La proposition est aussi spectaculaire qu’improbable. Le designer indépendant Kelsonik a imaginé ce que pourrait être une Lancer Evolution contemporaine, si Mitsubishi décidait enfin de ressusciter sa légendaire berline sportive. Le rendu numérique présente une berline tricorps taillée pour la piste, mêlant des éléments de style issus du passé à des codes plus modernes empruntés à la gamme actuelle de Mitsubishi.
On y retrouve des ailes élargies, un capot nervuré, des jantes de grand diamètre, un aileron arrière massif, et une signature lumineuse à LED inspirée des derniers SUV de la marque. La calandre hexagonale encadre des prises d’air béantes, rappelant les ambitions de refroidissement d’un moteur musclé. Bref, une interprétation musclée, plus proche de l’Evo X que de la première Lancer Evo à l’esprit rallye.
Esthétiquement, le travail est cohérent et crédible : l’équilibre des volumes, le traitement des surfaces et la posture générale évoquent clairement l’ADN sportif Mitsubishi. On pourrait presque croire à une pré-série, tant l’ensemble paraît abouti. Pourtant, ce n’est qu’un exercice de style sans validation officielle.
400 chevaux, boîte manuelle, 4 roues motrices : la recette Evo à l’ancienne
Au-delà du style, Kelsonik imagine une fiche technique à faire frémir les nostalgiques : moteur turbo 4 cylindres de 2.0 litres, environ 400 chevaux, transmission intégrale permanente, boîte manuelle à six rapports. Une configuration qui rappelle sans détour la philosophie des dernières Lancer Evolution de série, connues pour leur brutalité maîtrisée et leur efficacité en toutes conditions.
Ce choix n’est pas anodin : à l’heure où les compactes sportives adoptent des boîtes automatiques à double embrayage, ou disparaissent tout simplement du catalogue, cette Evo “2026” mise sur la pureté mécanique. Un retour aux fondamentaux dans un monde de plus en plus aseptisé. Ce type de fiche technique la placerait frontalement face à des modèles comme l’Audi RS 3, la Mercedes-AMG A 45 S ou la Toyota GR Corolla, sur le plan des performances… mais avec une approche plus analogique.
Reste une inconnue majeure : dans un contexte de normes CO₂ draconiennes en Europe, un moteur thermique de 400 ch, aussi séduisant soit-il, serait difficilement compatible avec la fiscalité actuelle, sauf à être électrifié, voire hybride rechargeable. Et sur ce point, le rendu de Kelsonik ne fait aucune mention d’une assistance électrique. Il s’agit donc d’une vision purement rétro, volontairement déconnectée des contraintes industrielles actuelles.
Pourquoi une vraie Evo est très peu probable aujourd’hui
Malgré l’enthousiasme que peut susciter ce concept, Mitsubishi n’a donné aucun signe concret d’un retour de la Lancer Evolution. Depuis plusieurs années, la marque a recentré sa stratégie en Europe sur les SUV urbains, les partenariats industriels (notamment avec Renault pour l’ASX et la Colt) et la rationalisation de son offre thermique. Le constructeur ne dispose aujourd’hui ni d’une plateforme adaptée, ni d’un moteur haute performance homologué pour le marché européen.
Garantie jusqu’en 2035 et moteur intemporel Toyota: cette compacte défie l’obsolescence programmée
En interne, le nom “Evolution” a même été brièvement évoqué pour des modèles électriques ou électrifiés, ce qui pourrait un jour déboucher sur une interprétation radicalement différente du modèle, à l’image de ce qu’a fait Ford avec la Mustang Mach-E. Mais pour l’instant, aucune annonce ne confirme une quelconque étude de style ou prototype Evo. Mitsubishi semble concentrer ses efforts sur l’électrification à faible coût, les marchés asiatiques et sud-américains, bien plus que sur le développement de véhicules de niche destinés aux puristes.
Lancer une berline sportive thermique en 2026 impliquerait un investissement colossal, pour une rentabilité incertaine. La concurrence a d’ailleurs déjà jeté l’éponge : Subaru n’a pas remplacé la WRX STI en Europe, et même des modèles comme la Megane R.S. ont disparu, faute de débouchés. L’Evo pourrait revenir… mais sous une forme totalement différente, probablement électrique ou hybride, et sûrement sans boîte manuelle.
Une nostalgie tenace dans un monde qui change
Si ce rendu suscite autant d’intérêt, c’est bien parce qu’il réveille une mémoire collective. La Lancer Evo, c’est une icône des années 1990 et 2000, un symbole du rallye, des jeux vidéo, des posters de chambres d’ado. Une voiture abordable, brutale, ultra-efficace. Aujourd’hui, dans un marché dominé par les SUV électrifiés et les modèles standardisés, ce genre de proposition fait office de résistance émotionnelle.
On le voit avec le succès d’estime rencontré par des modèles comme la Toyota GR Yaris, la Honda Civic Type R ou même la Renault Clio V6 en collection : les sportives mécaniques conservent une valeur affective forte, même si elles ne représentent plus qu’une niche marginale du marché.
Ce concept de Lancer Evo 2026 est donc une réponse artistique à une frustration bien réelle : l’absence de voitures sportives abordables, pures, mécaniques. Même virtuelle, cette Evo a le mérite de raviver une flamme que l’industrie semble vouloir éteindre. Reste à savoir si un constructeur — Mitsubishi ou un autre — osera un jour rallumer le feu