La Citroën 2CV, symbole d’une époque, pourrait bien connaître une seconde jeunesse. Face à la vague actuelle de néo-rétros à succès – Mini, Fiat 500, Renault 4 et tout récemment la Renault 5 E-Tech – Citroën explore activement la possibilité d’un retour modernisé de la 2CV, adapté aux normes actuelles et aux attentes économiques.
Cette perspective n’a rien d’un fantasme isolé : en interne, Stellantis envisage bel et bien une 2CV réinterprétée, reposant sur des bases techniques éprouvées, avec une motorisation hybride légère et un design inspiré de l’original. En ligne de mire, un objectif simple mais ambitieux : redonner à la 2CV son statut de voiture populaire, dans un marché où l’entrée de gamme se raréfie.
Le modèle pourrait voir le jour autour de 2028, date hautement symbolique qui marquera les 80 ans de la présentation de la première 2CV. Une opportunité parfaite pour mêler nostalgie, modernité… et accessibilité.
Plateforme Smart Car : la base d’un retour crédible
L’un des leviers clés de cette résurrection serait l’usage de la plateforme Smart Car, déjà utilisée pour les nouvelles Citroën C3 et future Fiat Panda. Conçue pour offrir une solution low-cost adaptée aux marchés émergents mais aussi à l’Europe, cette base technique permet de proposer des motorisations thermiques, hybrides et 100 % électriques sur un format urbain.
Citroën envisagerait ainsi de doter la future 2CV d’une micro-hybridation légère de 101 chevaux, associée à une consommation maîtrisée autour de 5,2 l/100 km. Un choix stratégique, bien plus en phase avec le pouvoir d’achat actuel que les modèles 100 % électriques aux tarifs parfois prohibitifs.
Cette motorisation serait couplée à une transmission manuelle ou automatique simple, garantissant un usage urbain sans superflu. Le tout, dans un gabarit compact, maniable et cohérent avec l’ADN utilitaire et accessible de la 2CV originelle.
Design et positionnement : une 2CV entre émotion et raison
Selon les designers maison, l’idée d’une nouvelle 2CV “n’a jamais été abandonnée”. Pierre Leclercq, directeur du style Citroën, évoque même une envie forte de la concrétiser, à condition de respecter l’esprit du modèle d’origine : simplicité, légèreté, bon sens et sourire dans les lignes.
Paradoxe automobile : pourquoi ces voitures condamnées à mort s’arrachent comme des petits pains
Le positionnement tarifaire serait l’un des points cruciaux du projet. Située entre la Citroën Ami (moins de 8 000 €) et la nouvelle C3 (à partir de 14 990 €), cette nouvelle 2CV pourrait viser une fourchette autour de 17 000 à 19 000 €, ce qui la rendrait nettement plus compétitive qu’une Renault 5 E-Tech, affichée à 25 000 € minimum.
Son style néo-rétro, combinant capote souple, phares ronds et simplicité de carrosserie, constituerait un argument majeur auprès des jeunes urbains, mais aussi des nostalgiques. Un clin d’œil au passé, sans verser dans la caricature.
Défis industriels et enjeux pour le marché français
Relancer une telle icône ne se fait pas sans précaution. Citroën le sait : la 2CV est un symbole, presque un mythe, et ne peut pas être abordée comme une simple gamme produit. Le design devra séduire sans trahir, la technique devra convaincre sans exploser les coûts, et le positionnement devra rester en phase avec la vocation populaire du modèle.
Le défi est d’autant plus stratégique que le marché français subit une pression croissante des marques chinoises, positionnées sur l’entrée de gamme électrifiée. Or, ces modèles restent souvent impersonnels, là où une 2CV moderne pourrait apporter une identité forte, une histoire, et un attachement émotionnel.
À l’heure où la mobilité abordable est menacée, la réinvention de la 2CV pourrait bien représenter l’arme la plus fine de Citroën pour reprendre le flambeau des voitures simples, joyeuses et accessibles. À condition que le constructeur ait le courage de la faire renaître… vraiment.