Il y a quelque chose d’assez fascinant dans la stratégie de Mazda. Tandis que l’ensemble de l’industrie automobile généraliste a basculé vers des motorisations downsizées, des plateformes à traction et des technologies hybrides complexes pour rester dans les clous des normes européennes, la marque d’Hiroshima a décidé de remonter le courant. Avec le CX-60, Mazda livre un SUV au format D+, non pas avec un quatre-cylindres sous capot, mais un six-cylindres en ligne. Et pas un essence haut-perché à injection directe. Non : un 3.3 litres diesel, micro-hybride 48 V, posé sur une architecture de propulsion. Rien que ça.
Proposé actuellement à 49 750 € TTC sous condition dans sa finition Prime-Line en version 200 ch, ce CX-60 Diesel représente un cas à part. C’est à la fois un hommage aux grandes routières d’autrefois et une tentative d’offrir une alternative crédible aux SUV premium allemands, à un tarif bien inférieur. Difficile de ne pas s’y intéresser, tant le positionnement est rare.
Le pari du diesel, assumé jusqu’au bout
Lancé au moment où tout le monde annonçait la mort du gazole, le 3.3 Skyactiv-D que Mazda a conçu pour le CX-60 est tout sauf une solution par défaut. Il s’agit d’un six-en-ligne longitudinal, associé à une hybridation légère 48 V, ce qui lui permet de décrocher l’étiquette Crit’Air 2 (Eco) en France. Une distinction qui a toute son importance dans le contexte des ZFE, puisqu’elle autorise l’accès aux zones réglementées sans restriction.
244 chevaux et label ECO pour ce 4×4 rétro deux fois moins cher que les références du marché
En version 200 ch (celle de l’offre actuelle), le moteur développe 450 Nm de couple dès 1 500 tr/min, associé à une boîte automatique 8 rapports. Il s’agit ici d’une propulsion pure (la version 254 ch est en transmission intégrale). Ce choix technique, cohérent avec l’architecture du véhicule, contribue à une répartition des masses équilibrée, favorable au confort et à la dynamique.
Mazda annonce une consommation mixte de 5,0 l/100 km WLTP, ce qui place ce grand SUV parmi les plus sobres de sa catégorie, surtout face aux motorisations hybrides rechargeables souvent gourmandes sur autoroute une fois la batterie vidée.
Une vraie plateforme premium, sans badge prétentieux
Le CX-60 repose sur une nouvelle plateforme à moteur longitudinal, développée spécifiquement pour accueillir des six-cylindres (diesel ou essence), ainsi que des blocs PHEV. À l’intérieur, cela se traduit par un long capot, une assise de conduite basse, une position de conduite naturelle — presque germanique.
L’amortissement est ferme, parfois trop sur les jantes 20 pouces des versions hautes, mais ici, en Prime-Line chaussée en 18 pouces, le compromis est plus souple. La direction est précise, la caisse bien contenue malgré le gabarit, et la sensation de conduite évoque davantage une grande berline qu’un SUV typique.
4,8 litres aux 100 km sans hybridation : cette voiture increvable défie les lois du marché
Ce raffinement technique se ressent aussi dans la présentation intérieure, sobre mais sérieuse. Le design n’a pas l’exubérance d’un Volvo ou le clinquant d’un Audi Q5, mais il inspire confiance : instrumentation numérique 12,3 pouces, système multimédia fluide, climatisation bi-zone, rangements intelligents… L’ergonomie est soignée, et le niveau d’équipement, même en entrée de gamme, se montre compétitif.
Équipements : dépouillée ou bien pensée ?
Avec un prix d’appel sous les 50 000 €, on pourrait craindre une version dépouillée. Ce n’est pas le cas. La Prime-Line comprend :
- Jantes alliage 18 pouces
- Projecteurs LED adaptatifs
- Caméra de recul, radars de stationnement
- Grand écran central 12,3 pouces + instrumentation numérique
- Apple CarPlay et Android Auto sans fil
- Climatisation automatique bizone
- Régulateur adaptatif, maintien dans la voie, freinage autonome
Ce qu’il lui manque ? Une sellerie cuir, les sièges chauffants, le hayon électrique ou encore l’affichage tête haute. Des équipements que l’on retrouve dans les finitions supérieures (Homura, Exclusive-Line), mais à plus de 55 000 €.
Pour une clientèle à la recherche d’un SUV sobre, efficace, et bien équipé sans surcoût, cette finition d’entrée conserve l’essentiel sans superflu.
Une vraie concurrence aux SUV allemands ?
À 49 750 €, le CX-60 Diesel MHEV joue la carte de la rupture stratégique. En face, les BMW X3 20d, Audi Q5 35 TDI ou Mercedes GLC 220d se négocient plutôt entre 60 et 70 000 €, souvent avec des moteurs quatre cylindres, des équipements optionnels et une fiscalité moins avantageuse.
Même face à des généralistes haut de gamme comme le Peugeot 5008 ou le Hyundai Santa Fe, le Mazda fait valoir sa plateforme propulsion, son six-cylindres diesel, et sa consommation maîtrisée, autant d’éléments quasi introuvables ailleurs à ce tarif.
Ce positionnement technique s’adresse à une clientèle bien précise : automobilistes exigeants, gros rouleurs, ou amateurs de confort mécanique, lassés par le marketing des hybrides rechargeables et peu convaincus par les petits moteurs turbo sous-dimensionnés.
Un pari risqué… mais potentiellement gagnant
Mazda sait qu’il n’en vendra pas des dizaines de milliers. Le CX-60 diesel 6 cylindres est un produit de niche, pensé pour ceux qui comprennent ce qu’ils achètent. Ceux qui savent ce que c’est qu’un couple à bas régime. Ceux qui préfèrent une vraie boîte automatique à un CVT ou une e-mécanique floue.
Mais avec son prix plancher, son efficacité énergétique réelle, et sa fierté mécanique assumée, le Mazda CX-60 s’impose comme un SUV premium sans fioritures, qui mise sur des fondamentaux solides.
Reste la question de l’image, encore discrète, et celle de la valeur de revente, toujours incertaine face aux premiums allemands. Mais pour un acheteur qui valorise la mécanique et la cohérence technique plus que le badge sur le capot, le CX‑60 3.3 Diesel MHEV propose un rapport prix/prestations unique sur le marché français.