Le dirigeant de Nissan a expliqué que le faible coût de la main-d’œuvre en Chine, comparé à celui des États-Unis et du Japon, offre un avantage significatif en termes de production. Cette différence salariale pourrait influencer les stratégies de localisation des usines de Nissan, tout en exacerbant la pression sur les coûts de production dans les pays à la main-d’œuvre plus chère. Pour Nissan, il s’agit de trouver un équilibre entre compétitivité, qualité de production et respect des contraintes économiques locales.
La prise de parole du CEO intervient dans un contexte où les coûts salariaux ne cessent d’augmenter, notamment aux États-Unis, tandis que la Chine conserve un avantage en termes de coût de production. Cette réalité pousse Nissan à revoir ses priorités pour maintenir sa compétitivité face aux autres constructeurs mondiaux.
Nissan annonce 9 000 suppressions d’emplois
Nissan n’est pas au mieux de sa forme en ce moment, avec une situation compliquée suite à une baisse significative des ventes à la fois en Chine et aux États-Unis, ce qui a conduit à la décision de supprimer jusqu’à 9 000 emplois et 20 % de sa capacité de production mondiale (Reuters).
L’objectif est désormais de réduire les coûts, soit quelque 2,6 milliards de dollars. Nissan emploie 133 580 personnes dans le monde, ce qui signifie que la suppression de 9 000 emplois représenterait une réduction de 6,7 %. Le PDG de Nissan, Makoto Uchida, n’a pas précisé quand interviendraient ces suppressions d’emplois ou les réductions de production, avec 25 usines dans le monde.
Au premier semestre, les ventes mondiales ont baissé de 3,8 %, en grande partie à cause d’une chute de 14,3 % sur le marché chinois. Un marché très particulier et très, très sauvage en termes de prix, où BYD s’impose face à Volkswagen et où il existe une multitude de constructeurs locaux avec une sursaturation de véhicules hybrides et électriques.
Aux États-Unis, le problème réside dans l’offre de SUV – ou plutôt dans le manque de SUV hybrides disponibles– où Toyota a su tirer son épingle du jeu et connaît un grand succès, tout comme l’approche de Hyundai pour les années à venir. Les ventes sont en baisse de 3 %, à environ 449 000 véhicules – ces marchés sont si importants qu’ils représentent à eux seuls près de la moitié du volume des ventes mondiales de Nissan.
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Impact sur la stratégie globale de Nissan
Les propos du CEO mettent en lumière les choix stratégiques que Nissan devra faire pour rester compétitif. L’implantation des usines, les investissements technologiques et la recherche d’efficacité opérationnelle seront déterminants pour naviguer dans ce contexte économique difficile. Pour les usines de Nissan situées en Chine, les États-Unis ou au Japon, ces écarts salariaux pourraient dicter les investissements futurs ou amener à des restructurations pour maintenir les coûts sous contrôle.
Cependant, cette question des salaires n’est pas sans susciter des tensions potentielles avec les syndicats et les employés, notamment dans les pays où les coûts de main-d’œuvre sont élevés. L’enjeu social et économique est de taille pour Nissan, qui doit gérer la perception publique tout en restant compétitif à l’échelle mondiale.
Nissan va céder sa participation de 10 % dans Mitsubishi
Selon le vice-président exécutif Hideyuki Sakamoto, l’une des solutions envisagées consiste à modifier la vitesse des lignes d’assemblage et des équipes au lieu de réduire la production. Une autre mesure prise par Nissan consistera à vendre une participation de 10 % dans Mitsubishi Motors pour un montant d’environ 68,6 milliards de yens (environ 413 millions d’euros).
“Nous n’aurions pas pu prévoir que les véhicules hybrides connaîtraient une croissance aussi rapide. Nous avons commencé à comprendre cette tendance vers la fin de la dernière année fiscale », a déclaré Uchida. Le Nissan Murano de nouvelle génération a récemment été dévoilé, le plaçant au-dessus du Nissan Kicks (remplaçant du Juke), mais il est équipé de moteurs à essence turbocompressés conventionnels, provenant de modèles Infiniti.
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La gestion des disparités salariales dans l’industrie automobile
L’enjeu des écarts salariaux ne se limite pas à Nissan. D’autres constructeurs automobiles doivent également composer avec cette réalité pour rester compétitifs sur le marché mondial. Chaque marque adopte sa propre approche pour faire face à ces différences de coûts : certains préfèrent délocaliser des segments de production dans des pays où la main-d’œuvre est moins coûteuse, tandis que d’autres investissent massivement dans l’automatisation et la recherche d’efficacité.
Stratégies des concurrents pour contrer les écarts
Pour des constructeurs comme Toyota, Volkswagen ou General Motors, l’objectif est similaire : réduire les coûts tout en maintenant un haut niveau de qualité. La localisation stratégique des usines, la diversification des chaînes d’approvisionnement et l’adaptation des gammes de produits en fonction des marchés sont autant de leviers activés pour rester compétitifs. Les écarts salariaux influencent également la recherche de nouveaux marchés et l’allocation des ressources pour maximiser la rentabilité globale.
Cependant, le recours systématique à des régions à faible coût de main-d’œuvre peut entraîner des critiques, notamment en matière de responsabilité sociale des entreprises. L’impact sur les emplois dans les pays où la main-d’œuvre est plus chère pose également un défi en termes d’image et de relation avec les syndicats.
Enjeux pour l’avenir de Nissan et de l’industrie
L’avenir de Nissan dépendra de sa capacité à naviguer dans un contexte économique marqué par les écarts salariaux mondiaux. L’entreprise devra continuer d’innover pour réduire ses coûts, tout en cherchant à préserver des emplois et à maintenir un équilibre social. Le rôle des politiques gouvernementales, telles que les accords commerciaux ou les taxes à l’importation, pourrait également influencer la manière dont l’industrie réagit à ces défis.
À plus long terme, la globalisation des coûts et les pressions liées à la compétitivité pourraient pousser l’industrie automobile vers des solutions plus radicales, comme l’automatisation accrue ou la collaboration entre constructeurs pour mutualiser certaines ressources.