Dans l’histoire de l’automobile française, peu de modèles ont laissé une empreinte aussi indélébile que la Citroën 2 CV. Véritable symbole populaire, elle a motorisé la France d’après-guerre en incarnant l’idée d’une voiture simple, économique et accessible à tous. Aujourd’hui, près de 35 ans après l’arrêt de sa production, l’idée d’un retour modernisé du « deux-chevaux » refait surface, attisant la curiosité des passionnés comme des pragmatiques.
Le projet imaginerait une renaissance du 2 CV sous la forme d’une citadine micro-hybride, reposant sur une base technique issue de la Fiat Panda et de la plateforme STLA City du groupe Stellantis. Avec un bloc thermique d’environ 70 ch, épaulé par un système d’hybridation légère, la consommation viserait les 5 litres/100 km. Une formule pensée pour retrouver l’esprit originel de la voiture : peu coûteuse à l’achat, peu gourmande à l’usage, et adaptée au quotidien.
Mais transposer l’ADN du 2 CV dans le monde automobile de 2026 est un défi colossal. Les normes de sécurité, les attentes en matière de confort et de connectivité, sans oublier les contraintes écologiques et économiques, rendent la tâche plus complexe qu’il n’y paraît. Reste une question : ce projet relève-t-il d’un retour réaliste du mythe, ou d’un simple rêve nostalgique difficilement compatible avec les réalités actuelles du marché européen ?
L’héritage mythique du 2 CV et son retour fantasmé
Peu de voitures ont marqué l’histoire française autant que la Citroën 2 CV, symbole de simplicité et de liberté. Avec plus de 5 millions d’exemplaires produits, elle a motorisé plusieurs générations et laissé une empreinte indélébile dans la culture populaire. Imaginer son retour en 2026, sous une forme modernisée, ravive à la fois la nostalgie et le débat sur la pertinence d’un tel projet dans un marché automobile bouleversé par l’électrification et la réglementation.
Derrière ce projet, on retrouve le designer David Obendorfer, déjà connu pour ses évocations néo-rétro, et une implication directe du Citroën Style Center pour sceller la légitimité du résultat. Contrairement à un simple rendu d’étude, la Caselani Fourgonette, réalisée sur base de Citroën Berlingo, est bien réelle et produite en 200 exemplaires seulement. Cet hommage au 2 CV utilitaire historique démontre l’appétit du public pour un retour modernisé, et souligne que Citroën n’hésite pas à valider officiellement de telles démarches.
Entre passion et pragmatisme, un futur 2 CV modernisé pourrait donc s’appuyer sur ce courant néo-rétro. Mais les attentes du public – authenticité, prix accessible, simplicité – devront cohabiter avec les contraintes actuelles en matière de sécurité et d’équipements.
Une technique modeste mais adaptée à son époque
Selon les premières rumeurs, le futur 2 CV reposerait sur la plateforme STLA City, déjà utilisée pour les petites citadines du groupe Stellantis, et pourrait partager certains éléments techniques avec la Fiat Panda. Côté motorisation, il ne s’agirait pas d’une électrique pure, mais d’un bloc thermique micro-hybride de 70 ch environ. Objectif affiché : une consommation d’environ 5 l/100 km, permettant de contenir les coûts tout en respectant les normes actuelles.
Une telle solution collerait parfaitement à l’ADN originel du 2 CV : peu coûteux, peu gourmand et adapté à une utilisation quotidienne. Reste que le confort, la connectivité et les aides à la conduite imposés aujourd’hui pourraient alourdir la facture et éloigner le projet de la philosophie originelle.
La grande inconnue reste l’équilibre entre modernité et héritage : comment proposer une voiture conforme aux standards actuels sans perdre la sobriété fonctionnelle qui faisait le charme du modèle historique ?
Un prix annoncé autour de 15 000 € : rêve ou réalité ?
Le chiffre de 15 000 € circule comme prix d’appel pour ce futur 2 CV. Un tarif qui, sur le papier, le placerait face à des modèles comme la Dacia Sandero, référence du low-cost européen, ou certaines citadines chinoises électrifiées. Mais la faisabilité économique d’un tel prix reste incertaine.
En effet, l’intégration des normes de sécurité, de la connectivité obligatoire (appel d’urgence, ADAS de base), et des technologies d’hybridation, représente un coût non négligeable. Même Stellantis, pourtant expert de la mutualisation industrielle, devra arbitrer entre l’authenticité du concept et la rentabilité du projet.
Un modèle proposé à 20 000 € ou plus perdrait sans doute une grande partie de son attrait. Le rapport prix/plaisir sera donc l’élément décisif pour savoir si ce projet peut dépasser le stade du prototype nostalgique.
Défis réglementaires et enjeux industriels en Europe
Ressusciter le 2 CV ne se limite pas à un exercice de style. Les contraintes réglementaires pèsent lourdement sur toute nouvelle citadine thermique, même micro-hybride. En France, le malus écologique 2025 épargnera les petites motorisations sobres, mais les contraintes de sécurité (crash-tests, équipements obligatoires) imposent des investissements élevés.
Pour Citroën, le pari serait aussi industriel : produire un véhicule accessible dans un contexte où les coûts de fabrication européens explosent. Une fabrication hors d’Europe serait une option pour contenir les prix, mais au risque de brouiller le message d’un modèle censé incarner une part du patrimoine automobile français.
Reste la dimension marketing. Un 2 CV moderne, même imparfait, serait un formidable outil d’image pour Citroën, lui permettant de renouer avec son héritage et d’attirer une clientèle attachée au design rétro. Mais entre rêve nostalgique et réalité industrielle, la route reste semée d’embûches.