Alors que la plupart des constructeurs multiplient les annonces de plans 100 % électriques et accélèrent l’abandon du thermique, Mazda avance à son rythme. Le constructeur japonais vient de confirmer une nouvelle étape dans sa transition énergétique, avec l’arrivée dès 2027 d’un moteur hybride inédit baptisé Skyactiv-Z. Ce bloc essence électrifié incarne une vision technique différente : améliorer le rendement du thermique, plutôt que le supprimer à tout prix.
Ce moteur sera inauguré par une nouvelle génération du Mazda CX‑5, qui ne basculera pas dans le tout-électrique mais proposera un système full hybrid développé en interne. Une annonce qui reflète la stratégie dite “multi-solution” de Mazda, déjà à l’œuvre avec l’hybride léger sur certaines versions, les partenariats techniques avec Toyota, ou encore le recours à des blocs partagés sur le Mazda2.
Cette stratégie baptisée “Multi-Solution” s’oppose à la voie plus radicale de constructeurs comme Renault, Volvo ou certaines marques du groupe Stellantis, qui visent une bascule 100 % électrique d’ici 2030. Chez Mazda, l’idée est simple : chaque technologie a encore sa place, selon la maturité des infrastructures, la fiscalité locale et les habitudes des clients.
Ce positionnement n’est pas nouveau. Mazda a toujours cultivé une forme d’indépendance technologique, en refusant les solutions toutes faites. Du moteur rotatif à la compression variable Skyactiv-X, en passant par une électrification très ciblée, le constructeur japonais n’a jamais hésité à suivre une route parallèle.
Le Skyactiv-Z : un nouveau moteur hybride au cœur du plan produit
Attendu pour 2027, le Skyactiv-Z représente un tournant pour Mazda : il s’agit du premier moteur full hybrid conçu entièrement en interne par la marque, contrairement au Mazda2 Hybrid actuel, qui est un rebadgeage du Toyota Yaris. Ce nouveau bloc thermique, couplé à un système d’électrification non rechargeable, a pour ambition de réduire significativement les émissions tout en préservant l’agrément de conduite.
Ce moteur dérivera directement de la technologie Skyactiv, avec des adaptations majeures pour fonctionner en synergie avec un moteur électrique. Il répondra bien entendu aux futures normes Euro 7, tout en visant une consommation réduite, inférieure à 5 l/100 km. L’accent sera mis sur la sobriété, la fiabilité et la simplicité mécanique, fidèle à l’ADN de la marque.
Le premier modèle à inaugurer ce groupe motopropulseur sera le nouveau Mazda CX‑5, dont le renouvellement est prévu pour fin 2025 au Japon, avec une arrivée en Europe courant 2026. Il servira de vitrine à cette nouvelle génération de technologies hybrides développées par Mazda pour rester compétitif sans dépendre entièrement de partenaires externes.
Hybride, thermique, électrique : Mazda adapte sa gamme par marché
La force de Mazda, c’est sa capacité d’adaptation. Plutôt que d’imposer un modèle unique à tous, la marque propose des solutions spécifiques à chaque région. En Europe, l’offre se concentrera autour des véhicules hybrides et électriques, en réponse aux contraintes réglementaires. En Asie et en Amérique, les moteurs thermiques continueront à jouer un rôle central, notamment sur les grands SUV et pick-up.
Actuellement, Mazda propose déjà un Mazda2 Hybrid (en réalité un Toyota Yaris rebadgé), mais ce dernier sera à terme remplacé par des modèles développés en interne. Le MX‑30 R-EV combine déjà moteur rotatif et électrification, dans une configuration originale de prolongateur d’autonomie. D’autres variantes électrifiées sont prévues, avec une électrification progressive de la gamme d’ici 2030, mais sans calendrier rigide.
Cette stratégie repose aussi sur des alliances techniques : Toyota pour l’hybridation et la connectivité, Changan pour les véhicules électriques destinés à la Chine, Isuzu pour les utilitaires. Mazda ne cherche pas à tout développer seule, mais à garder le contrôle de son ingénierie essentielle.
Quels enjeux pour Mazda en Europe ?
La question qui se pose, c’est celle de la cohérence de cette stratégie dans un contexte européen de plus en plus exigeant. La norme Euro 7 devrait imposer dès 2026 des contraintes strictes sur les émissions d’oxydes d’azote et de particules fines. Le Skyactiv-Z est donc attendu au tournant : il devra prouver qu’un moteur thermique peut encore cohabiter avec les exigences environnementales de demain.
Mazda joue aussi une carte délicate : rester dans la course sans céder à la tendance du tout électrique, qui impose des investissements colossaux et une dépendance accrue aux batteries et aux matières premières. En se positionnant comme un constructeur efficient, sobre et techniquement original, Mazda espère séduire une clientèle lassée de la surenchère technologique et des véhicules toujours plus lourds.
Reste que le défi est immense. Face à des groupes industriels beaucoup plus puissants, Mazda devra convaincre par la pertinence de ses choix et la qualité de son exécution. Si le Skyactiv-Z tient ses promesses, il pourrait bien devenir le symbole d’une autre voie vers la décarbonation.