Mais à l’heure où les constructeurs doivent rassurer les clients européens sur la cohérence prix/valeur, Hyundai entretient le flou. Aucun tarif officiel n’est affiché en France, mais selon plusieurs sources industrielles, le ticket d’entrée dépasserait les 70 000 €. Un montant qui placerait le IONIQ 9 au seuil des véhicules non éligibles au bonus écologique… dans un segment déjà très élitiste.
Et c’est là que le bât blesse. Car si le SUV coréen coche toutes les cases sur le papier — performances, technologie embarquée, design aérodynamique —, le positionnement tarifaire risque de refroidir une partie de la clientèle, surtout en Europe continentale, plus sensible aux aides publiques qu’aux prestations de luxe.
Avec ce modèle, Hyundai ne vise pas seulement à élargir sa gamme électrique : il cherche à changer de statut. Mais sur un marché saturé et instable, la montée en gamme ne pardonne aucune approximation.
IONIQ 9 : le grand SUV électrique familial de Hyundai
Le Hyundai IONIQ 9 s’impose comme le plus imposant véhicule électrique jamais produit par le constructeur coréen. Construit sur la plateforme E-GMP, ce SUV 100 % électrique de près de cinq mètres de long revendique trois vraies rangées de sièges et une habitabilité pensée pour les familles nombreuses.
INEOS délocalise son rêve de Classe G abordable : la Chine pourrait accoucher du rival tant attendu
Inspiré du concept Seven, il capitalise sur une silhouette élancée malgré ses dimensions, avec un coefficient aérodynamique (Cx) de 0,259, plutôt remarquable pour la catégorie. La production démarrera en Corée du Sud avant d’être localisée aux États-Unis (Géorgie) pour les versions américaines. La version européenne, attendue courant 2025, n’a pas encore de date officielle ni de tarif en France, mais des premières fuites laissent entendre un prix d’appel au-delà de 70 000 €.
Design “aerosthetic” : une nouvelle signature visuelle pour Hyundai
Le design du IONIQ 9 incarne une nouvelle philosophie baptisée “aerosthetic” par Hyundai, alliant rigueur aérodynamique et esthétique pixelisée. Le véhicule arbore une face avant pleine, ornée de feux paramétriques LED, un bandeau lumineux et des lignes tendues jusque sur l’arrière, qui intègre une signature lumineuse horizontale.
Des volets actifs à l’avant optimisent la gestion de l’air, tandis que les jantes de 20 à 22 pouces jouent également sur l’efficience. La volonté de Hyundai est claire : inscrire son SUV dans un langage visuel distinctif, futuriste mais épuré, capable de rivaliser avec les codes du haut de gamme européen.
Si l’ensemble séduit par sa cohérence, certains observateurs pointent une inspiration peut-être trop proche du Kia EV9, cousin technique au sein du groupe, avec lequel il partage plateforme, batterie et proportions. L’identité visuelle du IONIQ 9 suffira-t-elle à affirmer son positionnement premium ?
Performances électriques : autonomie record, puissance en progression
Hyundai annonce trois versions du IONIQ 9 à son lancement :
- RWD (propulsion) de 218 ch
- AWD (transmission intégrale) de 313 ch
- Une version Performance AWD culminant à 435 ch
Toutes reposent sur une batterie de 110,3 kWh, compatible avec les charges rapides jusqu’à 350 kW, permettant de passer de 10 à 80 % en 24 minutes dans les meilleures conditions. L’autonomie annoncée est de 620 km WLTP en cycle mixte pour la version RWD, soit l’une des meilleures valeurs dans la catégorie.
À noter : le IONIQ 9 est compatible avec le réseau Tesla Supercharger (via CCS Combo 2), un atout non négligeable dans un marché où la couverture de recharge reste un frein majeur pour les acheteurs de véhicules électriques longue distance.
Technologie embarquée et vie à bord : le salon roulant selon Hyundai
L’intérieur du IONIQ 9 veut transformer le SUV en véritable salon roulant. L’empattement généreux (3,20 m) permet un plancher totalement plat, des sièges relaxants à l’avant (avec fonction massage, pivotement ou allongement), et une troisième rangée habitable même pour des adultes sur de courts trajets.
Côté technologies :
- Double écran incurvé de 12,3 pouces
- Affichage tête haute en réalité augmentée
- Matériaux biosourcés et textiles durables
- Éclairage d’ambiance personnalisable
- Commandes vocales avec assistant IA intégré
L’ambiance à bord est volontairement zen et haut de gamme, à l’opposé de l’esthétique “techno-push” des concurrents chinois ou américains. L’effort de différenciation est notable, même si l’on reste en attente de la qualité perçue réelle des matériaux sur les versions européennes.
Face à la concurrence : un duel de géants sur le segment premium
Le IONIQ 9 arrive sur un segment déjà très disputé. En face :
- Le Tesla Model X, plus performant, mais plus cher et moins familial
- Le Kia EV9, très proche techniquement, mais légèrement moins premium
- Le Volvo EX90, concurrent direct en matière de sécurité et de standing
- Le BMW iX, à la fois plus statutaire et plus onéreux
Avec un prix estimé au-dessus des 70 000 €, le Hyundai risque de se heurter au plafond du bonus écologique, et devra convaincre par ses services, sa garantie de 8 ans, et sa stratégie de distribution directe ou en ligne.
Hyundai vise ici une clientèle prête à abandonner le diesel premium pour une électrification sans compromis sur l’espace et l’équipement. Un pari audacieux, mais difficile dans une conjoncture où le pouvoir d’achat automobile se contracte fortement.
Hyundai et l’Europe : ambition affirmée, communication à la traîne
Avec le IONIQ 9, Hyundai veut démontrer sa capacité à jouer dans la cour des très grands SUV électriques. Mais cette ambition se heurte à un manque criant de visibilité en France : aucune brochure tarifaire, pas de simulateur de financement, et des dates de disponibilité encore floues.