C’est un fantasme qui revient périodiquement sur la scène automobile, surtout à chaque avancée de la concurrence : et si Citroën ressuscitait la 2 CV, comme Renault relance la 5 et Fiat modernise la 500 ? L’idée séduit le public, titille les créateurs et alimente les rumeurs. Et pour cause : la “Deuche” n’est pas qu’une voiture. C’est un symbole national, un totem populaire, une page entière de l’histoire de France roulante, simple, pratique et inimitable.
Mais en 2024, les déclarations officielles tranchent avec l’enthousiasme viral. Thierry Koskas, directeur de Citroën, a refroidi les ardeurs : “Nous sommes très, très prudents avec cette idée.” Pas de maquette, pas de projet lancé — pour le moment. Pourtant, les conditions techniques et économiques n’ont jamais été aussi favorables à une résurrection de la 2 CV : plateforme modulaire Smart Car partagée avec la C3 et la future Fiat Panda, demande croissante pour des véhicules urbains rétro-électriques, et un positionnement low-cost parfaitement cohérent avec l’ADN du modèle.
Alors, entre l’opportunité industrielle évidente et la crainte de dénaturer l’icône, que faut-il réellement attendre de Citroën d’ici à 2026 ? Est-ce un vrai projet en sommeil ou une chimère nostalgique sans lendemain ? Explorons les pistes techniques, les signaux stratégiques et les réalités du marché européen pour évaluer les chances du retour le plus attendu de la décennie.

Citroën 2 CV 2026 : mythe vintage ou révolution électrique ?
La Citroën 2 CV, c’est bien plus qu’un simple modèle : c’est un pan de mémoire nationale, une voiture qui a motorisé la France d’après-guerre avec une simplicité radicale. Commercialisée entre 1948 et 1990, elle fut produite à plus de 5 millions d’exemplaires. Et depuis, son absence nourrit les fantasmes.
Avec le retour des voitures néo-rétro — Mini, Fiat 500, bientôt Renault 5 — l’attente d’une 2 CV moderne s’intensifie. L’idée : faire renaître l’esprit du modèle dans une version adaptée à notre époque, électrique ou hybride, compacte et bon marché. Le créneau semble mûr, l’aura de la 2 CV intacte.
Mais voilà, aucun projet formel n’a été lancé chez Citroën. L’idée circule, parfois relayée par les médias ou évoquée en interne, mais toujours avec la même prudence : pas d’annonce, pas de design figé, pas de calendrier.

Doutes internes chez Stellantis : prudence ou opportunité ratée ?
Interrogé par la presse espagnole, Thierry Koskas, directeur général de Citroën, a été clair : “On en parle beaucoup, mais ce n’est pas un projet dans les cartons. Nous sommes très, très prudents.” Une déclaration qui tranche avec les ambitions stylistiques d’autres marques du groupe Stellantis, plus enclines à jouer la carte du patrimoine.
Pour Citroën, le risque de caricature ou d’échec marketing est bien réel. Faire renaître une icône implique de respecter son ADN tout en répondant aux normes actuelles. Or, la 2 CV reposait sur une logique d’extrême simplicité et de dépouillement… difficilement compatible avec les contraintes de sécurité et d’électrification modernes.
Le précédent de la Cactus, qui se voulait déjà une interprétation contemporaine de la philosophie 2 CV (léger, accessible, différent), a laissé un goût mitigé. Citroën veut donc éviter le piège du “retour pour le retour”, sans vision industrielle claire.

Une plateforme Smart Car prometteuse pour un 2 CV fidèle
Ironie du sort : techniquement, Citroën dispose déjà d’une base idéale pour un retour de la 2 CV. Il s’agit de la plateforme Smart Car de Stellantis, utilisée notamment pour la nouvelle C3 (commercialisée à moins de 20 000 €) et la future Fiat Panda.
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Cette plateforme permet de proposer des motorisations thermiques, hybrides et électriques, tout en maîtrisant les coûts de production. Une 2 CV électrique ou mild-hybrid pourrait donc naître avec une autonomie adaptée à la ville, un style rétro assumé, et un prix d’appel en phase avec l’ADN d’origine : l’utilitaire minimaliste pour tous.
Le vrai défi sera alors stylistique : comment réinterpréter les arches de roue, la capote souple, le gabarit réduit et la bouille inimitable, sans tomber dans la copie ou la caricature ?

Quel avenir pour le 2 CV ? Timing, concurrence et enjeux européens
Même si rien n’est officiel, un retour de la 2 CV à l’horizon 2026 semble techniquement possible… mais industriellement prématuré. Il faut en moyenne 4 ans pour développer un modèle complet. Cela signifie qu’en l’absence de projet lancé en 2024, aucune 2 CV moderne ne verra le jour avant 2028 ou 2029.
D’ici là, la concurrence aura pris position : Renault 5 E-Tech annoncée pour 2025, Fiat Panda électrique dès 2024, sans parler de Mini qui continue de renouveler sa gamme dans un registre premium.
Pour Citroën, relancer la 2 CV, ce serait aussi affirmer une identité forte dans le groupe Stellantis, miser sur la singularité et la nostalgie, tout en répondant aux attentes d’un public en quête de mobilité électrique accessible. Une stratégie risquée, mais potentiellement payante… si elle est maîtrisée.