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Le chinois hybride débarque : SUV plus grand que le RAV4 offrant 145 km électrique pur dès maintenant

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Sur le papier, le Leapmotor C10 REEV coche toutes les cases du bon coup automobile : 4,74 m de long, 215 ch électriques, 145 km d’autonomie sans consommer une goutte d’essence et un tarif qui frôle les 33 700 € avec promotion. À ce prix, certains y voient une aubaine, d’autres un pari risqué. Car au-delà de la fiche technique, ce SUV chinois vendu sous bannière Stellantis joue sur une ambiguïté technologique encore peu digérée par le grand public : celle du hybride série, ou plus précisément du REEV (Range Extender Electric Vehicle).

Un système qui ressemble à un véhicule électrique, mais dont l’autonomie réelle repose sur un moteur à essence. Et cette nuance change (presque) tout.

Vue latérale du Leapmotor C10 REEV avec silhouette de SUV familial de 4,74 m
Le profil du C10 REEV laisse entrevoir sa vocation familiale : proportions généreuses, surfaces lisses et posture haute. Un gabarit proche d’un Kia Sorento, à un prix bien plus agressif. © Leapmotor

Un hybride qui ne dit pas son nom

Le Leapmotor C10 REEV est souvent présenté comme un SUV électrique avec prolongateur d’autonomie. En réalité, c’est un véhicule hybride déguisé, car son moteur thermique (un 1.5L de 88 ch) sert uniquement à produire de l’électricité une fois la batterie vidée. Il ne propulse jamais directement les roues, mais permet au moteur électrique de 215 ch de continuer à fonctionner sans dépendre d’une borne.

Sur le fond, cette architecture technique est intéressante. Elle élimine les à-coups typiques des hybrides classiques, garantit une conduite 100 % électrique en ville, et assure une autonomie cumulée proche de 1 000 km. Mais elle brouille les repères des acheteurs : ni 100 % électrique, ni hybride rechargeable au sens où on l’entend généralement, ce C10 REEV s’insère dans une zone grise réglementaire et fiscale, qui pourrait évoluer très vite.

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Arrière du Leapmotor C10 avec signature lumineuse et ligne de toit légèrement fuyante
Le hayon vertical, les feux horizontaux et la ligne de toit suggèrent l’habitabilité, mais le coffre déçoit par sa capacité limitée à 400 litres, compte tenu des dimensions. © Leapmotor

Un rapport prix-prestations agressif, mais avec des angles morts

Côté prix, le C10 frappe fort. À 33 724 € (hors bonus écologique), il se place bien en-dessous de la majorité des PHEV du segment, à commencer par le Lynk & Co 08 (près de 20 000 € plus cher). Avec les aides du Plan Moves III, il descend même à 26 724 € avec reprise.

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Et pour ce tarif, la fiche technique impressionne : batterie de 28,4 kWh, autonomie électrique WLTP de 145 km, 0 à 100 km/h en 8,5 s, 320 Nm de couple, le tout dans un SUV familial spacieux.

Mais tout n’est pas aussi brillant qu’il n’y paraît :

  • Le coffre de seulement 400 litres paraît très faible pour un SUV de cette taille.
  • L’habitabilité est bonne, surtout à l’arrière, mais les matériaux et finitions restent en retrait par rapport aux références européennes.
  • La gestion du moteur thermique en mode prolongateur reste à éprouver sur longue durée : surconsommation, bruit, fiabilité ?
  • Le réseau Stellantis rassure sur l’après-vente, mais Leapmotor reste une marque inconnue du grand public, sans historique ni image.
 Face avant Leapmotor C10 avec projecteurs affinés et calandre fermée typique des électriques
L’avant du C10 REEV affiche une esthétique moderne, épurée, sans agressivité. Les optiques étirées et la calandre fermée renforcent son identité de SUV électrifié. © Leapmotor

Silence électrique… jusqu’à ce que le moteur essence s’en mêle ?

En ville ou sur les trajets quotidiens, le C10 REEV offre tous les bénéfices d’une voiture électrique : silence, instantanéité, douceur. Mais dès que la batterie se vide, c’est le moteur thermique qui entre en scène pour alimenter le système. Et c’est là que les doutes surgissent :

  • Quelle est la consommation réelle sur long trajet avec le prolongateur actif ?
  • Le moteur tourne-t-il en permanence ? Est-il bien insonorisé ?
  • L’expérience reste-t-elle aussi fluide et silencieuse qu’en tout électrique ?
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À ce jour, peu de retours concrets permettent de juger. On sait seulement que ce système n’est pas nouveau (BMW i3 REX, Chevrolet Volt l’ont expérimenté avant), mais jamais vraiment démocratisé, ce qui soulève une question : le REEV est-il une solution de transition viable ou un compromis bancal destiné à éviter les contraintes de l’électrique pur ?

Intérieur Leapmotor C10 avec écran central, planche de bord minimaliste et volant deux branches
L’ambiance intérieure joue la carte du dépouillement techno : grand écran central, interface tactile et instrumentation numérique. Fonctionnel mais moins raffiné qu’un rival européen. © Leapmotor

Leapmotor + Stellantis : alliance de raison ou test grandeur nature ?

L’autre grande inconnue reste la pérennité de l’offre. Si Leapmotor bénéficie du réseau Stellantis pour sa distribution et son SAV, il ne s’agit encore que d’une expérimentation européenne, et non d’un déploiement massif.

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Le groupe chinois joue la carte de l’accessibilité, avec des produits bien positionnés. Mais les standards de qualité, la gestion de la fiabilité sur 8 ou 10 ans, et la capacité à adapter les produits aux exigences locales restent à démontrer.

Habitacle arrière du Leapmotor C10 REEV avec espace aux jambes important
L’espace arrière est le vrai point fort du C10 : l’empattement long de 2,83 m permet d’offrir un confort digne du segment supérieur, notamment aux jambes. © Leapmotor

Verdict : une promesse séduisante, un produit qui divise

Le Leapmotor C10 REEV ne manque pas de qualités objectives : autonomie électrique record, agrément de conduite, prix compétitif. Mais il repose sur une technologie hybride marginale, dans un flou réglementaire, et avec des compromis techniques pas toujours visibles au premier regard.

C’est une offre séduisante pour qui cherche une voiture à la fois électrique au quotidien et longue distance sans recharge, mais qui demande un regard critique et une vraie réflexion d’usage. Un bon plan ? Oui, à condition de savoir ce qu’on achète vraiment.

Antoine Laforge
Antoine Laforge
Rédacteur en chef, actualité automobile - Avec un œil critique et une plume affûtée, Antoine décrypte l'actualité automobile au quotidien. De l'économie de l'auto aux mouvements écologiques, il analyse les tendances et les enjeux du secteur avec une perspective globale. Son expertise fait de lui la voix de référence pour comprendre les dynamiques qui façonnent le monde automobile.

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