L’histoire aurait pu s’arrêter là : celle du Mercedes Classe A, modèle d’entrée de gamme, destiné à disparaître au profit du plus technologique — et plus onéreux — CLA électrique. Mais à Stuttgart, on a visiblement réévalué la donne. Alors que la marque à l’étoile misait sur une montée en gamme généralisée, elle annonce finalement le retour d’un modèle plus accessible, capable de maintenir un point d’entrée à son univers sans franchir la barre symbolique des 50 000 euros.
Mathias Geisen, membre du directoire en charge des ventes chez Mercedes-Benz, a confirmé la stratégie dans une récente déclaration. Il y aura bien un remplaçant indirect du Classe A, qui ne sera plus forcément une compacte traditionnelle, mais un véhicule plus en phase avec les attentes actuelles, possiblement un petit SUV. L’idée : séduire un public plus jeune, tout en profitant des avancées techniques de la nouvelle plateforme MMA, capable d’accueillir des motorisations thermiques et électriques.
Et c’est sous le capot que la surprise est la plus inattendue. Le moteur thermique, un bloc 1.5 turbo microhybride fonctionnant en cycle Miller, est fabriqué par Geely en Chine. Une première pour Mercedes. Associé à une batterie plus généreuse que sur de nombreux hybrides classiques, ce système promet des performances énergétiques inédites dans la catégorie, avec une consommation visée en dessous des 5 l/100 km selon le cycle WLTP. Une ambition claire : combiner accessibilité, sobriété et image premium.
Mercedes revient sur sa stratégie : le modèle d’entrée ne disparaîtra pas
Mercedes-Benz avait prévu de tirer un trait sur ses modèles les plus abordables, à commencer par les Classe A et Classe B, dans le cadre d’une stratégie de montée en gamme ambitieuse. Si le monovolume compact tirera bien sa révérence en 2026, la marque revoit sa copie pour le Classe A. Il ne s’agira pas d’un simple maintien, mais bien d’une reconfiguration complète de son offre d’entrée de gamme. Le constructeur ne souhaite plus se couper d’un public jeune ou moins fortuné, pour qui le ticket d’entrée dans l’univers Mercedes est devenu trop élevé.
Le CLA, qui devait initialement devenir le point d’accès à la marque, ne suffit pas à remplir ce rôle. Avec un tarif de base à plus de 54 000 euros, il se positionne dans un segment premium électrifié qui ne répond pas aux attentes d’une partie des clients traditionnels de la marque. C’est donc une correction stratégique assumée, destinée à élargir la base clientèle tout en s’adaptant aux tendances du marché européen.
Cette nouvelle orientation a été confirmée officiellement par Mathias Geisen, membre du conseil d’administration de Mercedes-Benz. Le futur modèle ne sera pas nécessairement une berline compacte comme le Classe A, mais pourrait prendre la forme d’un SUV plus petit que le GLA, avec une silhouette moderne et des technologies embarquées destinées à séduire une clientèle plus connectée.
Un nouveau véhicule plus abordable que le CLA électrique
Dans un marché automobile bouleversé par l’électrification et l’inflation des prix, Mercedes sait qu’elle ne peut ignorer la nécessité de proposer une offre plus accessible. Actuellement, le Classe A débute à 38 939 € sur le marché espagnol, tandis que le GLA démarre à plus de 47 000 € et le nouveau CLA électrique frôle les 55 000 €. Le positionnement du futur modèle devra donc être au plus près des 40 000 €, tout en intégrant les standards esthétiques et technologiques actuels.
Pour Mercedes, l’enjeu n’est pas simplement tarifaire. Il s’agit aussi de préserver une cohérence de gamme, où chaque famille de produit (entrée, cœur, haut de gamme) trouve sa place. La marque distingue désormais trois niveaux : les modèles d’accès, les “core” (Classe C et Classe E), et les véhicules “top-end” (Maybach, Classe S, AMG GT, Classe G…). Ce nouveau modèle compact s’inscrira dans la première catégorie, en tant qu’ambassadeur d’une gamme plus jeune, plus efficiente, mais toujours premium.
Tout laisse à penser que ce véhicule adoptera les codes du SUV urbain, à l’instar des Renault Captur ou Audi Q2, mais avec une exécution typiquement Mercedes : design affirmé, interface numérique avancée, qualité perçue supérieure. Un compromis pensé pour fidéliser les jeunes conducteurs à la marque dès leur premier achat.
Une plateforme MMA polyvalente et prête pour l’électrification
Au cœur de ce projet, on retrouve la plateforme Mercedes Modular Architecture (MMA), inaugurée par le nouveau CLA. Elle marque une rupture technologique dans la stratégie de la marque, en intégrant une flexibilité multienergie : thermique, microhybride, hybride rechargeable ou 100 % électrique. Cette architecture offre une base technique unifiée capable de réduire les coûts de développement tout en maintenant des standards de performance et de confort élevés.
La MMA permet également d’optimiser l’agencement de l’espace à bord, grâce à une meilleure intégration des batteries et organes de propulsion. Pour un véhicule compact, cela signifie un habitacle plus spacieux, un volume de coffre préservé et une ergonomie revue, sans compromis sur la dynamique.
Ce choix technique permet à Mercedes de répondre aux contraintes d’homologation européennes, tout en anticipant les futures normes d’émissions. La plateforme MMA s’impose donc comme un pilon central de la gamme compacte à venir, adaptable aux besoins spécifiques de chaque marché.
Un moteur microhybride ultra-efficace, made in China
Sous le capot de ce futur modèle d’entrée, Mercedes mise sur une motorisation inédite : un bloc 1.5 turbo microhybride fonctionnant en cycle Miller, conçu pour maximiser le rendement énergétique. Il s’agit du moteur M252, développé en partenariat avec Geely et produit en Chine, dans une logique de coopération industrielle et de réduction des coûts de production. Un choix pragmatique qui s’inscrit dans une logique mondiale.
Ce moteur se distingue par sa sobriété extrême et son fonctionnement optimisé, comparable à celui d’un véritable hybride HEV plutôt qu’un simple microhybride. Grâce à une batterie de 1,3 kWh, supérieure à celle de certains modèles full hybrides comme la Toyota Corolla, il est capable de faire avancer le véhicule en mode 100 % électrique jusqu’à 100 km/h, notamment à faible charge.
Couplé à une transmission automatique à double embrayage 8 rapports et à un moteur électrique intégré, l’ensemble forme une chaîne de traction aussi fluide qu’efficace. Les estimations préliminaires laissent entrevoir une consommation inférieure à 5 l/100 km en cycle WLTP, un chiffre remarquable pour un véhicule compact essence. Mercedes entend ainsi proposer un “mechero” moderne, économe sans sacrifier le confort ou la technologie.