparaît, emportant avec elle une manière de concevoir l’automobile.
Pour les amateurs, les RS3 actuelles, en particulier la version Performance ou les éditions limitées Nürburgring, deviendront des pièces de collection recherchées. Il est probable que les dernières années de production voient un regain d’intérêt sur le marché, avant que la cote n’explose en occasion. Les TT RS, surtout en version Roadster, pourraient également connaître un second souffle.
Côté Audi, l’avenir de la gamme RS passera nécessairement par l’électrique. La marque a déjà annoncé une RS e-tron GT, et d’autres modèles ultra-performants suivront. Mais il sera difficile de remplacer l’émotion brute procurée par un moteur 5 cylindres turbo à essence, avec ses montées en régime, ses vibrations, et cette sonorité unique que même les meilleurs ingénieurs du son peinent à reproduire.