Alors que la majorité des SUV modernes se transforme en crossovers routiers, Nissan semble vouloir raviver un segment en voie d’extinction : celui des véritables tout-terrain. D’après les premières informations venues d’Amérique, la marque japonaise s’apprête à relancer un nom mythique de son catalogue : le Xterra. Prévu pour 2027–2028, ce SUV serait basé sur la même architecture robuste que le prochain pick-up Frontier/Navara, avec un châssis à longerons, un gros V6 hybride, et des versions taillées pour l’off-road extrême.
Le programme est ambitieux : suspension renforcée, transmission intégrale, différentiel arrière verrouillable et déclinaisons Pro-4X pour les amateurs de franchissement. À l’opposé du SUV familial classique, Nissan vise ici un profil plus aventurier, plus radical, quitte à aller à contre-courant des tendances actuelles.
Mais ce retour soulève une vraie question pour le marché européen et français : y a-t-il encore une place pour un SUV lourd, hybride, et très orienté tout-terrain, dans un contexte où l’électrification intégrale et les normes strictes prennent le dessus ? Explorons ce que ce Xterra pourrait vraiment changer.
Un vrai SUV body-on-frame, à l’ancienne
L’annonce du retour du Nissan Xterra pour 2027–2028 est tout sauf anecdotique. Ce modèle, absent depuis près de dix ans, renaît dans une version fidèle à l’esprit d’origine : un SUV taillé pour l’aventure, reposant sur une architecture à châssis séparé (body-on-frame), partagée avec le prochain Nissan Navara / Frontier.
Ce type de plateforme, utilisée également par le Toyota 4Runner ou le Ford Everest, garantit des capacités tout-terrain sérieuses : garde au sol généreuse, suspension indépendante, transmission intégrale non permanente, et surtout, une capacité de charge et de remorquage supérieure à celle des SUV monocoques. C’est un retour aux fondamentaux pour ceux qui veulent un 4×4 qui s’emploie hors du bitume, et non un simple look baroudeur.
Le Xterra devrait aussi bénéficier d’une version Pro-4X, à l’instar des pick-up Nissan les plus extrêmes : elle inclurait un différentiel arrière bloquant, des plaques de protection, des pneus tout-terrain et une cartographie adaptée à la conduite sur terrain difficile.
Motorisation V6 hybride : entre puissance et compromis
Autre élément clé : Nissan prévoit d’équiper le Xterra d’un V6 couplé à un système hybride, une solution intermédiaire entre thermique pur et électrification totale. Selon les premières rumeurs, il s’agirait d’une motorisation partiellement électrifiée, probablement avec assistance électrique en bas régime pour améliorer le couple et réduire la consommation en usage mixte.
Ce choix de l’hybridation (et non du 100 % électrique) s’explique par la vocation off-road du véhicule, qui nécessite autonomie, puissance, et fiabilité mécanique dans des conditions extrêmes. Le constructeur mise sur un positionnement transitoire, capable de satisfaire les amateurs de nature sans les contraindre par l’autonomie ou les infrastructures de recharge.
C’est aussi un clin d’œil à ceux qui, en France ou ailleurs, considèrent les SUV modernes comme des voitures « stérilisées » : ici, le Xterra se positionne comme un véhicule d’exploration, au service d’un usage plus authentique.
Un Xterra en France ? Pas si simple
Sur le papier, ce Xterra a tout pour séduire une niche de passionnés en France. Mais plusieurs obstacles rendent sa commercialisation en Europe très incertaine.
- **Homologation européenne** : la plateforme body-on-frame, la motorisation V6 et l’architecture hybride spécifique nécessiteraient des adaptations aux normes CO₂, crash-tests, ADAS et émissions.
- **Positionnement tarifaire** : en cas d’importation, le Xterra pourrait atteindre **60 000 à 70 000 €**, hors bonus, ce qui le placerait face à des SUV premium déjà bien implantés.
- **Fiscalité française** : même avec un système hybride, un V6 pourrait générer un **malus CO₂ important**, sauf s’il répond à des normes d’hybridation suffisantes pour être exempté — ce qui reste à confirmer.
- **Demande réelle** : en dehors des amateurs de véhicules de loisirs ou d’utilitaires 4×4, la demande pour un SUV aussi typé reste limitée sur le marché français actuel.
Le Xterra pourrait donc rester un produit réservé à l’Amérique du Nord, à l’instar du Toyota 4Runner ou du Ford Bronco. À moins que Nissan Europe ne décide d’en proposer une version adaptée, simplifiée et éventuellement électrifiée davantage, pour contourner les contraintes réglementaires.
Une philosophie qui défie les tendances
Dans un marché où les SUV s’uniformisent, le Nissan Xterra 2027 représente un retour à une certaine idée du véhicule tout-terrain : utile, robuste, taillé pour les grands espaces. Une sorte de réponse japonaise au Ford Bronco ou au Jeep Wrangler, mais avec une touche de modernité grâce à l’hybridation.
Même s’il ne foule jamais le bitume européen, il pose une question intéressante : y a-t-il encore de la place pour un SUV authentique, sans artifice, dans un monde automobile aseptisé ? Pour les puristes, la réponse est claire. Pour les constructeurs, l’enjeu est d’arriver à conjuguer passion, utilité et législation.