Le prochain BMW iX3 n’est pas seulement un nouveau SUV électrique. C’est le premier ambassadeur d’une transformation beaucoup plus profonde : celle d’un constructeur premium qui reconstruit sa voiture de zéro autour du logiciel. Alors que les plateformes électriques se multiplient, BMW mise sur la Neue Klasse pour changer de paradigme : une nouvelle base technique, une électronique centralisée, et surtout une architecture logicielle maison, développée sans compromis.
Dans ce nouveau modèle, plus de dizaines de calculateurs dispersés à travers le véhicule : la Neue Klasse regroupera toutes les fonctions majeures – moteur, freinage, multimédia, assistance – dans quatre superordinateurs, chacun dédié à un domaine précis. Le plus emblématique porte un nom évocateur : “Heart of Joy”, véritable chef d’orchestre des sensations de conduite, de la récupération d’énergie au contrôle de traction. Une promesse d’homogénéité, de réactivité, mais aussi de stabilité pour les mises à jour futures.
BMW ne cache pas son intention : ne pas reproduire les erreurs de Volkswagen ou Volvo, piégés par des retards logiciels coûteux. En internalisant entièrement le développement de son code – via son écosystème CodeCraft – le groupe bavarois entend garder le contrôle total sur l’expérience utilisateur, la fiabilité des systèmes, et l’évolution du produit. Le iX3 devient ainsi un SUV électrique premium, mais aussi un véritable véhicule informatique sur roues, pensé comme un produit numérique à part entière.
Un SUV électrique comme vitrine de la Neue Klasse
Avec le iX3 de nouvelle génération, BMW fait bien plus qu’ajouter un énième SUV électrique à sa gamme. Il s’agit du premier modèle 100 % électrique développé sur la plateforme Neue Klasse, qui servira de socle à l’ensemble des futurs modèles compacts et familiaux du constructeur allemand. Ce projet marque une rupture nette avec les architectures précédentes, souvent conçues pour accueillir à la fois des motorisations thermiques et électrifiées.
La Neue Klasse vise l’optimisation complète de l’efficience, avec une plateforme dédiée aux batteries, une meilleure aérodynamique, et une répartition du poids revue. Le iX3 en bénéficiera en priorité, mais c’est bien l’intégration technologique globale qui le distingue. Tout est repensé pour offrir une connectivité fluide, une conduite plus prédictive, et une gestion intelligente de l’énergie. L’électrification est ici au service d’un ensemble cohérent, centré sur le numérique.
Ce iX3 ne sera pas seulement plus performant ou plus efficient : il posera les bases du futur de BMW en matière de conception produit. D’ici 2025, cette plateforme accueillera également une berline du gabarit d’une Série 3, puis des modèles plus compacts. Mais c’est bien le SUV familial qui aura la charge d’ouvrir le bal — et de prouver que BMW est capable de maîtriser l’électrique de bout en bout, sans renoncer à son identité.
Le cerveau logiciel du iX3 : comment BMW redéfinit le véhicule connecté
La véritable révolution ne se cache pas sous le capot, mais dans les calculateurs embarqués. Alors que la plupart des véhicules modernes embarquent des dizaines d’unités électroniques indépendantes, souvent issues de fournisseurs différents, BMW prend une autre direction : la centralisation extrême. Le iX3 sera doté de quatre supercalculateurs, chacun gérant un domaine fonctionnel majeur du véhicule. Une architecture conçue pour plus de stabilité, d’agilité, et d’uniformité.
Le plus emblématique, baptisé “Heart of Joy”, pilotera la dynamique du véhicule : accélération, freinage, récupération d’énergie, répartition du couple. Ce cœur logiciel traduit la volonté de BMW de reprendre le contrôle total sur l’expérience de conduite, en orchestrant les interactions entre mécanique et électronique avec une précision inédite. Finis les conflits entre calculateurs ou les temps de latence : tout est pensé pour fonctionner en symbiose.
L’interface homme-machine, la navigation, les aides à la conduite ou encore la gestion de la batterie seront confiées à des modules dédiés mais interconnectés. Les mises à jour OTA (Over The Air) seront assurées par une infrastructure logicielle interne, conçue autour de l’environnement CodeCraft. Ce système maison permet à BMW de compiler des milliers de lignes de code quotidiennement, de tester virtuellement de nouveaux algorithmes, et de garantir une évolution continue du produit, comme un smartphone premium.
Pourquoi BMW veut tout développer en interne
Dans un contexte où de nombreux constructeurs sont freinés par des logiciels sous-traités (à l’image de Volkswagen et sa division Cariad), BMW fait le choix stratégique de tout coder en interne. Une décision lourde, mais assumée, qui repose sur une conviction forte : le logiciel est aujourd’hui aussi stratégique que le moteur thermique l’était hier. Contrôler le code, c’est contrôler le produit, ses performances, sa sécurité, et sa capacité à évoluer dans le temps.
BMW a ainsi internalisé une grande partie du développement, avec des équipes réparties entre l’Allemagne, l’Europe de l’Est et l’Inde. Le but ? Une réactivité maximale, une réduction des bugs critiques, et une meilleure maîtrise des cycles de mise à jour. Contrairement à une approche modulaire où chaque système électronique dépend de son propre fournisseur, BMW veut une architecture unifiée, simplifiée, et totalement optimisée pour ses véhicules électriques.
Cette stratégie permet aussi d’anticiper les évolutions réglementaires : évolutions de la conduite autonome, normes de cybersécurité, compatibilité avec les standards de recharge ou de navigation intelligente. En maîtrisant son logiciel, BMW se dote d’un levier stratégique à long terme, capable de différencier ses véhicules dans un marché de plus en plus homogène sur le plan matériel.
Un iX3 pensé comme un produit numérique à part entière
Avec le iX3 Neue Klasse, BMW ne commercialisera pas seulement un SUV électrique, mais un objet technologique en constante évolution. Cette notion de “Software-Defined Vehicle” (véhicule défini par le logiciel) devient la nouvelle norme pour les constructeurs qui veulent survivre dans la décennie à venir. Ici, la promesse est claire : un véhicule capable d’apprendre, de s’adapter et de s’améliorer avec le temps, grâce à ses mises à jour OTA et à une architecture modulaire.
Ce changement de philosophie aura des conséquences profondes pour l’utilisateur. Plus besoin d’attendre un restylage pour bénéficier d’une nouvelle fonction : un simple correctif ou une mise à jour suffira à faire évoluer l’expérience. La connectivité, la personnalisation des menus, les alertes de maintenance ou l’ajout de services à la demande (comme le préchauffage batterie ou la navigation augmentée) pourront être activés selon les besoins, via une plateforme numérique.
BMW prépare donc un virage aussi technique que culturel. Le iX3 ne sera pas seulement la nouvelle vitrine de l’électromobilité bavaroise. Il incarne aussi un changement d’ère, où l’intelligence logicielle prend le pas sur la mécanique, où l’agilité du code prime sur le nombre de cylindres. Reste à convaincre les conducteurs que cette nouvelle définition de la “plaisir de conduire” passe désormais aussi… par des lignes de code.