Il y a quelques jours, le PDG de Lotus a déclaré que la marque retarderait sa conversion en constructeur de voitures exclusivement électriques au-delà de 2028. En contrepartie, il construira des voitures super-hybrides d’une autonomie de plus de 1 100 km.
Lotus n’est qu’un des nombreux constructeurs qui, face à la faible demande de véhicules électriques en Europe ces dernières années, ont décidé de faire marche arrière et de rétracter leurs ambitieux projets de marques ne fabriquant que des voitures électriques d’ici à 2025, 2026 ou 2030 – le chiffre le plus souvent répété par les constructeurs.
Dans le cas de Lotus, la marque d’origine britannique détenue par le groupe Geely depuis 2017 a promis que, d’ici 2028, elle ne fabriquerait que des voitures électriques. Chose sur laquelle son PDG, Feng Qingfeng, est revenu il y a quelques jours, arguant que « les véhicules à carburant ont encore un long cycle de vie [devant eux] et que “certains clients [dans le segment du luxe] ne sont pas encore intéressés par le passage à la voiture électrique”.
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Les raisons derrière ce changement stratégique de Lotus
Le constructeur justifie ce choix par plusieurs facteurs :
- Infrastructure de recharge insuffisante : dans de nombreux marchés, les bornes de recharge rapide sont encore rares, ce qui limite l’adoption massive des véhicules électriques.
- Coût des batteries : la hausse des prix des matériaux essentiels pour les batteries, comme le lithium, complique le maintien de tarifs compétitifs.
- Attentes des consommateurs : une part importante des utilisateurs souhaite des véhicules polyvalents, capables de parcourir de longues distances sans contrainte.
En se concentrant sur des modèles hybrides offrant une autonomie exceptionnelle, la marque espère séduire une clientèle qui privilégie la praticité.
Des voitures super hybrides pour les prochaines années
Ainsi, Lotus optera pour des voitures hybrides, plus précisément des voitures dotées de la technologie « Hyper Hybrid », dont le PDG de Lotus pour l’Europe, Dan Balmer, récemment nommé, a donné plus de détails dans une interview accordée à AutoExpress.
Des performances qui rivalisent avec les thermiques
Les nouveaux hybrides proposés par ce fabricant sont conçus pour combiner efficacité énergétique et polyvalence accrue. Avec une autonomie totale de plus de 1 100 km, ces véhicules se positionnent comme une alternative crédible pour les longs trajets.
- Autonomie électrique : grâce à des batteries performantes, ces modèles offrent jusqu’à 100 km en mode 100 % électrique, parfait pour les trajets urbains.
- Réservoir de carburant optimisé : le moteur thermique prend le relais sur les longues distances, garantissant une autonomie inégalée dans le segment.
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Un compromis séduisant pour les consommateurs
Ces hybrides répondent à un besoin clé : éviter les contraintes liées aux recharges fréquentes tout en réduisant la dépendance au carburant fossile. Ce positionnement pourrait séduire une clientèle encore hésitante à adopter le tout-électrique, particulièrement dans les régions où l’infrastructure de recharge reste limitée.
Le média britannique a également souligné que cette technologie pourrait également être utilisée pour la première fois par le futur SUV compact que Lotus lancera en 2025 en tant que concurrent direct du Porche Macan et que, bien qu’il soit 100% électrique, il pourrait avoir une version « hyper hybride ».
Une stratégie controversée : les avantages et les défis
Les arguments du constructeur
Le fabricant défend son choix en avançant des arguments qui touchent directement les préoccupations des consommateurs et des marchés émergents :
- Praticité : les véhicules hybrides permettent de combiner l’autonomie des moteurs thermiques avec les avantages de l’électrique pour les trajets courts.
- Coût maîtrisé : l’intégration d’un moteur thermique réduit les coûts liés aux batteries, rendant ces véhicules plus accessibles.
- Transition progressive : selon le constructeur, l’hybride constitue une solution intermédiaire pour accompagner les utilisateurs vers une adoption future des technologies électriques.
Les critiques du marché
Cependant, cette décision suscite des interrogations et critiques, notamment dans un contexte où de nombreux gouvernements annoncent des restrictions croissantes pour les moteurs thermiques :
- Déphasage avec les tendances réglementaires : dans certains pays, l’interdiction des véhicules thermiques dès 2035 pourrait limiter l’attrait de ces hybrides.
- Manque d’ambition écologique : les militants pour l’environnement voient cette décision comme un frein à la transition énergétique globale.
- Concurrence accrue sur l’électrique : en se retirant partiellement du marché 100 % électrique, ce fabricant risque de perdre du terrain face à des leaders comme Tesla ou BYD.
Un avenir incertain entre électrique et hybride
Avec des véhicules capables de parcourir plus de 1 100 km grâce à une combinaison ingénieuse de motorisations, le constructeur vise à redéfinir le standard des hybrides rechargeables. Cependant, il devra surmonter plusieurs défis :
- Convaincre les consommateurs que l’hybride reste une solution pertinente malgré l’essor des électriques purs.
- Établir une image durable dans un marché de plus en plus tourné vers des solutions zéro émission.
- S’adapter aux futures régulations qui pourraient pénaliser les motorisations thermiques, même partiellement.
Une réponse aux besoins actuels, mais un futur incertain
Ces nouveaux modèles hybrides pourraient séduire les consommateurs actuels grâce à leur autonomie impressionnante et leur flexibilité énergétique. Toutefois, dans un marché où l’électrique progresse à grande vitesse, le succès de cette stratégie dépendra de la capacité du constructeur à rester compétitif tout en évoluant avec les réglementations et les attentes.