Il y a encore peu, Mazda faisait figure de dissident éclairé. Tandis que le marché s’extasiait devant des cockpits numériques tapissés d’écrans XXL, la marque japonaise tenait bon : interface sobre, molette rotative intuitive, commandes physiques accessibles sans quitter la route des yeux. Une vision de l’automobile fondée sur le plaisir de conduite, l’efficacité et l’élégance fonctionnelle. Mais cette philosophie vient de céder.
En 2025, le Mazda CX‑5 de nouvelle génération adopte une approche radicalement différente : exit les boutons classiques, place à une dalle centrale de 15,6 pouces, véritable tour de contrôle du véhicule. Commandes de climatisation, réglages dynamiques, navigation, multimédia… tout passe désormais par l’écran. Un virage que certains appelleront “évolution logique”, d’autres “abandon des fondamentaux”.
Dans un marché obsédé par le “tout tactile”, Mazda semble aujourd’hui plier face à la norme. Mais à quel prix ? Cette mutation soulève de vraies questions : ergonomie sacrifiée, gestes détournés de la route, interfaces dépendantes des mises à jour logicielles… Le constructeur a-t-il perdu ce qui faisait sa singularité ?
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Alors que la digitalisation gagne du terrain à chaque restylage, le Mazda CX‑5 2025 illustre parfaitement le dilemme du design contemporain : plaire à l’œil ou faciliter la vie au volant ? Un débat que la marque n’élude plus, mais dans lequel elle semble désormais faire des concessions.
L’arrivée de la grande dalle tactile (jusqu’à 15,6″)
Le Mazda CX‑5 cru 2025 tourne une page importante de son histoire intérieure. Pour cette nouvelle génération, le constructeur japonais a choisi d’adopter une dalle tactile centrale de 15,6 pouces, rompant ainsi avec l’une de ses signatures les plus appréciées : l’interface à molette.
Ce changement marque une forme d’alignement sur les standards de l’industrie, où l’écran géant est devenu un argument de vente en soi. Que ce soit pour afficher la navigation, la connectivité smartphone, les fonctions de conduite ou la climatisation, tout transite désormais par cet unique écran central. La molette rotative, pourtant saluée pour sa praticité, passe donc à la trappe. Une décision qui pourrait en dérouter plus d’un.
Mazda justifie ce tournant par le besoin d’offrir une expérience numérique plus immersive. Mais dans les faits, cette évolution risque surtout de faire perdre au CX‑5 l’une de ses valeurs ajoutées : sa capacité à concilier modernité et sobriété d’usage.
Une cabine épurée, mais quels compromis ?
Visuellement, le cockpit du nouveau CX‑5 est réussi. L’écran s’intègre proprement dans une planche de bord minimaliste, fidèle à l’esprit zen du design Kodo. Les matériaux restent valorisants, l’assemblage exemplaire. En apparence, tout semble en place. Mais en pratique, c’est une autre affaire.
La suppression de presque tous les boutons physiques — y compris pour la climatisation — interroge. Des fonctions aussi basiques que le réglage de la température, de la ventilation ou du chauffage des sièges nécessitent désormais plusieurs appuis successifs sur écran, et souvent un détour du regard. Résultat : l’ergonomie de conduite s’en trouve pénalisée, surtout en conditions réelles, sur route sinueuse ou en trafic dense.
Mazda, autrefois salué pour sa rigueur fonctionnelle, semble ici avoir sacrifié la logique au profit de l’esthétique. Le tactile généralisé peut séduire en statique, mais au quotidien, il exige plus de concentration, plus de manipulations — donc moins de fluidité au volant.
Design intérieur vanguardiste dans l’esprit Kodo
Là où le CX‑5 2025 reste fidèle à lui-même, c’est dans son soin apporté à l’habitacle. La disposition des volumes, la qualité perçue, le dessin des sièges, l’éclairage d’ambiance… Mazda maîtrise son art. Le design Kodo évolue subtilement, sans rupture brutale, avec une montée en gamme visible dans le traitement des matières et des interfaces.
L’écran tactile, bien qu’omniprésent, ne jure pas dans l’ensemble. Il s’insère dans une planche de bord plus fine, bordée de surfaces texturées ou laquées, selon les finitions. Le combiné d’instrumentation, lui, reste partiellement analogique — un point rassurant, même s’il semble isolé dans un univers qui s’uniformise.
Cette cohérence esthétique, Mazda ne l’a pas perdue. Mais elle entre ici en tension avec des choix fonctionnels discutables, comme si le CX‑5 cherchait à plaire à un public plus “connecté”, au risque de perdre ceux qui l’appréciaient pour son approche centrée sur le conducteur.
Place du CX‑5 sur le marché SUV compact face à la tendance tech
Le CX‑5 2025 n’évolue pas dans un vide concurrentiel. Face à des modèles comme le Peugeot 3008, le Toyota RAV4 ou le Volkswagen Tiguan, Mazda doit composer avec un marché obsédé par l’interface numérique, la connectivité étendue, les écrans de bord à l’esthétique « Tesla-like ».
Dans ce contexte, son virage tactile paraît presque inévitable. Mais est-ce pour autant un bon choix stratégique ? Pas sûr. Car si certains clients attendent de la technologie, d’autres restent attachés à une logique d’usage directe et rassurante. Mazda aurait pu continuer à jouer sa carte différenciante. À la place, elle s’aligne — avec brio sur le plan visuel, mais en laissant derrière elle une part de son ADN.
Il ne s’agit pas ici de rejeter toute forme de modernité. Mais plutôt de poser une question essentielle : à quel moment le progrès perçu devient-il une régression d’usage ? Le CX‑5 2025, en misant tout sur le tactile, nous offre un cas d’école. L’écran est grand, beau, fluide. Mais il capte le regard là où avant, un simple bouton tombait naturellement sous la main.