À la fin des années 1990, l’industrie automobile n’était pas encore prête pour un SUV comme le Isuzu VehiCROSS. Compact, musclé, audacieux, et surtout très éloigné des standards stylistiques de l’époque, ce modèle 3 portes à la gueule de baroudeur cyberpunk a marqué les esprits… mais pas les ventes. Conçu comme un laboratoire roulant du savoir-faire d’Isuzu en matière de 4×4 compacts sportifs, le VehiCROSS n’a jamais vraiment trouvé sa place sur le marché, sauf dans le cœur d’une poignée de passionnés.
Produite entre 1997 et 2001, cette drôle de machine a pourtant tout d’un bon élève en dehors des salles de classe : plateforme raccourcie de Trooper, moteur V6 costaud, transmission intégrale Torque on Demand, et carrosserie moulée avec des panneaux composites, le tout dans une silhouette volontairement clivante. Trop extrême ? Peut-être. Trop en avance sur son temps ? Très certainement.
Une renaissance inattendue, à l’ère du numérique
Plus de deux décennies plus tard, le Isuzu VehiCROSS fait un retour remarqué… sur YouTube et les réseaux sociaux. Restaurations spectaculaires, projets off-road extrêmes, ou simplement fascination rétro : l’OVNI des années 90 devient peu à peu un objet culte. Avec moins de 6 000 unités produites dans le monde, chaque exemplaire est aujourd’hui recherché, restauré, admiré.
Alors que la mode est au néo-rétro et que les marques ressuscitent les icônes oubliées, le VehiCROSS pourrait bien incarner un candidat parfait pour un retour électrique, ou du moins inspirer une génération de designers en mal d’audace.
Isuzu VehiCROSS : l’OVNI du tout-terrain qui a devancé son époque
Lancé en 1997, le Isuzu VehiCROSS n’était pas un SUV comme les autres. Conçu d’abord comme un concept-car futuriste, il fut mis en production presque à l’identique, un pari osé pour un constructeur plutôt conservateur. Résultat : un SUV 3 portes au look agressif, à la silhouette musclée et au design totalement hors norme, y compris selon les standards de l’époque.
Avec ses moulures en plastique noir, sa carrosserie bicolore injectée par moulage, ses ailes proéminentes et son hayon vertical, le VehiCROSS adoptait un style avant-gardiste… ou trop décalé. Il a été produit d’abord pour le Japon (1997), puis pour les États-Unis (1999 à 2001), totalisant à peine 5 958 exemplaires dans le monde. Si sa carrière fut brève, son originalité reste gravée dans la mémoire de ceux qui l’ont croisé.
Design audacieux et innovations techniques inédites
Au-delà de son apparence unique, le VehiCROSS a surpris par ses solutions techniques audacieuses. Il fut l’un des premiers véhicules à intégrer le système Torque on Demand (TOD) développé avec BorgWarner. Ce dispositif répartissait automatiquement le couple entre les essieux en temps réel, offrant une motricité intelligente sans intervention du conducteur.
Côté châssis, le VehiCROSS reposait sur la base raccourcie du Trooper, mais avec une suspension double triangulation à l’avant et essieu rigide à l’arrière, configuration idéale pour le tout-terrain. Il proposait également des amortisseurs à régulation de pression par fluide, dérivés du rallye, rares dans la catégorie. Bref, le style n’était pas là pour masquer une fiche technique creuse : le VehiCROSS était un vrai 4×4, performant, robuste et innovant.
Un V6 musclé pour un vrai 4×4 compact
Sous son capot court et large, le Isuzu VehiCROSS embarquait un V6 atmosphérique de 3,5 litres, développant 215 chevaux et couplé à une boîte automatique à 4 rapports. Ce moteur d’origine GM permettait au SUV d’afficher des performances très correctes pour son gabarit, avec une accélération de 0 à 100 km/h en moins de 9 secondes. Mais là encore, c’est en tout-terrain que le VehiCROSS impressionnait vraiment.
Grâce à sa garde au sol généreuse, sa transmission intégrale intelligente et ses angles d’attaque dignes de véritables baroudeurs, il pouvait affronter des terrains très accidentés. Il n’était pas rare de le voir évoluer dans des épreuves off-road extrêmes aux États-Unis, où certains préparateurs en ont fait un 4×4 de compétition ultra-modifié.
En résumé : un SUV compact, mais un vrai franchisseur, capable de rivaliser avec des icônes comme le Wrangler ou le Montero de l’époque, avec une touche de radicalité en plus.
De l’échec commercial à l’icône culte des passionnés
Pourquoi un tel véhicule a-t-il été un échec commercial ? Le style très polarisant du VehiCROSS a sans doute rebuté une clientèle plus habituée aux formes consensuelles des RAV4 ou CR-V. Son prix relativement élevé, sa faible praticité (3 portes, coffre peu accessible) et son positionnement flou n’ont pas aidé. Résultat : arrêt de la production en 2001, après seulement quatre ans.
Mais ce qui fut un handicap à l’époque est devenu un atout 20 ans plus tard. Le VehiCROSS est aujourd’hui recherché, collectionné, parfois modifié. Des vidéos de restaurations et de préparations circulent sur YouTube, contribuant à raviver l’intérêt pour ce modèle devenu culte malgré lui.
Dans un monde automobile de plus en plus uniforme, le VehiCROSS fait figure d’icône rétro-futuriste. Il symbolise une époque où certains constructeurs osaient encore expérimenter. Et si Isuzu n’a pas (encore) annoncé son retour, beaucoup rêvent de le voir renaître, pourquoi pas sous une forme électrique fidèle à son esprit pionnier.