C’est une page qui va bientôt se tourner chez Lotus. Depuis ses débuts, le Lotus Emira s’est imposé comme la dernière véritable sportive thermique de la marque britannique, portée par un moteur V6 Toyota de 3,5 litres, associé à un compresseur et reconnu pour sa robustesse. Mais ce bloc à l’ancienne vit ses dernières années. Dès 2027, Lotus mettra un terme à sa production pour introduire une motorisation hybride rechargeable, marquant un tournant radical dans l’histoire du modèle.
L’annonce a été confirmée par le directeur exécutif de Lotus, qui entend prolonger la carrière de l’Emira au-delà de 2028, malgré la stratégie d’électrification globale du constructeur. Deux nouveaux moteurs sont au programme : un groupe hybride PHEV, et un remplaçant thermique pour le V6 actuel. Si les caractéristiques techniques restent encore floues, tout indique une collaboration renforcée avec Mercedes-AMG, partenaire déjà présent sur le bloc 4 cylindres de l’Emira Turbo.
Mais cette mutation technique ne sera pas sans défis. Le châssis de l’Emira, conçu à l’origine pour la combustion seule, devra être profondément revu pour accueillir une chaîne hybride, tant sur le plan de l’architecture que du poids. Et au-delà des contraintes industrielles, c’est toute la philosophie d’un coupé Lotus puriste qui risque d’être bousculée. L’hybridation apportera peut-être des performances, mais pas les sensations brutes d’un V6 atmosphérique aux origines japonaises.
Le V6 Toyota, pilier du caractère Emira, bientôt relégué au passé
Depuis son lancement, le Lotus Emira s’est imposé comme une véritable sportive analogique à l’ancienne. Position centrale arrière, propulsion, boîte manuelle possible, et surtout un moteur V6 3.5 litres d’origine Toyota, suralimenté par compresseur pour délivrer 406 ch dans un style brut et linéaire. Ce bloc, réputé pour sa fiabilité exemplaire, a contribué à forger la réputation de l’Emira comme dernière vraie Lotus thermique.
Mais ce moteur emblématique vit ses derniers mois. Lotus l’a confirmé : à partir de 2027, l’Emira passera à une nouvelle ère technique, marquant la fin d’une époque. Le V6 Toyota, robuste et plein de caractère, laissera place à une motorisation inédite, dans une logique de transition progressive vers l’électrification totale prévue à l’horizon 2028.
Pour de nombreux passionnés, cette disparition s’apparente à un crève-cœur. Le moteur japonais, issu de la banque d’organes Toyota, incarnait une forme de résistance mécanique, face à l’uniformisation des groupes motopropulseurs turbo-downsizés et électrifiés du marché.
Un virage hybride pour prolonger la vie de l’Emira
Face aux impératifs réglementaires et aux pressions du marché, Lotus n’a pas eu d’autre choix que de faire évoluer son offre thermique. La solution ? Proposer en 2027 un groupe hybride rechargeable inédit, qui viendra s’intégrer dans le châssis existant de l’Emira. Si aucune donnée technique n’a encore été communiquée, les pistes sont claires : architecture V6 électrifiée, ou plus vraisemblablement un 4-cylindres turbo associé à un moteur électrique performant.
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Une approche proche de celle de Mercedes-AMG, McLaren ou Ferrari, qui ont déjà intégré l’hybridation dans leurs coupés sportifs à moteur central. Cette évolution permettrait à l’Emira de rester au catalogue au-delà de 2028, sans abandonner totalement la combustion, tout en respectant les futures normes d’émissions.
Mais le défi est de taille : le châssis actuel n’a pas été conçu pour l’hybridation, et nécessitera une profonde reconfiguration pour intégrer batteries, onduleurs et moteur électrique, sans compromettre l’équilibre du véhicule. Le poids, l’encombrement et la répartition des masses seront autant de facteurs à reconsidérer.
Une plateforme vieillissante face à des contraintes techniques nouvelles
Le Lotus Emira repose sur une évolution de la plateforme de l’Evora, initialement pensée pour des motorisations thermiques compactes. L’arrivée de l’hybridation va imposer un travail de reconfiguration majeur : intégration d’un pack batterie, gestion thermique, renforcement structurel… Autant d’éléments qui pourraient impacter le poids total, l’agilité et la pureté de conduite, piliers de l’ADN Lotus.
En optant pour un système hybride rechargeable, Lotus pourrait viser une autonomie électrique d’environ 50 à 70 km, suffisante pour circuler en zone urbaine. Mais le cœur du sujet reste les performances : le constructeur britannique devra prouver qu’il peut conserver son ADN de conduite dynamique, malgré l’alourdissement inhérent à cette technologie.
Si le design extérieur ne devrait pas évoluer radicalement, c’est l’expérience de conduite qui pourrait changer en profondeur. Plus silencieuse, plus coupleuse, mais aussi potentiellement moins engageante, surtout pour ceux qui chérissent les mécaniques à haut régime atmosphériques.
Un partenariat stratégique avec Mercedes-AMG en toile de fond
Lotus dispose déjà d’un partenaire moteur privilégié : Mercedes-AMG. L’Emira existe en version 4-cylindres turbo 2.0 litres (type M139), délivrant 365 à 406 ch, selon les versions. Ce moteur est le même que celui des Mercedes-AMG A 45 et CLA 45. Il est également à la base du groupe hybride des actuels AMG C 63 S E Performance, où il développe jusqu’à 476 ch couplé à un moteur électrique arrière.
Ce partenariat ouvre la voie à une évolution hybride plus musclée pour l’Emira, en s’appuyant sur les développements déjà effectués chez AMG. Reste à savoir si un bloc 6-cylindres en ligne (comme celui des AMG GT 53) pourrait être envisagé, bien que son implantation dans une architecture à moteur central arrière pose de réelles contraintes techniques.
Une chose est sûre : le moteur Toyota ne sera pas remplacé à l’identique, ni en caractère, ni en conception. L’avenir de l’Emira passera par l’électrification partielle, avec l’ambition de concilier performances et réglementations, mais au prix d’un changement de philosophie qui ne fera pas l’unanimité chez les puristes.