Imaginez un engin de moins de 4 mètres, surélevé comme un monster truck, capable de tourner sur lui-même ou de rouler en crabe grâce à ses quatre moteurs électriques indépendants. Ce n’est pas un prototype militaire ni un délire de gamer, mais bien un modèle en production : le Vanderhall Brawley GTS, un véhicule tout-terrain 100 % électrique conçu aux États-Unis. Entre mini-baroudeur et buggy de luxe, il ne ressemble à rien de ce qui roule aujourd’hui sur nos routes.
Avec ses 398 chevaux, ses 45 cm de garde au sol, ses pneus de 35 pouces et ses modes de conduite spectaculaires (tank turn, crab walk…), le Brawley GTS revendique un terrain de jeu loin de l’asphalte. Sa philosophie : proposer une alternative radicale aux SUV traditionnels, dans un format compact mais suréquipé. Son autonomie varie entre 225 et 320 km selon la batterie choisie, et son prix débute autour de 50 000 dollars aux États-Unis.
Mais si la fiche technique impressionne, le Vanderhall Brawley GTS ne franchira sans doute jamais l’Atlantique. Entre normes européennes de sécurité, contraintes d’homologation, autonomie perfectible et service après-vente inexistant, ce petit monstre électrique a tout d’un rêve américain… difficilement compatible avec la réalité française.
Une fiche technique explosive : 4 moteurs, 398 ch et 45 cm de garde au sol
Sous sa carrosserie compacte se cache une architecture mécanique inédite : le Brawley GTS repose sur quatre moteurs électriques indépendants, un par roue, permettant une gestion ultra-précise de la motricité. Le total cumulé atteint 398 chevaux, avec un couple instantané particulièrement impressionnant, idéal pour les montées à fort pourcentage ou les franchissements techniques.
L’engin propose quatre modes de conduite spécifiques :
- eCrawl : pour avancer lentement sur terrain instable ou en descente contrôlée
- eTank : pivot sur place grâce à la rotation différenciée des roues
- eSteer : meilleure agilité à basse vitesse
- eCrab : roulage latéral pour se sortir de situations d’enlisement
Côté batterie, Vanderhall propose deux capacités : 40 kWh (≈225 km) et 60 kWh (≈320 km). L’autonomie est calculée sur un usage mixte, mais chute évidemment en tout-terrain intensif. Le poids reste contenu grâce à une conception tubulaire et une carrosserie en matériaux composites. L’ensemble repose sur une suspension à grand débattement (20 cm par roue), avec une garde au sol record de 45 cm, soit deux fois plus qu’un SUV classique.
Un véhicule de loisirs plus qu’un utilitaire au quotidien
Le Brawley GTS n’est pas pensé comme une voiture du quotidien. Il ne s’agit ni d’un SUV familial, ni d’un véhicule utilitaire. Son usage est clairement récréatif, pensé pour les zones rurales, les circuits d’off-road, ou comme véhicule secondaire pour clients fortunés. Il est d’ailleurs capable de remorquer jusqu’à 680 kg, mais il n’a ni le volume de coffre, ni la modularité d’un pick-up.
L’intérieur reste relativement spartiate, même si la version GTS offre quelques options de confort (air conditionné, écran tactile, système audio). Le positionnement vise davantage les passionnés d’aventure que les acheteurs traditionnels de SUV électriques. À noter : son gabarit compact lui confère une grande manœuvrabilité, notamment grâce au mode eCrab, mais il n’est pas adapté aux normes de circulation urbaine dense, surtout en Europe.
Le constructeur mise sur un marché de niche très spécifique, avec des volumes limités, un canal de distribution direct, et un public principalement nord-américain. Le Brawley est davantage un “jouet pour adultes” électrique, qu’un rival aux SUV compacts traditionnels.
Une homologation européenne quasi impossible en l’état
Même si son tarif de base — 49 950 dollars US — semble attractif pour un 4×4 électrique de cette puissance, l’arrivée du Brawley GTS en France semble hautement improbable. Plusieurs obstacles majeurs se dressent :
- Homologation : aucune indication sur une certification CE. Le véhicule ne répond pas aux normes de crash-tests, éclairage, pollution sonore, ni aux standards ADAS européens.
- Sécurité passive : l’absence de structure déformable conventionnelle, d’airbags ou d’aides à la conduite élimine toute immatriculation en catégorie VP.
- Fiscalité : pas de bonus écologique en France, malus à l’achat inapplicable sur un modèle non homologué, et TVA + douane à l’import.
- SAV et réseau : aucun centre agréé en France, aucune logistique pour les pièces détachées, aucune garantie valable sur le territoire.
Même dans le cadre d’une importation privée ou pour usage sur terrain privé, le Brawley GTS resterait très encadré, non assurables en usage routier classique, et donc réservé à des passionnés fortunés… ou à une exploitation très spécifique (domaine privé, tourisme off-road, usage agricole marginal).
Un engin fascinant qui fait rêver… mais restera sur les sentiers
Avec son design détonnant, sa fiche technique radicale et ses capacités tout-terrain hors normes, le Vanderhall Brawley GTS ravive une certaine idée de l’automobile passion : celle qui n’obéit pas aux codes, ne cherche pas à plaire à tous, et mise sur l’expérience pure. Il incarne une vision du tout-terrain électrique plus fun que fonctionnelle, qui séduit par son audace.
Mais en Europe, et plus encore en France, ce genre de véhicule est voué à rester hors du champ commercial. Non pas parce qu’il n’intéresse personne, mais parce que le marché, la réglementation et la logique industrielle ne laissent que très peu de place à ce type de proposition. À moins d’une version “softisée”, produite sous licence par un constructeur local et adaptée aux normes CE, le Brawley restera un rêve américain pour amateurs de liberté… et de poussière.