Le groupe Volkswagen avait fait de ses usines allemandes de Zwickau et Emden les vitrines de sa transition vers l’électrique. Mais face à la baisse de rythme du marché, le constructeur doit lever le pied. Zwickau interrompra sa production pendant une semaine à partir du 6 octobre, affectant particulièrement l’Audi Q4 e-tron. À Emden, où sont assemblés les Volkswagen ID.4 et ID.7, les horaires de travail ont déjà été réduits et des fermetures temporaires de lignes sont envisagées.
Ces ajustements ne signifient pas un abandon de la stratégie électrique, mais ils traduisent la nécessité de mieux aligner la production avec la réalité de la demande actuelle.
Une demande moins dynamique que prévu en Europe
Le ralentissement de la demande en véhicules électriques touche la plupart des constructeurs, mais l’impact est particulièrement visible pour Volkswagen, qui avait misé sur une montée en cadence rapide. Si les ventes progressent, elles ne suivent pas le rythme des prévisions initiales.
Les raisons sont multiples : infrastructures de recharge encore inégales, prix des modèles électriques toujours élevés pour une partie de la clientèle, et incertitudes sur les aides publiques à moyen terme. Cette combinaison freine l’adoption massive, malgré la pression réglementaire européenne.
Volkswagen se retrouve donc contraint d’adapter ses volumes, sous peine d’accumuler des stocks coûteux dans un contexte de marge déjà sous tension.
la production de l’Audi Q4 e-tron. © Volkswagen
Un contexte social et industriel tendu en Allemagne
Ces ajustements s’inscrivent dans un climat social déjà sensible. En 2023, un vaste plan de restructuration avait permis d’éviter la fermeture de trois usines en Allemagne, mais au prix de 35 000 suppressions de postes prévues d’ici 2030. L’arrêt temporaire de Zwickau et le ralentissement d’Emden ne remettent pas en cause la pérennité des sites, mais illustrent la fragilité de leur équilibre économique.
Les discussions avec les syndicats allemands restent essentielles. Volkswagen doit composer avec la nécessité de préserver l’emploi tout en ajustant ses capacités de production à un marché moins porteur que prévu. La marge de manœuvre reste étroite pour concilier rentabilité et stabilité sociale.
La pression internationale et les incertitudes commerciales
Au-delà de la demande européenne, Volkswagen subit de plein fouet les tensions internationales. Le différend entre Bruxelles et Pékin sur les véhicules électriques importés de Chine, avec la menace de surtaxes douanières, pèse sur la compétitivité du groupe en Europe.
Aux États-Unis, les droits de douane renforcés sur les véhicules importés du Vieux Continent compliquent également la stratégie d’exportation. Les marques sœurs comme SEAT et CUPRA ne sont pas épargnées, et doivent elles aussi composer avec ce contexte défavorable.
Ces incertitudes commerciales viennent s’ajouter à une concurrence chinoise de plus en plus agressive, qui met en difficulté les constructeurs européens sur le terrain des prix et de la technologie.
Quel avenir pour la stratégie électrique de Volkswagen ?
Malgré ces difficultés, Volkswagen maintient son cap vers l’électrique, mais ajuste son calendrier. Le groupe continue d’investir dans la plateforme MEB et dans sa future génération de batteries, tout en freinant temporairement la cadence pour éviter la surproduction.
Le Cayenne, le Macan et d’autres modèles premium du groupe sont attendus pour renforcer l’offre, tandis que les modèles compacts devront gagner en compétitivité. La clé résidera dans la capacité du constructeur à réduire les coûts de production et à proposer des modèles plus abordables pour séduire une clientèle plus large.
Pour Volkswagen, la bataille ne fait que commencer : il s’agit désormais de trouver l’équilibre entre ambition électrique, viabilité économique et pression concurrentielle mondiale.