Le marché des compactes électriques s’apprête à entrer dans une nouvelle ère. Entre citadines surélevées et SUV rationalisés, le segment C peine encore à trouver des électriques capables de conjuguer prix contenu, autonomie crédible et style attractif. C’est dans ce contexte que Hyundai déploie son Concept Three à l’IAA Mobility de Munich, annonçant un futur modèle qui pourrait bien préfigurer la très attendue Ioniq 3, sœur plus abordable des Ioniq 5 et 6.
Posé sur la plateforme E-GMP, ce concept s’annonce comme un véhicule 100% électrique à moteur unique, avec batterie de 400 volts et jusqu’à 600 km d’autonomie WLTP selon la configuration. Il adopte une carrosserie cinq portes classique, mais intègre des éléments visuels singuliers : ailes arrière marquées, surfaces vitrées inclinées, signatures lumineuses pixelisées et des volumes proches d’un crossover bas. L’intérieur est encore plus radical, mêlant volant suspendu, sièges flottants et commandes tactiles réorganisables.
Mais derrière ce style expérimental, Hyundai trace une feuille de route concrète. La version de série, attendue pour 2026, conservera l’ADN technique de ce concept — motorisation, proportions, autonomie — tout en rationalisant le style. Adieu les portes “ailes de mouette” ou les sièges suspendus ; place à une compacte électrique qui pourrait venir chasser sur les terres de la Renault Mégane E-Tech ou de la VW ID.3, tout en imposant un design plus distinctif. L’électrique généraliste est en train de changer de visage.
Un design qui sort enfin des sentiers battus
Derrière ce nom de Concept Three, Hyundai ne cache pas ses ambitions : nous montrer ce que sera la future compacte électrique destinée à compléter la gamme sous les Ioniq 5 et 6. Et franchement, ça fait plaisir de voir enfin un constructeur qui ose sortir des codes du segment C !
Ce prototype adopte un format de berline cinq portes du segment C, mais avec un caractère visuel qui claque. Les flancs travaillés, ces surfaces vitrées inclinées, ces ailes arrière très dessinées… On est loin des lignes fades qu’on voit habituellement dans cette catégorie. Hyundai joue intelligemment la carte de la distinction dans un univers où toutes les silhouettes finissent par se ressembler.
Ce qui m’impressionne, c’est cette capacité à créer un langage visuel identifiable sans tomber dans l’excès conceptuel. Ces signatures lumineuses en pixels qu’on retrouve sur les Ioniq 5 et 6, ces détails chromatiques vifs, ces surfaces planes… Tout concourt à créer une identité forte. C’est exactement ce qu’il faut pour séduire une génération qui ne veut plus choisir entre technologie et style.
Si certains éléments rappellent effectivement un crossover, les proportions restent bien celles d’une berline surbaissée. Un équilibre malin qui devrait plaire à ceux qui veulent du caractère sans verser dans le tout-SUV.
La plateforme E-GMP, une base technique qui a fait ses preuves
Sous cette carrosserie sculptée, on retrouve la désormais bien connue plateforme modulaire E-GMP. Une architecture qu’on connaît déjà sur les Hyundai Ioniq 5 et 6, la Kia EV6 ou encore la Genesis GV60, et qui a largement fait ses preuves. Cette base technique permet une grande flexibilité d’empattement, une intégration optimisée des batteries, et dans ce cas précis, une architecture 400V (la 800V étant réservée aux modèles supérieurs).
Hyundai annonce une version à moteur unique, vraisemblablement placé à l’avant pour la version d’entrée de gamme, avec une batterie capable de délivrer jusqu’à 600 km d’autonomie WLTP. Ces chiffres placeraient la future Ioniq 3 clairement au-dessus de la Mégane E-Tech ou de la VW ID.3, avec un positionnement intermédiaire entre généraliste et premium. Pas mal pour une compacte !
Dans un premier temps, on peut s’attendre à une version à propulsion uniquement, histoire de maîtriser les coûts et de proposer un tarif attractif. La recharge devrait être compatible avec une puissance de 100 à 150 kW, permettant des recharges rapides de 20 à 80% en moins de 30 minutes. C’est un élément crucial pour convaincre la clientèle urbaine qui n’a pas forcément accès à une borne domestique et cherche une électrique aussi polyvalente qu’un thermique.
Un habitacle de science-fiction… pour l’instant
L’intérieur, c’est là où Hyundai a vraiment lâché les chevaux ! Volant suspendu, sièges flottants, éclairage d’ambiance animé, commandes tactiles mobiles, interface modulaire qui s’adapte au profil conducteur… On nage en pleine science-fiction, et c’est assumé.
Bien sûr, on sait tous que cet environnement est largement irréaliste pour la série. Mais il donne parfaitement le ton de ce que veut faire Hyundai : repenser complètement l’ergonomie de ses futures compactes. L’accent est mis sur la simplicité visuelle, l’interaction intuitive et une personnalisation poussée. Ces widgets physiques repositionnables ou ces boutons intégrés dans des bandes rétroéclairées, ça pourrait très bien se décliner sous une forme plus sobre sur la version de série.
Ce design intérieur tranche clairement avec les habitacles parfois austères des concurrentes actuelles. On sent une vraie volonté de sortir du schéma purement technique de l’électrique pour proposer une expérience sensorielle et émotionnelle. Et c’est probablement là-dessus que l’Ioniq 3 fera la différence face à ses rivales.
Une Ioniq 3 de série qui pourrait tout changer
Ce Concept Three n’est évidemment pas un simple exercice de style. Il sert de brouillon très avancé à la future Ioniq 3, cette compacte électrique attendue sur le marché européen dès 2026. Elle viendra compléter une gamme Ioniq déjà bien fournie, en ciblant un public plus jeune, plus urbain, et surtout plus sensible au prix.
Avec une autonomie annoncée de 500 à 600 km selon les versions et une technologie déjà éprouvée, Hyundai pourrait vraiment frapper fort dans un segment encore peu exploité. La question cruciale, c’est le positionnement tarifaire. Si Hyundai parvient à proposer une version d’entrée sous les 40 000 €, tout en conservant un équipement correct, l’Ioniq 3 pourrait devenir un véritable game changer.
D’autant que la concurrence impose des standards élevés : la Kona Electric en interne, l’ID.3, la MG4, la Mégane E-Tech en externe… Tous ces modèles ont fixé la barre haute à ce niveau de prix.
Le plus grand défi sera de traduire le style du concept en langage industriel, sans sacrifier l’originalité ni exploser les coûts de fabrication. Mais en matière de concepts transformés en réalité, Hyundai a prouvé qu’elle savait faire. L’Ioniq 5 en est le parfait exemple.
Si le Concept Three reste fidèle à sa promesse, l’Ioniq 3 pourrait bien devenir cette compacte électrique qui manquait cruellement à l’Europe. Une électrique qui réconcilie enfin autonomie, style et prix accessible. Et franchement, il était temps !