Le diesel est devenu indésirable dans l’automobile. Victime de normes d’émissions de plus en plus strictes, de zones à faibles émissions (ZFE) et d’une image écornée, il a été progressivement éliminé des citadines, SUV compacts et familiales. Pourtant, il subsiste un bastion résistant : les véhicules tout-terrain et les pick-up professionnels, où son couple à bas régime, sa fiabilité et sa faible consommation en conditions sévères restent sans égal. Un bastion que Toyota ne compte pas abandonner… mais qu’elle prépare à transformer en profondeur.
Avec ses modèles comme le Hilux ou le Land Cruiser, Toyota est l’un des derniers grands constructeurs à proposer encore des diesel dans sa gamme. Mais l’entreprise, leader mondial de l’hybridation, travaille déjà activement à leur succession. Pour ses modèles les plus extrêmes, la marque mise désormais sur une technologie encore marginale : l’hydrogène. Pas celui que l’on brûle dans un moteur classique, mais celui utilisé dans des piles à combustible, capables d’alimenter silencieusement un moteur électrique, sans émission directe de CO₂.
Derrière cette stratégie se cache une vision à long terme. Toyota considère que les pick-up et les 4×4 professionnels resteront longtemps incompatibles avec les contraintes de l’électrique classique : autonomie, recharges, fiabilité mécanique. À l’horizon 2035, l’entreprise espère remplacer totalement ses motorisations diesel par l’hydrogène, tout en maintenant les capacités tout-terrain, l’autonomie et la polyvalence qui font la réputation de ses utilitaires. Le chantier est immense, mais les prototypes roulent déjà. Le Hilux H2 pourrait bien incarner cette transition à venir.
Un bastion du diesel sur la sellette
Le diesel vit ses dernières années dans l’automobile grand public, mais il conserve encore une place stratégique dans le monde du tout-terrain. Là où l’électrification s’impose dans les citadines, les pick-up et 4×4 dédiés aux usages agricoles, industriels ou militaires restent très majoritairement propulsés par des blocs diesel robustes. Toyota, pourtant pionnier de l’hybride avec une gamme quasiment 100 % électrifiée, maintient le diesel sur ses modèles iconiques : le Hilux et le Land Cruiser.
Cette exception n’est pas anodine. Dans des marchés comme l’Australie, l’Afrique ou certaines zones rurales d’Europe, l’autonomie, la capacité à encaisser les charges lourdes et l’absence de réseau de recharge rendent le diesel encore incontournable. Le Hilux, pick-up de référence dans ces régions, y est souvent utilisé comme un véhicule de mission, sur des terrains isolés et dans des conditions extrêmes. Pour ces clients, ni l’hybride ni l’électrique classique ne sont des solutions viables à court terme.
Pourquoi l’électrique classique ne suffit pas
Si Toyota croit fermement à l’électrification, l’entreprise reconnaît que les batteries ont leurs limites. Sur un pick-up ou un tout-terrain destiné au travail intensif, l’autonomie chute vite en cas de charge importante, de relief accidenté ou d’usage prolongé hors bitume. À cela s’ajoutent des temps de recharge souvent incompatibles avec les besoins professionnels, et un réseau de bornes quasi inexistant dans certaines régions.
Sean Hanley, vice-président de Toyota Australie, le résume sans détour : « Les diesel ne vont pas disparaître au cours de la prochaine décennie, mais au-delà, je pense que l’hydrogène prendra leur place. » Le constructeur prépare donc une transition pragmatique, qui respecte les usages réels des utilisateurs, plutôt que de suivre une électrification aveugle. En clair : Toyota ne renoncera pas à ses modèles diesel sans une alternative crédible.
L’hydrogène, une solution adaptée aux contraintes du terrain
Toyota travaille depuis plusieurs années sur l’intégration de l’hydrogène dans ses véhicules utilitaires. Deux pistes sont explorées : la combustion directe d’hydrogène dans des moteurs thermiques, et surtout la pile à combustible, qui utilise l’hydrogène pour produire de l’électricité et alimenter un moteur électrique. Cette seconde solution offre les avantages de l’électrique – silence, couple instantané, zéro émission – sans la contrainte de la recharge, puisque le plein se fait en quelques minutes.
Le constructeur a déjà développé plusieurs prototypes, notamment un Hilux FCEV (Fuel Cell Electric Vehicle), testé dans des conditions réelles. Objectif : comprendre les besoins des utilisateurs professionnels qui roulent actuellement en Hilux diesel, et adapter la technologie en conséquence. Toyota capitalise sur son expertise avec la Mirai, déjà vendue en France, mais doit relever plusieurs défis : coût élevé, infrastructure de ravitaillement encore rare, et production d’hydrogène vert encore limitée.
Vers une mutation du 4×4 professionnel à horizon 2035
Pour Toyota, l’hydrogène est le candidat idéal pour remplacer le diesel à moyen terme, notamment sur les pick-up, SUV tout-terrain et utilitaires lourds. Le calendrier est clair : le diesel survivra jusqu’en 2030, mais l’objectif est d’assurer une transition vers l’hydrogène à partir de 2035. En ligne de mire : les marchés où le diesel reste indispensable aujourd’hui, mais où la pression réglementaire et environnementale impose une évolution rapide.
La stratégie de Toyota diffère de celle de certains concurrents européens ou américains, qui misent tout sur les batteries. Le constructeur japonais préfère une approche multi-technologique, où l’hybride, le 100 % électrique et l’hydrogène coexistent selon les usages. Si cette vision s’avère juste, le futur pick-up tout-terrain zéro émission ne sera pas forcément branché… mais alimenté par un plein d’hydrogène.