C’est une alliance qui pourrait profondément influencer l’équilibre technologique de l’industrie automobile mondiale. Renault Group et le constructeur chinois Geely officialisent la création de Horse Powertrain Limited, une coentreprise dédiée exclusivement au développement, à la production et à la distribution de groupes motopropulseurs thermiques et hybrides.
Basée à Londres, la nouvelle entité ambitionne de produire 5 millions d’unités par an, réparties sur 17 usines et 5 centres de R&D, couvrant 130 pays. Autrement dit, une structure industrielle massive, équivalente à certains grands groupes à part entière.
Chaque constructeur détient 50 % du capital, mais les objectifs sont clairs : mutualiser le savoir-faire, gagner en efficacité industrielle et proposer une offre motrice alternative dans un contexte où l’électrification, bien que dominante sur le plan politique, ne répond pas encore à toutes les réalités du terrain.
Avec Horse Powertrain, Renault consolide sa maîtrise historique des blocs thermiques et hybrides, tandis que Geely apporte sa puissance de production, son implantation asiatique et sa stratégie offensive à l’export. Une complémentarité rare dans un marché souvent fragmenté.
Thermique et hybride : un pari assumé à contre-courant
Dans une époque marquée par la course au 100 % électrique, le lancement de Horse Powertrain Limited peut surprendre. Pourtant, ce choix est loin d’être anachronique. Il répond à une analyse pragmatique des besoins mondiaux, notamment sur des marchés où l’électrique reste encore un luxe inaccessible ou peu pratique.
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La stratégie de Renault et Geely est claire : toutes les régions du monde ne sont pas prêtes pour une électrification totale. Dans certains pays, l’infrastructure de recharge est encore embryonnaire, les réseaux instables, et le coût d’achat prohibitif. Les motorisations thermiques modernes, plus efficientes, moins polluantes et mieux intégrées dans les filières industrielles locales, conservent donc une pertinence économique et sociale.
Horse Powertrain entend justement répondre à cette demande en produisant des blocs moteurs thermiques optimisés, des systèmes hybrides classiques, ainsi que des hybrides rechargeables, capables d’équiper une large gamme de véhicules à travers différentes marques du groupe Renault et du portefeuille Geely (Volvo, Lynk & Co, Proton…).
Plutôt qu’un retour en arrière, c’est une redéfinition du thermique dans un monde en transition, où la technologie doit s’adapter à la diversité des usages et des réalités régionales.
Une capacité industrielle massive au service d’un marché mondial
Avec Horse Powertrain, Renault et Geely ne font pas les choses à moitié. La coentreprise s’appuie dès son lancement sur une infrastructure de poids : 17 usines de production, 5 centres de recherche et développement, plus de 19 000 employés répartis dans le monde entier. Une force industrielle qui positionne immédiatement Horse comme un acteur majeur du secteur des motorisations thermiques et hybrides.
Cette capacité permettra à l’entreprise de produire jusqu’à 5 millions de groupes motopropulseurs par an, à destination des marques partenaires, mais aussi de clients tiers, qui pourraient faire appel à ses blocs pour des gammes spécifiques. Renault a déjà confirmé que Horse fournirait des moteurs pour Dacia et Renault, tandis que Geely pourrait l’intégrer dans ses propres marques comme Lynk & Co, Proton, ou même Volvo.
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Au-delà de la production, l’enjeu est aussi technologique : Horse Powertrain développe des motorisations thermiques de nouvelle génération, mais aussi des solutions hybrides et hybrides rechargeables conçues pour répondre aux futures normes de pollution, tout en optimisant coûts et performances.
Dans une industrie en pleine mutation, cette approche vise à assurer la continuité industrielle, tout en préparant les prochaines décennies de la mobilité multi-énergies.
Un futur multi-technologies face aux incertitudes du marché
Le lancement de Horse Powertrain Limited reflète une vision alternative du futur de la mobilité. Plutôt que de parier sur une seule technologie dominante, Renault et Geely optent pour la diversité. Cette stratégie s’aligne avec celle défendue par plusieurs experts de l’industrie, qui considèrent que le 100 % électrique n’est pas une solution universelle.
En misant sur un moteur thermique modernisé et hybride, Horse Powertrain entend répondre à la complexité des marchés mondiaux : besoin de motorisations robustes en Afrique, flexibles en Amérique du Sud, hybrides efficaces en Europe, et transition lente mais croissante en Asie.
Ce positionnement multiplateformes devient un levier stratégique : capacité à s’adapter aux normes locales, à optimiser les coûts de production, et à répondre rapidement aux évolutions de la demande.
Loin d’être une résistance au changement, cette vision s’inscrit comme une réponse nuancée, adaptée, et surtout économiquement réaliste. Horse Powertrain ne mise pas sur le passé, mais sur un présent multiple et un avenir modulable. Un pari audacieux… qui pourrait bien être payant.