Depuis plusieurs décennies, le nom Mazda RX résonne comme une légende dans le monde automobile. Des RX-7 aux RX-8, ces coupés japonais à moteur rotatif ont marqué leur époque par leur singularité mécanique et leur aura de voitures de passionnés. Mais après plus de dix ans d’absence, et dans un contexte où l’électrification s’impose, Mazda semble prêt à faire renaître cette lignée mythique avec un projet qui alimente déjà toutes les rumeurs : le Mazda RX-9.
Contrairement aux attentes des puristes, ce futur RX n’entend pas revenir tel qu’on l’a connu. Les premiers indices, issus du concept Iconic SP et des informations qui filtrent depuis Hiroshima, laissent entrevoir une interprétation moderne de la recette : un coupé plus grand que le MX-5, au gabarit de GT sportif, qui alliera design néo-rétro et technologie hybride. La grande particularité viendrait de son moteur rotatif, non plus utilisé pour entraîner directement les roues, mais comme générateur électrique, à la manière de l’actuel Mazda MX-30 R-EV.
Cette orientation technique divise déjà les passionnés : certains y voient une trahison de l’esprit RX, d’autres saluent au contraire une manière intelligente de préserver l’âme rotative tout en répondant aux normes écologiques actuelles. Ce qui est certain, c’est que le Mazda RX-9 pourrait représenter un pari audacieux : celui de concilier passion mécanique, électrification et héritage historique, dans un segment des coupés sportifs en pleine mutation.

Le retour d’une légende Mazda
Pour comprendre l’importance du projet RX-9, il faut revenir sur l’histoire de la série RX. Le Mazda RX-7, lancé à la fin des années 70, est devenu un véritable mythe grâce à son moteur rotatif Wankel, sa légèreté et son style intemporel. Véritable icône de la culture japonaise et de la scène automobile mondiale, il a connu trois générations et s’est imposé aussi bien sur route que sur circuit. Son successeur, le Mazda RX-8, lancé en 2003, a poursuivi la tradition avec des portes arrière antagonistes inédites, mais un succès plus limité à cause de normes antipollution et d’une fiabilité critiquée.
Depuis l’arrêt de sa production en 2012, les passionnés espéraient un retour. Mazda n’a jamais caché son attachement au moteur rotatif, mais longtemps, il semblait incompatible avec les exigences modernes de consommation et d’émissions. L’arrivée du MX-30 R-EV, qui utilise un petit moteur rotatif comme prolongateur d’autonomie électrique, a changé la donne : la technologie est de retour, mais dans un rôle inédit. Le RX-9 pourrait être l’héritier direct de cette vision.

Un design inspiré du concept Iconic SP et du RX-7
Les premières illustrations du RX-9, bien que non officielles, sont révélatrices de l’orientation stylistique voulue par Mazda. Elles s’inspirent directement du concept Iconic SP, présenté en 2023, qui avait déjà marqué les esprits par ses proportions fluides et son allure de coupé GT moderne. Mais elles ajoutent un détail qui parlera immédiatement aux puristes : une bande noire reliant les feux arrière, clin d’œil assumé au RX-7 de seconde génération.
Ce mélange entre modernité et héritage historique illustre parfaitement la stratégie de Mazda : séduire les nostalgiques sans perdre de vue le public d’aujourd’hui. Plus imposant que le MX-5, le RX-9 pourrait se positionner comme une alternative japonaise aux coupés européens plus haut de gamme, tout en restant fidèle à l’élégance sobre chère à la marque d’Hiroshima.

Un moteur rotatif en générateur : une révolution contrariée
Le cœur du débat autour du RX-9 concerne évidemment sa mécanique. Les amateurs espéraient un retour du moteur rotatif comme source principale de propulsion. Or, tout indique que Mazda utilisera cette architecture uniquement comme générateur d’électricité pour un système hybride rechargeable. Le moteur rotatif ne ferait donc pas tourner les roues, mais alimenterait une batterie qui, elle, propulserait le véhicule grâce à un ou plusieurs moteurs électriques.
Ce choix technique est rationnel : le rotatif, compact et silencieux, excelle dans un régime constant, parfait pour un prolongateur d’autonomie. Mais il déçoit les puristes qui associent la saga RX à la sonorité unique et au caractère explosif du Wankel. Mazda prend ici un pari audacieux : transformer un symbole de passion mécanique en outil au service de l’efficacité et de l’hybridation.

Un positionnement plus GT que roadster
Contrairement au Mazda MX-5, symbole du roadster léger et accessible, le RX-9 semble se profiler comme un véritable coupé GT. Plus grand, plus puissant, plus orienté vers le confort sur longues distances que vers le plaisir brut du pilotage minimaliste, il pourrait représenter une montée en gamme dans l’offre sportive de Mazda.
Ce choix stratégique permettrait à la marque de se différencier sur un segment en mutation : celui des coupés thermiques ou hybrides, alors que beaucoup de constructeurs abandonnent ce marché au profit de SUV électriques. Le RX-9 pourrait donc devenir une exception japonaise, entre rationalité écologique et passion automobile.

Quel avenir en Europe et en France ?
En Europe, et particulièrement en France, le RX-9 devra composer avec une réglementation stricte. L’hybridation rechargeable et l’usage du moteur rotatif comme générateur pourraient lui donner l’avantage d’une étiquette Crit’Air favorable et d’émissions contenues, indispensables pour exister sur notre marché.
Face à des rivaux comme la Toyota GR86, l’Alpine A110 ou encore les coupés électriques émergents (Hyundai Ioniq 6 en version sportive, Tesla Model 3 Performance), le RX-9 jouerait la carte de l’originalité technologique. Son prix reste inconnu, mais Mazda devrait miser sur une offre plus accessible que les GT premium européennes, afin de rester fidèle à sa philosophie.