C’est un symbole du virage électrique qui vacille. Alors que la Nissan Leaf 2026 devait marquer une nouvelle ère pour la compacte électrique pionnière, le constructeur japonais annonce un coup de frein brutal sur la production, bien avant même que le modèle n’arrive sur nos routes.
La troisième génération de la Leaf — revue en profondeur, adoptant une silhouette de crossover plus dynamique, une nouvelle plateforme CMF-EV et des ambitions renforcées — devait consolider le retour de Nissan dans le peloton de tête des marques 100 % électriques. Mais un obstacle inattendu vient brouiller la trajectoire : la pénurie mondiale de terres rares, liée à des restrictions d’exportation de la Chine et à la flambée des prix de certains composants critiques comme le néodyme ou le dysprosium.
Résultat : Nissan a annoncé une réduction de 30 % de sa capacité de production initiale, aussi bien sur le site britannique de Sunderland que sur l’usine américaine de Canton (Mississippi). Et ce, avant même le démarrage en série du véhicule. Aux États-Unis, le lancement est repoussé de près de 10 mois. En Europe, la situation reste floue, mais les premiers volumes pourraient être largement inférieurs aux prévisions.
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Ce nouveau revers soulève une question stratégique majeure : les constructeurs historiques sont-ils prêts à faire face à la nouvelle géopolitique des métaux critiques ? Et surtout, comment faire cohabiter ambitions électriques et réalités industrielles sans céder du terrain à des rivaux comme Tesla ou BYD ?
Nissan Leaf 2026 : la 3ᵉ génération face à la tempête des matières premières
Elle devait incarner le renouveau de la compacte électrique la plus vendue de l’histoire. La Nissan Leaf 2026, entièrement repensée sous la forme d’un crossover 100 % électrique, reposant sur la plateforme CMF-EV partagée avec l’Ariya, s’annonçait comme une réponse claire aux attentes du marché : plus d’autonomie, plus de technologie, plus de prestance.
Mais à peine le modèle dévoilé dans ses grandes lignes, la réalité industrielle est venue rappeler ses droits. Nissan a annoncé une réduction drastique de ses ambitions de production, en raison de tensions croissantes sur les chaînes d’approvisionnement en matériaux critiques. Selon des sources internes relayées par Electrek et Nikkei Asia, la marque a ajusté à la baisse ses objectifs de fabrication de 30 à 40 %, avant même le lancement en série.
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En ligne de mire : une pénurie mondiale de terres rares, ces matériaux indispensables aux moteurs électriques (néodyme, praséodyme, dysprosium) et fortement concentrés en Chine, qui en contrôle plus de 70 % de l’extraction mondiale. Le durcissement des politiques d’exportation de Pékin depuis 2024 n’a fait qu’aggraver la pression sur les constructeurs non chinois.
Réduction de la production : impacts industriels chez Nissan
Le choc est brutal. À Sunderland, au Royaume-Uni, site stratégique pour la production européenne de la future Leaf, les équipes ont déjà été informées d’un ralentissement du calendrier industriel. Nissan prévoit désormais des volumes de lancement significativement réduits, avec une production en série plus étalée et concentrée sur certaines versions.
Aux États-Unis, l’usine de Canton, dans le Mississippi, devait initialement assembler la Leaf dès le second semestre 2025. Ce lancement est reporté de 8 à 10 mois, selon des fuites internes. L’investissement initial de plus de 500 millions de dollars dans la ligne d’assemblage EV pourrait ainsi rester partiellement sous-utilisé une bonne partie de l’année 2026.
Ces ajustements s’accompagnent d’un gel partiel des embauches dans plusieurs divisions, d’une réduction des cadences sur les modèles thermiques en fin de cycle, et pourraient entraîner des délais de livraison importants sur la nouvelle Leaf.
Conséquences pour les clients, les distributeurs et la marque
Pour Nissan, le coup est double. D’un côté, l’image d’un constructeur visionnaire de l’électrique, pionnier avec la Leaf dès 2010, se heurte à une réalité logistique qui donne un temps d’avance à la concurrence. De l’autre, l’incertitude autour des délais impacte directement les distributeurs et les clients.
En Europe, plusieurs concessionnaires annoncent déjà des volumes alloués en baisse, des précommandes mises en attente, et une priorité donnée aux marchés où les incitations fiscales restent les plus élevées. En France, bien que le bonus écologique ait été réformé en faveur des modèles produits localement ou à faible empreinte carbone, la Leaf 2026 pourrait en être exclue, selon ses chaînes d’approvisionnement asiatiques.
Sur un plan stratégique, Nissan voit aussi sa compétitivité fragilisée face à Tesla, BYD ou MG, dont les capacités de production reposent sur des chaînes intégrées ou sur des contrats plus avancés de sécurisation des matériaux.
Perspective stratégique : Nissan face à la réalpolitik des métaux critiques
La crise actuelle rappelle à quel point la souveraineté technologique est devenue un enjeu industriel majeur. La dépendance aux terres rares chinoises n’est plus seulement un sujet géopolitique abstrait, elle impacte désormais la production concrète de véhicules électriques en Europe.
Nissan aurait envisagé, selon Reuters, une diversification de sa chaîne d’approvisionnement, notamment via des batteries à chimie LFP pour certaines versions d’entrée de gamme de la Leaf, et des accords potentiels avec des fournisseurs alternatifs en Australie ou au Canada. Mais ces options demandent du temps, des certifications et des adaptations de plateforme.
D’ici là, la Leaf 2026 risque d’arriver sur le marché français en volumes très limités, voire décalée au 1er trimestre 2027, ce qui pourrait laisser le champ libre à d’autres concurrents sur le créneau très stratégique du crossover électrique compact.