Ils ont eu droit à un GTI à l’ancienne. Nous, non. Pendant que l’Europe pliait sous les normes antipollution et les SUV à la chaîne, l’Amérique du Sud profitait en silence d’une pépite mécanique signée Renault Sport : le Sandero R.S. Une voiture simple, légère, mécanique, nerveuse. Une anomalie réjouissante dans un paysage automobile de plus en plus standardisé, où la sportivité se monnaye souvent à prix fort.
Basé sur le Dacia Sandero que l’on connaît bien chez nous, le Sandero R.S. n’avait pourtant rien de low-cost une fois passé entre les mains des ingénieurs de Renault Sport Brésil. Moteur 2.0 atmosphérique, boîte manuelle, châssis affûté, ligne agressive et double sortie d’échappement : tous les ingrédients d’une petite bombinette accessible étaient réunis. Le tout, pour moins de 18 000 € au Brésil à sa sortie. Autant dire un rêve éveillé pour les amateurs de sensations sans superflu.
Mais voilà, ce Sandero vitaminé n’a jamais traversé l’Atlantique. Une absence frustrante, d’autant plus incompréhensible que le marché européen a longtemps raffolé de ces GTI populaires façon Clio Williams ou 205 GTI. Ce Sandero R.S. aurait pu être l’héritier spirituel de ces icônes : abordable, fun et sans prétention. À la place, il reste un doux mirage, réservé à ceux qui regardent vers le sud avec envie.
Le Renault Sandero R.S. : un outsider explosif né pour le plaisir
Développé par Renault Sport pour le marché sud-américain, le Sandero R.S. est un véhicule aussi surprenant qu’attachant. Commercialisé au Brésil jusqu’en 2021, il s’impose comme une version survitaminée du Dacia Sandero que nous connaissons en Europe. Mais contrairement à son cousin sage, le R.S. assume une identité sportive bien trempée.
Son objectif était clair : offrir un GTI moderne, abordable et fiable, sans céder aux modes du downsizing ou de l’électrification. Une mission que ce modèle a relevée avec brio, en adoptant des choix techniques simples, robustes, mais diablement efficaces. Pas de turbo, pas de double embrayage ni de gadget technologique superflu. Juste un bon vieux moteur atmosphérique, une boîte manuelle et un châssis retravaillé.
Ce positionnement atypique s’explique aussi par le contexte local. En Amérique du Sud, les normes antipollution sont moins contraignantes qu’en Europe, et le public reste très friand de mécaniques éprouvées et de sensations brutes. Le Sandero R.S. est né de cette demande, à mi-chemin entre une citadine populaire et une sportive du quotidien. Une philosophie qui rappelle celle des GTI européennes des années 90.
Un moteur atmosphérique old-school et un poids contenu, la recette GTI d’antan
Sous le capot, le Renault Sandero R.S. abrite un bloc 2.0 litres atmosphérique de 150 ch pour 204 Nm de couple. Une fiche technique qui peut sembler modeste face aux standards actuels, mais qui révèle tout son intérêt une fois associée à un poids limité à 1190 kg. Ce ratio poids/puissance permet des accélérations franches et une vivacité rare à ce niveau de gamme.
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La boîte manuelle à six rapports participe à cette expérience pure et directe. Le 0 à 100 km/h est abattu en 8,5 secondes, un chiffre respectable pour une citadine polyvalente sans assistance électronique invasive. Ce n’est pas la vitesse de pointe qui compte ici, mais bien la manière de l’atteindre, avec un moteur linéaire, réactif, et une conduite engageante.
Le travail sur le châssis mérite aussi d’être souligné. Par rapport au Sandero standard, le R.S. est abaissé de 26 mm, et les barres de torsion sont renforcées (+17 % à l’avant, +65 % à l’arrière). Ces ajustements offrent une tenue de route bien plus affûtée, sans rendre le confort quotidien insupportable. Ce compromis entre rigueur et souplesse fait de cette petite Renault une vraie voiture de conducteur.
Un look sportif assumé, mais une polyvalence préservée
Visuellement, le Sandero R.S. affiche sans complexe son tempérament dynamique. Jantes de 17 pouces, double sortie d’échappement, lame avant redessinée, bas de caisse spécifiques, et surtout, un aileron posé au sommet du hayon viennent affirmer sa différence. Un style musclé mais sans excès, qui tranche avec la discrétion habituelle des modèles Dacia.
L’intérieur, lui, adopte quelques touches distinctives sans tomber dans l’ostentation. Logos R.S., pédalier en aluminium, sièges sport, et une planche de bord équipée d’un écran 7 pouces compatible Apple CarPlay et Android Auto : de quoi moderniser l’habitacle sans sacrifier la simplicité. C’est propre, fonctionnel, et en phase avec le positionnement général du modèle.
Surtout, le Sandero R.S. conserve toute sa polyvalence. Il peut emmener les enfants à l’école, faire les courses, ou avaler les kilomètres sur voie rapide sans transpirer. C’est une voiture complète, qui prouve qu’une utilitaire compacte peut aussi être source de plaisir. Et c’est précisément là que réside sa singularité : dans cette capacité à rester rationnelle tout en étant passionnelle.
Un tarif canon… pour un modèle qui restera un fantasme européen
Proposé au Brésil aux alentours de 17 000 à 18 000 € (équivalent), le Renault Sandero R.S. offrait un rapport prix/plaisir inégalé. À titre de comparaison, en France, un modèle de puissance équivalente exige souvent plus de 25 000 €, sans parler de l’électronique embarquée et des options obligatoires qui font grimper l’addition.
Pourquoi n’a-t-il jamais été commercialisé chez nous ? Plusieurs raisons s’entrecroisent : normes européennes plus strictes, positionnement de Renault Sport orienté vers des modèles plus premium, et sans doute une réticence du marché français à accueillir une bombinette “low-cost”. Une logique regrettable, quand on voit l’engouement suscité par des modèles comme la Clio R.S. ou la 208 GTI, disparues aujourd’hui du catalogue.
Finalement, le Sandero R.S. reste un exemple frappant de ce que l’automobile populaire pourrait (ou aurait pu) encore être : fun, accessible, et sans artifices. Dans une époque où la moindre once de sportivité semble réservée à une élite fortunée, ce GTI du peuple rappelle que le plaisir automobile n’a pas besoin d’être hors de prix.