Le verdict est sans appel : neuf des dix véhicules les plus endurants sont japonais, et plus précisément issus du giron Toyota et Lexus. Du mastodonte Sequoia au pick-up Tacoma, en passant par les SUV hybrides comme le Highlander Hybrid ou le RX, ces modèles affichent des taux de longévité impressionnants, certains dépassant les 30 % de probabilité de franchir la barre des 400 000 km. À titre de comparaison, la moyenne des véhicules étudiés se situe à seulement 4,8 %. Un écart révélateur.
Mais au-delà du simple classement, cette étude pose une vraie question : quels critères permettent réellement à une voiture de durer ? Et surtout, ces résultats sont-ils pertinents dans un marché français où les modèles, les usages, les normes et les conditions de circulation diffèrent radicalement ? Dans une époque où la longévité peut devenir un argument d’achat face à l’inflation, à l’obsolescence logicielle ou aux incertitudes fiscales, le kilométrage extrême redevient un indicateur-clé.
Une méthodologie massive au service de la durabilité automobile
L’étude menée par iSeeCars repose sur un échantillon colossal : plus de 174 millions de véhicules ont été analysés, à partir des données issues du marché américain de la seconde main. Objectif : identifier les modèles qui affichent la plus forte probabilité d’atteindre 250 000 miles, soit 402 336 km, sans intervention majeure sur le moteur ou la boîte de vitesses. Ce seuil n’a pas été choisi au hasard : il correspond à une durée de vie exceptionnelle, bien au-delà de la moyenne observée sur les routes.
Ce classement, publié en 2025, se base sur des critères rigoureux : fréquence d’entretien, historique d’utilisation, kilométrage moyen, mais aussi fiabilité mécanique, robustesse de la conception et taux de retour d’anomalie. La méthodologie tient également compte de la vocation du véhicule : un SUV familial n’a pas les mêmes usages ni la même sollicitation qu’un pick-up à usage professionnel.
Évidemment, cette étude est ancrée dans le contexte nord-américain, où les distances parcourues, les habitudes d’entretien et les motorisations diffèrent sensiblement de celles du marché européen. Toutefois, elle permet de dégager des tendances fortes et de mettre en lumière des modèles capables de survivre à plus de 400 000 km sans faillir — une performance devenue rare à l’ère de la complexité technologique.
Le palmarès 2025 : Toyota et Lexus en maîtres de l’endurance
Dans ce classement, la domination japonaise est écrasante. Les dix premières places sont quasiment toutes occupées par Toyota et Lexus, avec des modèles issus de segments lourds et exigeants : SUV familiaux, pick-ups ou 4×4 hybrides. En tête, le Toyota Sequoia affiche 39,1 % de probabilité d’atteindre les 400 000 km, un chiffre presque dix fois supérieur à la moyenne du marché.
Voici les 10 modèles les plus endurants selon iSeeCars :
Rang | Modèle | Probabilité d’atteindre 400 000 km |
---|---|---|
1 | Toyota Sequoia | 39,1 % |
2 | Toyota 4Runner | 32,9 % |
3 | Toyota Highlander Hybrid | 31,0 % |
4 | Toyota Tundra | 30,0 % |
5 | Lexus IS | 27,5 % |
6 | Toyota Tacoma | 25,3 % |
7 | Toyota Avalon | 18,9 % |
8 | Lexus GX | 18,3 % |
9 | Lexus RX Hybrid | 17,0 % |
10 | Honda Ridgeline | 14,7 % |
Les SUV et pick-ups Toyota représentent donc plus de la moitié du classement, renforçant l’image de fiabilité extrême associée à la marque. Même Lexus, pourtant plus orientée vers le confort et la technologie, confirme sa réputation de longévité, notamment avec le RX Hybrid, présent depuis longtemps sur le marché français.
Pourquoi ces modèles dépassent-ils les 400 000 km ?
La recette du succès ? Elle repose sur plusieurs piliers : conception simple mais robuste, motorisations atmosphériques éprouvées, entretien abordable et composants mécaniques pensés pour durer. Ces véhicules sont souvent choisis pour leur valeur d’usage, notamment dans les flottes, les entreprises ou les foyers ayant besoin de fiabilité avant tout.
Les SUV comme les pick-ups ont également un châssis plus robuste, une garde au sol adaptée à tous les terrains, et une capacité à encaisser des usages intensifs. Le Toyota 4Runner ou le Lexus GX sont ainsi régulièrement utilisés dans des conditions extrêmes (montagne, désert, remorquage…), ce qui renforce leur longévité dès la conception.
Cependant, il faut nuancer ces résultats : la fiabilité est aussi une question d’usage, de climat, d’entretien et de réseau après-vente. Un Sequoia entretenu rigoureusement en Floride ne vivra pas la même vie qu’un SUV maltraité dans un pays au climat rude. Et nombre de ces modèles, notamment les grands pick-ups Toyota, ne sont pas importés officiellement en France.
Enseignements pour le marché français et les acheteurs européens
Si ces modèles n’ont pas tous d’équivalents vendus en Europe, les conclusions de cette étude restent riches d’enseignements pour les automobilistes français. D’abord, les constructeurs japonais, et notamment Toyota, confirment leur capacité à produire des véhicules durables. Un point déjà confirmé par plusieurs enquêtes européennes (Auto Plus, Que Choisir, etc.).
Ensuite, cela montre que certains choix techniques — moteur atmosphérique, boîte automatique simple, hybridation non rechargeable — peuvent être plus durables à long terme que des solutions complexes ou suréquipées. Des véhicules comme la Toyota Corolla Hybride, la Yaris Cross ou le RAV4 Hybride, tous vendus en France, s’inscrivent dans cette logique de fiabilité long terme.
Enfin, pour un acheteur français soucieux de conserver son véhicule longtemps, il est crucial de miser sur la simplicité mécanique, un entretien rigoureux, et de bien choisir son réseau. Dans une période d’instabilité technologique (électrification, software, normes), parier sur la longévité devient un vrai choix stratégique.
Longévité extrême : exception ou futur critère d’achat ?
Dans un monde automobile où les véhicules sont souvent changés tous les trois ou quatre ans, atteindre plus de 400 000 km relève de l’exploit. La moyenne des véhicules du marché américain ne dépasse pas les 4,8 % de probabilité de franchir ce seuil. Pourtant, cette notion de durée de vie redevient centrale, face à l’envolée des prix, à la baisse des aides et à la multiplication des contraintes.
Pour les constructeurs, la capacité à garantir la fiabilité devient un avantage concurrentiel fort : les marques qui inspirent confiance vendent mieux en occasion, fidélisent leur clientèle, et évitent les scandales techniques. Pour les automobilistes, acheter un véhicule durable, c’est protéger son pouvoir d’achat à long terme, surtout lorsque les valeurs résiduelles s’effondrent rapidement.
À l’heure où l’Europe pousse vers une électrification massive, la question de la durabilité des modèles électriques se pose avec insistance. Batterie, électronique embarquée, mise à jour logicielle… Les voitures de demain pourront-elles tenir 400 000 km ? À ce jour, très peu de véhicules électriques affichent ce niveau d’endurance, ce qui rend les performances des modèles Toyota d’autant plus remarquables.