Dans l’univers des pick-up, les références semblent immuables. La Toyota Hilux règne sur le marché depuis des décennies, suivie de près par la Ford Ranger, qui truste désormais les ventes en Europe. Mais un nouvel acteur veut redistribuer les cartes : Kia. Avec la Tasman, la marque coréenne se lance pour la première fois sur ce segment, avec une ambition claire : s’attaquer aux géants établis avec un produit pensé à la fois pour le travail, les loisirs et la route.
Pour l’instant, la Tasman a fait ses débuts en Australie, un terrain où les pick-up sont aussi populaires que les SUV en Europe. Sous son capot, un 2.2 diesel robuste, épaulé par une option essence 2.5 turbo, permet d’assurer l’essentiel. Mais en Europe, le défi est bien plus complexe : entre malus CO₂ et normes environnementales de plus en plus strictes, difficile d’imaginer un tel modèle débarquer sans une évolution technologique majeure.
C’est précisément là que Kia joue sa carte maîtresse. Le constructeur coréen développe une version hybride du Tasman, qui pourrait bien ouvrir les portes du marché européen. À l’image de la Ford Ranger PHEV, déjà proposée en France, la Tasman hybride offrirait la possibilité de rouler en électrique au quotidien, tout en conservant ses qualités de franchisseur et sa vocation utilitaire. Une double promesse qui, si elle se concrétise, pourrait bouleverser l’équilibre d’un segment dominé depuis trop longtemps par les mêmes noms.
Un nouveau challenger sur le marché des pick-up
Les pick-up sont souvent associés à l’Amérique ou à l’Asie, mais ils n’ont jamais vraiment percé en Europe de l’Ouest. Pourtant, quelques modèles tirent leur épingle du jeu, notamment la Toyota Hilux, véritable institution, et la Ford Ranger, qui domine aujourd’hui le segment grâce à sa polyvalence et ses nombreuses déclinaisons. Face à ces deux piliers, Kia a décidé de tenter l’aventure avec la Tasman, son premier pick-up global.
Le choix du nom n’est pas anodin : il évoque à la fois l’exploration et la robustesse. L’Australie a eu la primeur du lancement, marché stratégique où les pick-up sont omniprésents dans les ventes. Là-bas, la Tasman se frotte directement aux références locales, dans un contexte où les clients attendent des véhicules capables d’endurer aussi bien les pistes poussiéreuses que les longs trajets routiers.
Des motorisations classiques pour le lancement
Pour séduire ces premiers marchés, Kia a opté pour des mécaniques éprouvées. La Tasman est d’abord proposée avec un diesel 2.2 de 204 ch, une motorisation déjà bien connue sur d’autres modèles du groupe Hyundai-Kia, et appréciée pour sa fiabilité et son couple généreux. Une option essence 2.5 turbo est également prévue, offrant davantage de dynamisme au volant, mais au prix d’une consommation plus élevée.
Ces choix montrent que Kia a voulu sécuriser son entrée sur le marché mondial du pick-up avant d’engager une offensive technologique. En Australie, en Amérique latine ou au Moyen-Orient, le diesel reste roi. Mais en Europe, la donne est toute autre : les malus écologiques et les normes de CO₂ rendent quasi impossible la commercialisation de ce type de motorisations à grande échelle.
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Une version hybride comme clé pour l’Europe
C’est là que Kia prépare son coup le plus stratégique. Le constructeur travaille sur une version hybride de la Tasman, sans qu’on sache encore s’il s’agira d’un simple hybride (HEV) ou d’un hybride rechargeable (PHEV). Dans tous les cas, une telle déclinaison permettrait au pick-up coréen de répondre aux contraintes européennes et de rivaliser directement avec la Ford Ranger PHEV, déjà disponible en France.
Un pick-up hybride représente plus qu’une réduction des émissions : c’est aussi une nouvelle approche d’usage. En ville ou pour les trajets quotidiens, la possibilité de rouler en 100 % électrique permet de réduire drastiquement la consommation de carburant et d’accéder aux zones à faibles émissions (ZFE). En usage professionnel ou de loisirs, la batterie peut servir de générateur, capable d’alimenter outils de chantier, équipements de camping ou accessoires de plein air. Une polyvalence qui colle parfaitement à l’image moderne du pick-up utilitaire-aventurier.
Un segment européen en mutation
Le marché des pick-up en Europe reste modeste, mais il existe une clientèle fidèle. La Toyota Hilux, bien qu’équipée d’une hybridation légère, reste très dépendante du diesel. La Ford Ranger, quant à elle, a pris une longueur d’avance avec sa version PHEV. Si Kia parvient à lancer la Tasman hybride, elle pourrait combler un vide et séduire à la fois les professionnels soucieux des normes et les particuliers en quête d’un véhicule à la double vocation.
Il ne faut pas non plus négliger le potentiel d’image. Jusqu’ici, Kia s’est imposé en Europe grâce à ses SUV compacts et ses modèles électriques. En se lançant sur le segment des pick-up, la marque montre une volonté de diversification et d’expansion, en particulier sur des terrains où les constructeurs asiatiques dominent déjà.
Vers une famille Tasman élargie ?
Au-delà du pick-up classique, Kia réfléchirait à décliner la Tasman en version fermée de type SUV, à l’image du Ford Everest dérivé de la Ranger ou du Toyota Fortuner basé sur la Hilux. Une telle variante élargirait encore son champ d’action et permettrait à Kia d’occuper un segment quasi déserté en Europe, celui des grands SUV à châssis échelle, capables de rivaliser avec les 4×4 traditionnels.
L’avenir de la Tasman en Europe dépendra donc de la rapidité avec laquelle Kia pourra finaliser et homologuer sa version hybride. Mais si le projet se concrétise, le marché français pourrait voir arriver un nouvel acteur capable de bousculer l’ordre établi, et d’offrir une alternative crédible à des modèles devenus presque intouchables.