Le Pajero. Un nom qui résonne comme un écho poussiéreux dans les vallées du Dakar, les pistes sahariennes ou les cols andins. Véhicule mythique des années 90, il incarnait la robustesse à l’ancienne : châssis échelle, différentiel verrouillable, moteur diesel râpeux, et un logo Mitsubishi encore synonyme d’aventure sans compromis. Après une décennie d’absence, le constructeur japonais annonce son grand retour. Mais peut-on ressusciter une légende sans l’affadir ?
À en croire les premiers croquis et informations relayés par Diariomotor, le nouveau Pajero 2025 reviendrait avec une silhouette plus cubique que jamais, inspirée du concept DST. Optiques massives, calandre verticale, porte-à-faux courts : les codes sont là. L’ambition aussi. Car face au Land Cruiser, au Jeep Wrangler ou au Patrol modernisé, Mitsubishi veut reprendre pied dans le monde du vrai 4×4, sans renier les attentes contemporaines.
Mais le Pajero sera-t-il fidèle à lui-même ? Plusieurs sources évoquent une base technique partagée avec le Triton (L200), mais d’autres mentionnent une variante hybride rechargeable, voire une déclinaison plus SUV que franchisseur. De quoi alimenter le doute : cette résurrection vise-t-elle les puristes ou les salons de l’auto chic ?
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Qu’il soit robuste ou électrifié, tactique ou nostalgique, ce Pajero 2025 devra faire plus que capitaliser sur un blason. Il devra reconquérir une légitimité perdue — sur les terrains, pas seulement dans les communiqués.
Une légende du 4×4 renaît avec pedigree japonais
Disparu du catalogue européen depuis plus d’une décennie, le Mitsubishi Pajero prépare son grand retour. Pour les passionnés, c’est une résurrection inattendue. Pour la marque aux trois diamants, c’est surtout un geste fort dans une stratégie de repositionnement mondial. Le Pajero, aussi connu sous le nom de Montero sur certains marchés, fut l’un des piliers du tout-terrain japonais aux côtés du Toyota Land Cruiser et du Nissan Patrol. Aujourd’hui, il veut à nouveau peser dans un segment dominé par les SUV aseptisés.
Mais Mitsubishi ne cherche pas à faire un simple revival nostalgique. Le constructeur entend proposer un modèle adapté aux standards contemporains, sans renier les fondamentaux de robustesse, de transmission intégrale et de capacités tout-terrain. Reste à savoir si cette ambition sera portée par les faits… ou par le marketing.
Design robuste inspiré du concept DST
Le futur Pajero reprendrait les grandes lignes du concept car Mitsubishi DST (Design Study Tourer) présenté récemment. Un style tranchant, cubique, assumé, avec une carrure évoquant celle d’un Land Cruiser plus anguleux. Optiques verticales, capot plat, ailes proéminentes, vitres latérales carrées : tous les codes du 4×4 utilitaire sont là.
L’ensemble affiche une présence affirmée, loin des galbes des SUV urbains. Ce design brut semble vouloir renouer avec une certaine honnêteté visuelle : celle d’un véhicule conçu pour franchir, et non simplement pour flâner. Cela dit, le Pajero ne se contente pas d’un style rétro : des éléments LED, une calandre redessinée et des inserts modernes traduisent l’effort d’actualisation esthétique.
Mitsubishi montre ici sa volonté de jouer sur l’émotion visuelle sans renier la fonction. Un premier bon point, à confirmer sur les choix techniques.
Techniques tout-terrain d’hier et d’aujourd’hui
Sous sa carrosserie, le Pajero pourrait reposer sur la même base que le Mitsubishi Triton (L200), un pick-up au châssis échelle réputé pour sa solidité. Ce choix permettrait au Pajero de rester fidèle à l’architecture tout-terrain traditionnelle, avec de vraies capacités de franchissement, une garde au sol importante, et un système 4×4 évolué.
Mais la rumeur la plus marquante concerne la motorisation : un système hybride rechargeable (PHEV) serait à l’étude. De quoi marier silence de roulage en ville et autonomie électrique partielle avec les avantages du thermique sur piste. Le tout piloté par un système S-AWC (Super All Wheel Control) à gestion électronique, déjà utilisé sur l’Outlander PHEV.
Ce croisement entre tradition et technologie soulève toutefois une question : un Pajero peut-il rester un franchisseur légitime avec une batterie sous le plancher, des kilos en plus et une électronique omniprésente ? L’expérience du Land Cruiser hybride à venir servira sans doute de test grandeur nature pour le segment.
Positionnement marché : entre tradition et évasion électrique
Mitsubishi ne cache pas ses ambitions internationales avec ce futur Pajero. Mais paradoxalement, l’Europe pourrait rester à l’écart de ce lancement, pour des raisons de normes d’émissions, de rentabilité ou de stratégie de groupe (Mitsubishi fait partie de l’Alliance Renault-Nissan). Le Pajero viserait donc en priorité l’Asie, l’Océanie, l’Amérique du Sud et potentiellement les États-Unis.
Reste à savoir si l’équilibre entre authenticité mécanique et hybridation technologique séduira la clientèle. Car le retour du Pajero se joue sur deux fronts : celui de la mémoire collective, où il reste une icône, et celui de la réalité du marché, où il devra convaincre par ses performances, sa consommation, et sa pertinence dans un monde de plus en plus électrifié.
Si Mitsubishi parvient à livrer un véhicule fidèle à l’esprit d’origine tout en assumant sa modernité, le Pajero 2025 pourrait bien réussir là où beaucoup d’autres revivals ont échoué. Mais il devra pour cela éviter l’écueil du SUV looké baroudeur mais vidé de sa substance. Un défi à la hauteur de son nom.