L’histoire de la Renault 5 est profondément ancrée dans la mémoire automobile européenne. Des versions populaires aux sportives légendaires, la petite française a marqué des générations. Mais cette fois, Renault ne se contente pas d’un hommage nostalgique. Avec le R5 Turbo 3E, le constructeur frappe fort : une réinterprétation futuriste, 100 % électrique, d’un mythe des années 80, armée d’une fiche technique impressionnante. Et d’un prix tout aussi audacieux.
Sous son allure de concept de drift bodybuildé, cette version « 3E » embarque deux moteurs électriques, une batterie de 70 kWh, une architecture 800V et un poids contenu sous les 1 450 kg. L’objectif est clair : démontrer que l’électrique peut aussi incarner l’excès, la passion et la performance, loin des véhicules rationnels qui peuplent les villes. Chaque détail technique semble conçu pour surprendre, y compris une puissance de recharge pouvant grimper jusqu’à 330 kW, bien au-dessus de la moyenne du segment.
Mais ce R5 nouvelle génération ne se destine pas à la rue. Du moins pas à celle de Monsieur Tout-le-Monde. Avec un tarif annoncé à 160 000 € en Espagne, Renault inscrit ce modèle dans une niche ultra‑exclusive, loin de la citadine R5 électrique attendue autour de 25 000 €. Il ne s’agit plus d’un retour populaire, mais d’une opération image, entre héritage et futurisme radical. Une audace assumée, qui soulève néanmoins une question : à qui s’adresse vraiment cette Turbo 3E ?
Un retour radical à la gloire du R5 : entre mémoire et manifeste
Renault ne pouvait pas relancer la R5 sans évoquer son icône sportive : la Turbo. Si le projet de citadine électrique à prix accessible est bien avancé, le constructeur a choisi de pousser les curseurs à l’extrême avec ce Renault 5 Turbo 3E, version radicalement moderne d’un mythe né dans les années 80. Le nom ne doit rien au hasard : “3E” pour 3e génération et électrique.
Ce modèle ne s’inscrit pas dans une stratégie de volume. Il s’agit clairement d’un concept extrapolé à la série ultra-limitée, un statement technique et stylistique, une vitrine du savoir-faire Renault en matière de performance électrique et d’innovation. L’héritage visuel du R5 Turbo originel est bien là : assise large, ailes gonflées, regard agressif. Mais tout est ici repensé pour le XXIᵉ siècle.
C’est aussi une réponse implicite à une époque où les sportives thermiques disparaissent peu à peu. Renault démontre qu’il est possible de faire vibrer l’âme des puristes sans carburant fossile, et que l’électricité peut aussi être synonyme d’adrénaline. Reste à voir si ce positionnement néo-rétro radical trouvera un véritable écho commercial.
555 chevaux, 800V et châssis carbone : la fiche technique d’un concept-car roulant
Sous cette silhouette spectaculaire se cache une architecture technique de très haut niveau. Le Renault 5 Turbo 3E repose sur un châssis tubulaire, habillé de carbone pour contenir la masse totale à moins de 1 450 kg — un exploit pour une électrique aussi puissante. L’objectif : maximiser les sensations de pilotage, tout en maintenant une certaine accessibilité de comportement.
Le cœur du système est constitué de deux moteurs électriques montés sur le train arrière, délivrant une puissance combinée de 555 ch et 700 Nm de couple. Le tout est alimenté par une batterie lithium-ion de 70 kWh, fonctionnant sur une architecture 800V, capable d’encaisser une puissance de charge allant jusqu’à 330 kW. Résultat : 15 à 80 % de charge en moins de 15 minutes, un chiffre digne de la Porsche Taycan.
L’autonomie annoncée dépasse les 400 km, mais reste très théorique dans le cadre d’un usage sportif. On comprend bien que ce n’est pas une GT routière, mais une bête de circuit, de drift ou de démonstration. Renault a d’ailleurs volontairement équipé le modèle de modes de conduite typés sport et drift, soulignant sa vocation plus spectaculaire que pragmatique.
Un design électrisant entre néo-rétro et exubérance digitale
Dès le premier regard, le R5 Turbo 3E impose une présence. Le dessin est à la fois fidèle aux lignes du Turbo originel et complètement réinventé. La teinte rose fluo, les inserts jaune acide, les jantes surdimensionnées ou encore l’éclairage LED animé forment un cocktail visuel audacieux. Rien n’est discret — et c’est volontaire.
L’intérieur s’inscrit dans la même veine. Cockpit biplace, baquets avec harnais, volant façon sim racing, instrumentation numérique… L’ensemble revendique une esthétique inspirée du jeu vidéo, assumée par Renault comme une passerelle vers une nouvelle génération de passionnés. Ici, la technologie s’affiche, et le design se fait langage de marque.
Côté personnalisation, peu d’éléments sont encore confirmés, mais il semble clair que chaque unité produite sera unique ou très spécifique, à l’image d’un show-car homologué. Il ne s’agit pas d’un modèle de grande série, mais d’un collector dès sa sortie, entre patrimoine revisité et technologie de rupture.
Un tarif exclusif : 160 000 €, l’électrique façon supercar
Le prix annoncé en Espagne pour cette Renault 5 Turbo 3E est de 160 000 €, et il n’y a aucune raison de penser qu’il sera inférieur en France. Ce tarif place la voiture dans une zone raréfiée, très loin des 25 000 à 30 000 € attendus pour la R5 électrique « de série ». À ce prix-là, le R5 Turbo 3E entre en compétition frontale avec des supercars thermiques d’ancienne génération, voire des électriques très haut de gamme comme la Lotus Emeya ou l’Audi RS e-tron GT.
Ce positionnement ultra-premium s’explique : production en série très limitée, composants spécifiques, batterie performante, et surtout, une vocation plus émotionnelle que rationnelle. Renault ne compte pas faire de volume ici, mais marquer les esprits, capitaliser sur l’ADN sportif de la marque et envoyer un signal fort sur son ambition électrique.
Mais cette stratégie comporte aussi des risques. Le public prêt à investir autant dans une électrique française, aussi spectaculaire soit-elle, reste une niche. Le message est clair : la R5 Turbo 3E est un démonstrateur, un manifeste roulant, plus qu’un produit de conquête.
Turbo 3E : vitrine d’un avenir électrique à la française
Au-delà de son prix et de ses performances, le Renault 5 Turbo 3E est un symbole industriel. Celui d’une marque française capable de marier héritage et innovation, d’oser un produit iconoclaste dans un univers de plus en plus normé. C’est aussi un moyen de répondre à la montée en puissance des marques chinoises et aux technologies venues d’Asie, en affirmant une identité électrique européenne.
Ce modèle ouvre également une réflexion plus large sur le rôle des voitures électriques dans l’émotion automobile. En donnant une forme si radicale à une citadine légendaire, Renault suggère que la passion peut survivre à la transition énergétique, à condition d’oser des partis pris forts.
Reste à savoir si cette audace servira la marque durablement, ou si elle ne restera qu’un feu d’artifice isolé dans un plan produit qui, pour le reste, mise sur des véhicules bien plus accessibles. Quoi qu’il en soit, le R5 Turbo 3E s’impose déjà comme l’un des concepts les plus marquants de cette décennie électrique.