Le segment des pick-up reste l’un des derniers bastions de la motorisation thermique, notamment en Europe où la fiscalité et l’usage professionnel ont longtemps retardé leur électrification. Mais cela pourrait bientôt changer avec l’arrivée d’un nouvel acteur inattendu. KGM, nouveau nom de SsangYong, prépare un Musso EV au format imposant, aux prétentions sérieuses, et à la mécanique exclusivement électrique.
Loin du simple prototype, ce pick-up 5 places reposant sur un châssis séparé est déjà en phase de finalisation technique. Son architecture traditionnelle — avec essieu rigide à l’arrière, benne ouverte et garde au sol généreuse — reste fidèle à l’ADN des utilitaires classiques. Mais sous sa carrosserie, il adopte un moteur électrique pouvant atteindre jusqu’à 237 ch, et une configuration pensée pour une charge utile d’une tonne, une valeur rare pour un pick-up non thermique.
S’il reste à homologuer pour les marchés européens, le Musso EV vise clairement les professionnels et les particuliers actifs. KGM entend combiner les avantages d’un pick-up conventionnel (robustesse, modularité, gabarit) à ceux de l’électrique (silence, couple immédiat, zéro émission). Un pari osé, à l’heure où même Toyota et Ford n’ont pas encore lancé de pick-up 100 % électrique en Europe. Reste à connaître le prix, véritable juge de paix pour un véhicule de ce type.
Un format XXL fidèle à l’architecture utilitaire classique
Avec 5,20 m de long pour 1,93 m de large, le KGM Musso EV ne joue pas la carte de la discrétion. Il assume son gabarit de véritable pick-up double cabine, avec une benne ouverte, une architecture à châssis séparé et une garde au sol digne d’un franchisseur. Dans cette version électrique, le constructeur sud-coréen n’a pas touché aux fondamentaux : il s’agit toujours d’un véhicule conçu pour un usage utilitaire, à destination des artisans, des collectivités ou des amateurs d’activités outdoor.
Le Musso EV conserve son essieu arrière rigide, gage de robustesse en tout-terrain ou sous forte charge. À l’avant, le bloc électrique prend place dans un compartiment moteur classique, sans affecter l’agencement général. L’empattement long permet de loger une batterie de dimensions importantes sans empiéter excessivement sur l’espace habitable ni sur la benne.
Deux motorisations électriques, jusqu’à 237 ch et 1 tonne de charge utile
Côté technique, deux niveaux de puissance sont annoncés : 204 ch pour la version de base, et 237 ch pour la variante la plus performante. Ces blocs sont alimentés par une batterie dont la capacité n’a pas encore été précisée, mais dont l’objectif est de garantir une autonomie suffisante pour les trajets quotidiens, même en charge. Le constructeur n’a pour l’instant pas communiqué de chiffres d’autonomie ou de capacité de remorquage.
En revanche, la charge utile annoncée atteint 1 000 kg, une valeur équivalente à celle des Toyota Hilux, Ford Ranger ou Isuzu D-Max thermiques. Une transmission intégrale est également prévue sur certaines versions, ce qui ouvre la voie à une utilisation tout-terrain réelle. C’est un point crucial pour séduire une clientèle habituée aux pick-up diesel à boîte courte, souvent utilisés dans des conditions extrêmes.
Une présentation sobre, tournée vers l’essentiel
À bord, l’aménagement reste pragmatique. On retrouve une instrumentation numérique classique derrière le volant, un écran central (dont la taille reste à confirmer), et une planche de bord qui fait la part belle à la robustesse. Les commandes sont accessibles, la sellerie pensée pour un usage quotidien, et la banquette arrière offre un espace convenable pour trois adultes. Le Musso EV ne cherche pas à rivaliser avec les pick-up de luxe à l’américaine, mais plutôt à proposer une alternative électrique crédible dans le monde professionnel.
Le constructeur évoque déjà la possibilité de déclinaisons utilitaires ou spécifiques : benne basculante, aménagements forestiers, voire cellule atelier. Si le modèle parvient à offrir une autonomie suffisante et une recharge rapide, il pourrait séduire certaines collectivités engagées dans la transition énergétique.
Un lancement européen à confirmer, mais un positionnement stratégique
KGM (ex-SsangYong) entend commercialiser son Musso EV en Europe à partir de 2026. Pour l’heure, l’homologation n’est pas encore finalisée, mais le prototype présenté est jugé proche de la série. Dans un contexte où les pick-up électriques se font encore rares sur le Vieux Continent, l’arrivée du Musso EV pourrait marquer une étape importante. Seul le Maxus T90 EV peut actuellement lui être opposé, tandis que le Ford Ranger hybride rechargeable n’est attendu qu’en 2025, et que Toyota n’a pas encore électrifié son Hilux.
Reste la question du réseau de distribution et surtout du prix, encore inconnu. Si KGM parvient à rester en dessous des 55 000 € TTC, le Musso EV pourrait se tailler une part du marché auprès des professionnels. Mais l’implantation du constructeur en France reste limitée, et son image encore confidentielle. Le potentiel est réel, mais le pari reste risqué sans accompagnement commercial solide.