Il y a des voitures qui quittent la scène discrètement, puis il y a celles qui partent avec panache. Le Lexus LS, pionnière du luxe japonais sur le marché mondial, appartient sans conteste à la seconde catégorie. Introduite en 1989 pour concurrencer les Mercedes Classe S et BMW Série 7, la grande berline nippone a su imposer une alternative raffinée et silencieuse au premium européen. Trente-six ans plus tard, le rideau tombe. Mais pas sans saluer le passé.
Pour célébrer la fin d’une ère, Lexus dévoile la Heritage Edition 2026, une série très exclusive qui couronne la carrière de son modèle emblématique. Peinture inédite, jantes spécifiques, sellerie exclusive : tout ici respire le respect du détail et l’hommage mesuré. Une manière élégante de clore le chapitre d’une berline qui a défié les codes pendant plus de trois décennies.
Ce crépuscule du LS n’est pas seulement celui d’un modèle, mais peut-être aussi celui d’une philosophie. Celle d’un luxe discret, d’un confort absolu, et d’un raffinement qui ne cherche pas à faire du bruit. Alors que les SUV triomphent et que l’électrification redessine les gammes, la disparition du LS pose une question : y aura-t-il encore une place pour de telles berlines dans le monde automobile de demain ?
Heritage Edition : design, finitions et exclusivités
Produite à seulement 250 exemplaires pour le monde entier, la Lexus LS Heritage Edition adopte une configuration unique et symbolique. À l’extérieur, la berline se pare d’une teinte inédite baptisée “Noir Ninety”, associée à des jantes de 20 pouces Gray Metallic. Le style, volontairement discret et élégant, s’inscrit dans la continuité de la philosophie LS : aucune exubérance, mais un souci du détail jusqu’au bout des chromes.
L’habitacle s’offre une présentation exclusive avec une sellerie en cuir semi-aniline Rioja Red, rehaussée d’inserts décoratifs en bois et aluminium au rendu particulièrement soigné. Chaque exemplaire recevra également des badges “Heritage Edition” exclusifs, positionnés dans l’habitacle et sur les ailes avant. Lexus ne transforme pas ici la LS en voiture de collection tapageuse, mais en objet de connoisseur — un clin d’œil appuyé au tout premier LS400.
Basée sur la version LS 500, cette édition finale embarque toujours le moteur V6 3.5 biturbo de 422 ch, associé à une boîte automatique 10 rapports. L’équipement reste à la hauteur des standards Lexus : affichage tête haute, audio haut de gamme, sellerie ventilée, commandes arrière personnalisables… Tout est pensé pour un confort total, sans esbroufe.
Positionnement, tarifs et exclusivité
Si aucun tarif spécifique à la Heritage Edition n’a encore été communiqué pour la France, le prix de base d’un Lexus LS 500 2025 est actuellement fixé à 138 593 € sur notre marché. Il est donc raisonnable de penser que cette version limitée dépassera les 145 000 €, voire plus selon les marchés. Une somme conséquente, mais qui s’adresse à une clientèle de connaisseurs davantage qu’à des acheteurs rationnels.
La rareté (250 unités mondiales) confère à cette édition un potentiel de valorisation élevé sur le marché de la collection automobile. À cela s’ajoute un positionnement atypique : le LS n’a jamais été produit en volumes comparables à ceux des Audi A8, BMW Série 7 ou Mercedes Classe S, ce qui renforce son attrait pour les amateurs de modèles confidentiels. Son caractère japonais, son confort inégalé et sa finition exemplaire pourraient en faire un futur collector discret.
En comparaison avec ses rivales européennes, le LS joue une partition différente. Là où l’Allemand privilégie la technologie et la rigueur dynamique, le Lexus mise sur la douceur, le silence et l’intemporalité. Une philosophie aujourd’hui en voie d’extinction, ce qui rend cet ultime modèle d’autant plus significatif.
Perspectives pour Lexus et avenir des grandes berlines
Faut-il voir dans la disparition du LS la fin définitive des grandes berlines chez Lexus ? Pas si sûr. Le constructeur japonais n’a pas exclu un retour sous une forme nouvelle, potentiellement électrifiée, voire entièrement électrique, à l’image du concept LF-ZC récemment dévoilé. Si la carrosserie tricorps semble en perte de vitesse, certains marchés (notamment la Chine et certaines niches américaines) continuent d’y voir une valeur statutaire.
L’avenir pourrait donc passer par une réinvention du format, alliant silhouette plus effilée, propulsion électrique et technologies de conduite autonome. Une sorte de berline de demain, toujours fidèle aux valeurs d’élégance et de confort, mais adaptée aux impératifs du XXIe siècle.
Reste qu’avec cette Heritage Edition 2026, Lexus tourne une page. Celle d’une berline qui a su tracer sa voie dans un segment ultra-concurrentiel sans jamais perdre son identité. Une voiture qui ne hurlait jamais plus fort que nécessaire, mais qui savait murmurer au bon moment. Et c’est peut-être ça, le vrai luxe.
