C’est un chiffre qui donne le vertige. 200 000 unités commandées en trois minutes. Un exploit commercial qui propulse le Xiaomi SU7 au rang de phénomène mondial avant même son arrivée en concession. Sur les plateformes chinoises, l’emballement a été immédiat : files d’attente virtuelles, serveurs saturés, réservations en rafale… La marque chinoise, déjà reine du smartphone, vient de signer une entrée fracassante dans le monde automobile.
Mais cette avalanche de commandes ne doit rien au hasard. Xiaomi a frappé fort, avec un SUV électrique agressif à tous les étages : prix plancher, design statutaire, technologie de pointe et performances dignes de segments supérieurs. Le SU7 n’est pas qu’un nouveau modèle, c’est un manifeste. Un avertissement clair adressé aux constructeurs traditionnels, y compris européens.
Là où d’autres s’essoufflent à écouler leurs stocks, Xiaomi crée la rareté par l’excès de désir. La firme n’a pas vendu un SUV. Elle a vendu une promesse : celle de rendre l’électrique haut de gamme accessible au plus grand nombre. Et à voir la réaction du public chinois, cette promesse a trouvé son écho.
Le retour électrique d’une icône : design spectaculaire et performances qui enterrent l’original
Alors que l’Europe observe avec un mélange de curiosité et de nervosité, une question s’impose : le raz-de-marée Xiaomi pourrait-il bientôt déferler sur nos routes ? Ce qui se joue ici dépasse le simple succès commercial. C’est l’équilibre du marché mondial de l’électrique qui vacille sous l’effet Xiaomi.
200 000 SUV vendus en 180 secondes : le coup de tonnerre signé Xiaomi
La scène semble irréelle, presque orchestrée pour battre tous les records : 200 000 exemplaires du Xiaomi SU7 ont trouvé preneur en seulement trois minutes. En Chine, cette ruée numérique rappelle les plus grandes heures des lancements d’iPhone… mais cette fois, il s’agit d’un SUV électrique. Un événement inédit dans l’histoire automobile récente.
Cette frénésie d’achats témoigne de l’excellente maîtrise de Xiaomi dans l’art de créer le désir. Pré-campagnes calibrées, communication agressive, teasing millimétré… tous les ingrédients étaient réunis pour créer un climat d’urgence. Résultat : en moins de temps qu’il n’en faut pour faire le plein d’un diesel, Xiaomi a écoulé l’équivalent d’une année de production pour certains constructeurs généralistes.
Ce succès fulgurant résonne comme un signal fort : le marché chinois est prêt à basculer massivement vers l’électrique, à condition que le produit réponde à un triptyque devenu non négociable : prix, technologie, image. Le SU7 coche les trois cases.
Un SUV électrique ultra-compétitif à prix choc
L’arme fatale du SU7 ? Un tarif de départ fixé à 253 500 yuans, soit environ 32 500 euros. Pour un SUV 100 % électrique, c’est tout simplement agressif. Xiaomi le positionne comme une alternative directe – et bien plus accessible – au Tesla Model Y, dont le tarif d’entrée en France dépasse les 45 000 euros.
Cette politique tarifaire n’est pas le fruit du hasard. Xiaomi, fidèle à son modèle économique éprouvé dans l’électronique, applique une stratégie de marge ultra-faible pour s’imposer par le volume. Avec une chaîne d’approvisionnement partagée avec ses smartphones, la firme optimise chaque composant, chaque process industriel, au bénéfice du client final.
Mais au-delà du prix, le SU7 mise sur une promesse technologique forte. Xiaomi ne vend pas un simple SUV : il vend un objet connecté sur roues, intégré à son écosystème, avec la même logique de fidélisation que dans le monde du mobile. Et cela, pour des millions de consommateurs chinois, a une résonance bien plus forte que le logo d’un constructeur traditionnel.
Fiche technique musclée : puissance, techno et autonomie XXL
Sous sa carrosserie fluide et moderne, le SU7 cache une fiche technique qui ferait rougir bien des concurrents. Le modèle est proposé en trois finitions :
- Standard : propulsion, 299 ch, batterie BYD, autonomie de 700 km (cycle CLTC).
- Pro : transmission intégrale, 673 ch, batterie CATL, 800 km d’autonomie.
- Max : 675 ch, batterie semi-solide CATL, architecture 800 V, 0 à 100 km/h en 2,8 s.
Revival électrique incomplet : le modèle mythique revient mais sans la batterie qui compte vraiment
Autrement dit, Xiaomi n’a pas conçu une voiture d’entrée de gamme. Il s’agit ici d’un SUV performant, doté d’équipements high-tech comme un LiDAR pour la conduite autonome, un grand écran incurvé 3K de 16,1 pouces, ou encore un système d’exploitation maison intégrant les services Xiaomi.
L’autonomie annoncée – jusqu’à 800 km en cycle CLTC – reste à relativiser en cycle WLTP, mais place tout de même le SU7 parmi les meilleurs du segment. L’usage d’une architecture 800 V est également une première dans cette gamme de prix, permettant des charges ultra-rapides et confirmant les ambitions de Xiaomi.
Vers une offensive européenne ? Ce que l’on peut attendre en France
Pour l’instant, le SU7 est réservé au marché chinois. Mais Xiaomi ne cache pas ses ambitions mondiales. L’Europe – et la France en particulier – pourrait représenter un terrain de conquête logique, à condition d’adapter le produit aux normes locales (homologation, crash-tests, compatibilité avec les infrastructures de charge).
Plusieurs freins devront cependant être levés : la réputation des constructeurs chinois en Europe, la sensibilité autour des droits de douane, et la capacité de Xiaomi à déployer un réseau après-vente crédible face aux acteurs historiques.
Mais si le SU7 parvient à conserver ses tarifs planchers en s’implantant dans l’Hexagone, il pourrait bousculer en profondeur les équilibres du marché, notamment dans un contexte où le pouvoir d’achat est sous tension et où les subventions pour les véhicules électriques sont de plus en plus ciblées.
Derrière cette opération de séduction à grande échelle se joue un enjeu bien plus vaste : celui de l’industrialisation de la voiture connectée à prix populaire, une révolution que Xiaomi semble bien décidé à incarner.