Il existe des véhicules qui imposent le respect par leur simple présence. Le Toyota Mega Cruiser est de ceux-là. Conçu au départ comme un équivalent nippon du Hummer, cet engin colossal est devenu culte bien au-delà des frontières japonaises. Mais dans sa version la plus rare — le Mega Cruiser High Roof, à toit surélevé et hublots façon safari — l’engin prend une tout autre dimension. Ultra limité, destiné à quelques usages civils d’exception, il incarne un rêve roulant devenu réalité pour une poignée de collectionneurs. Et il fait aujourd’hui une entrée discrète mais retentissante sur le marché européen.
Un colosse taillé pour les pires terrains
Difficile d’évoquer le Mega Cruiser sans parler de gabarit. Avec ses 5,09 mètres de long, 2,17 m de large et plus de 2 mètres de haut, l’engin dépasse largement tous les SUV conventionnels, même les plus costauds. Construit sur un châssis monocoque renforcé, doté de ponts portiques, de suspensions indépendantes aux quatre roues, de trois différentiels verrouillables et d’une direction assistée sur les quatre roues, il est tout simplement inarrêtable.
Sous le capot, point de V8 rugissant, mais un moteur diesel éprouvé : le 4.1L 15B-FTE, un 5 cylindres turbo développant 153 ch pour environ 400 Nm de couple, associé à une boîte automatique à 4 rapports. Pas de quoi battre des records de vitesse, mais une mécanique conçue pour durer, franchir, et supporter les pires conditions. Le Mega Cruiser a été pensé d’abord pour l’armée japonaise, et ça se sent dans chaque détail.
High Roof : la version civile la plus rare de toutes
C’est là que les choses deviennent encore plus intéressantes. Entre 1995 et 2001, environ 3 000 exemplaires du Mega Cruiser ont été produits, dont une infime minorité fut homologuée pour un usage civil. Mais parmi eux, seule une poignée — peut-être un ou deux — a été construite dans cette configuration unique à toit surélevé, dite High Roof.
Cette version n’est pas une transformation artisanale, mais bien une configuration d’usine, pensée à l’origine pour les safaris ou les usages para-militaires. On y trouve deux hublots au toit, des fenêtres élargies à l’arrière, une structure intérieure rehaussée, des barres de toit intégrées et parfois des sièges latéraux pour jusqu’à 10 passagers. Tout est conçu pour améliorer la visibilité et l’habitabilité dans un environnement extrême.
Aujourd’hui, ce modèle unique refait surface dans le monde de la collection, parfois proposé aux enchères à plus de 200 000 €, tant sa rareté fascine les amateurs de 4×4 d’exception.
Un symbole d’ingénierie devenu pièce de musée roulante
Plus qu’un simple véhicule, le Mega Cruiser High Roof est un symbole de l’extrême, un manifeste roulant de ce que Toyota savait faire de plus radical à l’époque. S’il n’a jamais connu de carrière internationale grand public, c’est en raison de son prix, de son gabarit et de sa philosophie militaire. Mais son aura n’a fait que grandir avec le temps.
Il incarne une époque où la robustesse primait sur le marketing, où la surcapacité était assumée, et où un constructeur pouvait se permettre d’aller jusqu’au bout d’un concept. En cela, il est le miroir inversé de bien des SUV actuels, conçus pour séduire en centre-ville, pas pour survivre à un désert.
Alors que Toyota laisse entendre un possible retour du Mega Cruiser dans une version électrifiée à horizon 2030, ce modèle High Roof des années 90 reste un sommet dans l’histoire du 4×4 japonais. Une machine hors norme, qui a su transformer ses origines militaires en légende mécanique.
