Le moment est symbolique. Après des années de stratégie prudente sur le véhicule électrique à batterie, Toyota confirme la production locale de son premier modèle 100 % électrique en Europe. Le site choisi est l’usine de Kolín, en République tchèque, déjà connue pour assembler les Aygo X et Yaris, deux des petites voitures les plus diffusées sur le marché européen.
C’est la première fois que la marque japonaise, pionnière de l’hybride mais souvent critiquée pour son inertie sur le 100 % électrique, franchit un tel cap industriel sur le Vieux Continent. Le modèle concerné n’a pas encore été dévoilé, mais il s’inscrira probablement dans le segment B ou C, pour répondre à une demande urbaine croissante et aux objectifs européens en matière d’émissions.
Avec cette décision, Toyota affiche enfin sa volonté de s’aligner sur les attentes des marchés européens, tout en capitalisant sur un outil industriel déjà en place, souple, maîtrisé, et en cours de modernisation.
Une production locale à double enjeu industriel et logistique
L’usine de Kolín, jusqu’ici dédiée aux modèles thermiques et hybrides compacts, va faire l’objet d’un investissement conséquent de 680 millions d’euros. L’objectif est double : adapter les chaînes de production à l’électrique, mais surtout créer une ligne d’assemblage de batteries directement sur le site. Une démarche désormais incontournable pour répondre aux impératifs européens de relocalisation des composants stratégiques.
Toyota sécurise ainsi une chaîne d’approvisionnement plus courte, plus réactive, et conforme aux normes européennes sur les batteries. En intégrant cette brique fondamentale de la mobilité électrique dans sa production locale, la marque optimise à la fois ses coûts logistiques et son empreinte carbone industrielle, tout en renforçant sa compétitivité face à la concurrence chinoise croissante sur ce segment.
Une réponse rationnelle à la pression réglementaire européenne
Alors que les grandes marques historiques multiplient les lancements de modèles électriques parfois prématurés, Toyota adopte une approche plus rationnelle et progressive. Le constructeur prévoit de lancer neuf modèles électriques d’ici fin 2026, répartis entre Toyota et Lexus, mais sans précipiter le déploiement à l’échelle mondiale.
Cette stratégie, longtemps vue comme attentiste, permet aujourd’hui au groupe d’éviter les pertes financières que subissent actuellement plusieurs grands groupes, confrontés à une demande plus molle que prévue sur certains marchés. Toyota profite au contraire de volumes solides sur ses hybrides, comme le Yaris ou le RAV4, qui continuent de dominer dans de nombreux pays.
Produire localement un modèle électrique, en République tchèque, marque donc le début d’un nouveau cycle pour Toyota, qui reste fidèle à sa philosophie : innover sans brûler les étapes, tout en garantissant un modèle économique viable