Un nom, quelques rendus et un soupçon de nostalgie suffisent parfois à faire frissonner les passionnés. Le Mazda MX-6, coupé japonais méconnu des années 90, pourrait connaître une résurrection inattendue. Selon certaines spéculations relayées par la presse spécialisée, la firme d’Hiroshima envisagerait de faire renaître ce badge oublié pour lancer un nouveau coupé compact à propulsion. Un projet qui s’inscrirait dans une dynamique de collaboration déjà bien ancrée entre Mazda et Toyota.
Ce MX‑6 nouvelle génération s’appuierait sur la plateforme du Toyota GR86, avec lequel il partagerait architecture, gabarit et philosophie, tout en adoptant un style propre à Mazda. Un scénario qui rappelle la relation entre Subaru BRZ et GR86 : même base technique, deux identités. Une stratégie crédible pour mutualiser les coûts de développement, tout en élargissant l’offre de coupés sportifs accessibles dans un segment de plus en plus déserté.
Mais derrière l’enthousiasme des amateurs d’anciennes GT japonaises se cache une réalité plus complexe. Le contexte réglementaire européen, la question des émissions, la rentabilité d’un tel modèle et sa place dans la stratégie Mazda posent de vraies questions. Le possible retour du MX‑6 ne serait donc pas qu’un simple clin d’œil au passé, mais peut-être un coup tactique dans un paysage où la sportivité se raréfie, mais ne disparaît jamais vraiment.
Un nom mythique prêt à renaître ?
Pour les plus jeunes, le nom MX‑6 n’évoquera peut-être rien. Mais pour les passionnés des années 90, il renvoie à un coupé japonais à la fois élégant, performant et discret. Le Mazda MX‑6 fut produit entre 1987 et 1997, en deux générations. Construit sur la même base que la 626, il se positionnait comme une GT accessible, dotée d’un V6 atmosphérique et d’une transmission intégrale sur certaines versions. Une proposition rare à l’époque, aujourd’hui totalement disparue.
Ressusciter ce nom aujourd’hui n’aurait donc rien d’anodin. D’une part, Mazda dispose d’un certain capital sympathie auprès des amateurs de modèles plaisir (MX‑5, RX‑8), d’autre part, la marque semble vouloir raviver une partie de son ADN en réexaminant son passé. En témoignent les concepts RX-Vision ou le retour récent du MX‑30 R-EV, qui combine électrification et moteur rotatif en tant que prolongateur d’autonomie.
L’idée d’un nouveau MX‑6 repositionné comme un coupé propulsion compact, à mi-chemin entre le Mazda MX‑5 et une berline sport, aurait donc tout son sens. Il s’adresserait à une clientèle en quête de plaisir de conduite pur, sans basculer dans le tout électrique ou les compromis familiaux. Une forme d’alternative aux sportives légères en voie de disparition.
Toyota dans les coulisses du projet ?
Les rumeurs qui entourent ce futur MX‑6 ne sortent pas de nulle part. Elles s’appuient sur une hypothèse technique crédible : la reprise de la plateforme du Toyota GR86, conçue conjointement avec Subaru. Ce châssis compact, à propulsion, léger, et doté d’un flat-four 2.4L atmosphérique, constitue une base idéale pour une déclinaison Mazda. D’autant plus que la marque d’Hiroshima et Toyota collaborent déjà activement, notamment pour la production de certains modèles électriques et l’exploitation d’usines partagées (comme à Huntsville, aux États-Unis).
Ce type de coopération technique permettrait à Mazda d’introduire un modèle image à moindre coût, sans devoir développer une plateforme dédiée. Toyota y trouverait également son intérêt, en mutualisant les volumes et les coûts de production d’un segment à faible rentabilité. Le parallèle avec la paire Toyota GR86 / Subaru BRZ est évident.
Un tel modèle offrirait aussi une certaine cohérence stylistique dans la gamme Mazda, avec un design plus fluide et épuré que celui du GR86, et une signature intérieure distincte. On peut imaginer un modèle à l’ADN très Mazda : moteur atmosphérique, boîte manuelle, transmission arrière, et un tarif attractif — bref, une recette simple mais efficace.
Un contexte favorable pour un coupé compact ?
Il y a quelques années encore, les coupés compacts thermiques à propulsion peuplaient les concessions : Toyota GT86, Nissan 370Z, Hyundai Genesis Coupé, Opel Calibra… Aujourd’hui, seuls le Mazda MX‑5 et les jumeaux GR86/BRZ tiennent encore le pavé. Tous les autres ont cédé face aux SUV, à l’électrification, ou aux normes.
Le paradoxe, c’est que malgré leur faible volume commercial, ces modèles incarnent souvent l’essence même de la marque. Le GR86 pour Toyota, le MX‑5 pour Mazda : ce sont des vitrines technologiques autant que des symboles de passion mécanique. Et bien qu’ils ne soient pas des best-sellers, leur existence nourrit l’image de marque auprès d’une communauté fidèle.
Un futur MX‑6 trouverait donc une place naturelle dans ce paysage appauvri. Il représenterait une proposition intermédiaire entre le très léger MX‑5 et les sportives premium trop onéreuses. Il s’adresserait à un public averti, en quête de plaisir de conduite, simplicité mécanique, et prix raisonnable. Dans un marché dominé par les hybrides et les SUV électrifiés, une telle voiture ferait figure d’exception… donc de proposition différenciante.
Quels enjeux pour Mazda en Europe ?
La grande question reste celle de la réglementation. En 2026, le cadre européen sera plus strict encore avec l’arrivée de la norme Euro 7, et les moyennes de CO₂ par flotte rendront difficile l’intégration d’un coupé thermique pur dans la gamme. Mazda devra donc compenser cet éventuel MX‑6 par des modèles électrifiés ou par une stratégie de niche bien calibrée.
Cela dit, la solution d’une hybridation légère 48V ou d’un moteur à cycle Miller, déjà utilisé dans le CX‑60, pourrait permettre de répondre aux contraintes sans dénaturer la vocation du modèle. Mazda a aussi montré sa capacité à créer des moteurs thermiques optimisés pour les normes européennes, avec des consommations et des émissions contenues.
Positionné juste au-dessus du MX‑5, le MX‑6 pourrait offrir plus de polyvalence, un châssis plus long, et un confort légèrement supérieur, tout en préservant le caractère joueur des propulsions Mazda. Il ne viserait pas le volume, mais bien l’image de marque et le cœur des passionnés.
