Le grand retour de la Twingo ? Renault entend bien marquer les esprits avec un nom aussi symbolique que populaire. En 2026, la marque au losange relancera sa citadine fétiche dans une version 100 % électrique, avec une promesse aussi ambitieuse que risquée : une consommation record autour de 10 kWh/100 km et un tarif de base inférieur à 20 000 €. Sur le papier, l’objectif est clair : contrer l’offensive chinoise sur le marché de l’électrique accessible tout en relançant une icône des années 1990, adaptée aux enjeux contemporains.
Mais à l’heure où les citadines électriques flirtent généralement avec les 25 000 € — voire bien plus —, cette nouvelle Twingo soulève autant d’espoirs que de questions. Car si l’intention de Renault est louable, elle cache une équation industrielle complexe : produire en Europe, rester compétitif, maîtriser la technologie, tout en redonnant du sens à la petite voiture en milieu urbain. Autrement dit : faire simple, efficace, et désirable à la fois.
Esthétiquement, la Twingo 2026 empruntera sans détour les lignes de son illustre aînée de 1993. Un style néo-rétro qui joue la carte de la nostalgie, tout en reposant sur une base technique moderne : la nouvelle plateforme AmpR Small développée par la filiale Ampère, avec batterie LFP, motorisation simplifiée et architecture optimisée pour les petits gabarits. L’ensemble vise à proposer un véhicule électrique léger, frugal et parfaitement adapté à l’usage urbain.
Un design rétro-futuriste pour ressusciter une icône
Renault l’a compris : pour frapper un grand coup sur le segment ultra-concurrentiel des citadines électriques, il ne suffit pas d’un bon rapport prix-prestations. Il faut aussi jouer sur l’émotion. Avec la Twingo 2026, la marque française convoque son glorieux passé pour séduire une nouvelle génération d’urbains.
Le design s’annonce clairement inspiré de la Twingo originelle de 1993, avec des formes arrondies, une bouille sympathique, et un format ultra-compact. L’esprit “monospace miniature” est réinterprété selon les codes de la décennie : éclairage LED, boucliers lissés, carrosserie cinq portes et signature lumineuse moderne.
Compacte (environ 3,75 mètres attendus), la Twingo électrique revendique un usage urbain pur jus, avec une maniabilité exemplaire et une empreinte au sol minimale. De quoi répondre aux enjeux de circulation restreinte dans les grandes agglomérations françaises.
Motorisation électrique sobre et plateforme AmpR : la course à l’efficience
Côté technique, Renault joue la carte de la frugalité. La Twingo 2026 reposera sur la nouvelle plateforme AmpR Small, conçue par Ampère pour réduire les coûts et maximiser l’autonomie des petits modèles. Elle devrait embarquer une batterie LFP (lithium fer phosphate) de capacité modeste (~30 kWh), et un moteur d’environ 60 à 80 ch.
Mais là où la Twingo espère vraiment se démarquer, c’est sur le rendement énergétique : Renault annonce une consommation cible de seulement 10 kWh/100 km. À titre de comparaison, une Dacia Spring consomme autour de 13–14 kWh/100 km, et une Renault Zoe plutôt 17 kWh. Grâce à un poids contenu, une aérodynamique simplifiée et une gestion fine des flux énergétiques, cette Twingo pourrait devenir la citadine électrique la plus efficiente d’Europe.
L’autonomie viserait les 250 à 300 kilomètres WLTP, ce qui, en usage urbain, couvrirait largement les besoins quotidiens.
Un prix sous les 20 000 € : promesse réaliste ou effet d’annonce ?
C’est le nerf de la guerre : Renault promet un tarif d’entrée de gamme sous les 20 000 € TTC, hors bonus écologique. Un seuil psychologique très attendu sur le marché français, mais qui reste difficile à atteindre pour un modèle produit en Europe.
Pour y parvenir, la marque mise sur plusieurs leviers :
- **Production localisée en Slovénie**, dans une usine à bas coûts mais intégrée au dispositif ElectriCity.
- **Batterie LFP** moins chère à produire que les batteries NMC traditionnelles.
- **Modularité technique partagée** avec d’autres modèles Ampère (R5, R4, future Dacia électrique).
- **Processus de fabrication simplifié**, avec peu de versions et peu d’options.
Renault évoque également un leasing à partir de 100 €/mois pour les particuliers, probablement conditionné au bonus et à la reprise d’un ancien véhicule.
Mais si la promesse du prix choc fait mouche, elle masque aussi une réalité : à ce niveau de tarif, les marges sont très faibles, et le moindre dérapage industriel ou logistique peut remettre en cause l’équilibre du projet.
Une course contre la montre dans un marché en ébullition
Face à cette ambitieuse Twingo, la concurrence ne reste pas inactive. Dès 2024, Citroën lancera l’ë-C3 à moins de 23 000 €, puis une version à moins de 20 000 € dès 2025. Volkswagen prépare aussi sa ID.2all, une citadine électrique à 25 000 €, puis 20 000 € d’ici 2027. Sans oublier les modèles chinois, de plus en plus agressifs sur le prix et l’équipement.
Renault devra donc non seulement respecter ses promesses techniques, mais aussi maîtriser ses délais. Or, un lancement en 2026, cela signifie développement produit dès 2024, industrialisation en 2025, et mise en production avant la fin de l’année suivante.
Autre défi : convaincre un public français qui reste méfiant envers les petites voitures électriques low-cost, souvent perçues comme limitées ou sous-équipées. Renault devra donc prouver que sa Twingo 2026 est à la fois fiable, moderne et agréable à vivre, malgré son positionnement d’entrée de gamme.
Renault Twingo 2026 : entre icône populaire et pari risqué
La renaissance de la Twingo, attendue pour 2026, coche de nombreuses cases sur le papier : look néo-rétro, efficience remarquable, tarif accessible, production européenne. Mais derrière ces arguments, se cachent des enjeux industriels, politiques et économiques d’envergure.
En misant sur une citadine 100 % électrique ultra-efficiente, Renault s’adresse directement au cœur du marché urbain européen. Reste à savoir si les promesses seront tenues — et surtout, si les clients suivront. Car faire une voiture bon marché est une chose ; la rendre désirable en est une autre.