Difficile de coller une étiquette au DS N°8. Avec ses lignes mêlant les codes de la berline, du coupé, du crossover et du SUV, ce nouveau vaisseau amiral de DS ne ressemble à rien d’existant. Et c’est peut-être là toute sa force. Conçu pour incarner le summum du savoir-faire de la marque premium française, ce modèle 100 % électrique symbolise un véritable pari pour Stellantis, qui joue gros avec ce véhicule censé séduire les amateurs d’automobiles premium désireux de conjuguer style, confort et électrification.
Doté d’une autonomie pouvant dépasser les 750 km, le DS N°8 entend démontrer que le voyage électrique longue distance est aujourd’hui une réalité. Son intérieur raffiné, inspiré de l’art déco, ses technologies de pointe — de l’assistant vocal basé sur ChatGPT à la vision nocturne — et ses prestations routières promettent de replacer DS dans la cour des grands. Mais cela suffira-t-il face à des adversaires tels que le BMW i4, le Polestar 2 ou le Mercedes CLA électrique ?
À travers cet essai, nous décryptons les atouts et les limites d’un modèle aussi singulier qu’ambitieux, qui vise à écrire un nouveau chapitre de l’automobile premium française.
DS N°8 : un pari audacieux entre berline, crossover et SUV
Le DS N°8 intrigue dès le premier regard. Avec ses 4,82 mètres de long et ses 1,58 mètre de haut, il brouille les pistes : ni véritable berline, ni SUV, ni même crossover au sens traditionnel, ce modèle hybride de genres entend séduire un public à la recherche d’un design singulier. Basé sur la plateforme STLA Medium du groupe Stellantis, il incarne le nouveau fleuron de DS, un véhicule sur lequel la marque fonde de grands espoirs pour affirmer sa place dans l’univers du premium électrique.
Avec ses 15,5 cm de garde au sol, le DS N°8 revendique une polyvalence accrue, tout en préservant une silhouette élancée au Cx de 0,24, gage d’efficacité aérodynamique. L’enjeu est de taille : séduire une clientèle exigeante face aux ténors allemands, tout en participant à la montée en gamme des productions françaises dans un marché très disputé.
Un design extérieur qui interpelle : entre luxe et rupture esthétique
Le DS N°8 ne laisse pas indifférent. Sa face avant se démarque par des projecteurs matriciels étirés, encadrant une calandre rétroéclairée aux lames actives, alliant esthétique et fonction de refroidissement. De profil, la ligne presque coupé peine néanmoins à masquer sa hauteur, malgré une ceinture de caisse haute et des jantes pouvant atteindre 21 pouces.
L’arrière joue l’effet miroir avec la signature lumineuse avant, tandis que le logo DS disparaît au profit d’une barre lumineuse continue. Proposé en finitions Pallas (élégance sobre) et Étoile (plus démonstrative), le DS N°8 affiche des détails soignés : couleurs exclusives, éléments chromés et design des jantes différencié. Un style qui divise : audacieux pour les uns, déroutant pour les autres.
À bord du DS N°8 : un habitacle art déco haut de gamme
L’habitacle surprend par sa personnalité affirmée, loin des standards aseptisés. Le style art déco, les matériaux nobles (aluminium brossé, cuir, Alcantara) et la console centrale flottante créent une atmosphère raffinée. Le volant en forme de X, aussi singulier que clivant, impose une prise en main originale, tandis que la position de conduite légèrement surélevée rappelle celle d’un crossover.
Technologiquement, le DS N°8 impressionne : écran tactile 16 pouces fluide et lisible, combiné d’instrumentation 10,25 pouces, affichage tête haute, vision nocturne avec détection jusqu’à 300 mètres, et assistant vocal basé sur ChatGPT. L’ergonomie générale est réussie, même si la personnalisation des interfaces reste limitée.
Les places arrière offrent un confort soigné, avec climatisation indépendante, sièges chauffants et ventilés, et une finition équivalente à l’avant. L’espace, en revanche, pâtit des batteries sous le plancher : assise basse, jambes pliées, garde au toit limitée pour les plus d’1,80 m. Le coffre de 620 litres, bien pensé, constitue en revanche un point fort.
Des performances électriques taillées pour l’autonomie
Le DS N°8 se décline en trois versions :
- 230 ch / 74 kWh / 550 km WLTP
- 245 ch / 92,7 kWh / 750 km WLTP
- 350 ch / 92,7 kWh / 664 km WLTP (AWD)
La version la plus puissante affiche un 0 à 100 km/h en 5,4 secondes, mais ce n’est pas un modèle conçu pour chasser les chronos. Son poids, supérieur à 2,2 tonnes, limite son agilité sur petites routes. En revanche, la suspension adaptative DS Active Scan, qui lit la route grâce à une caméra et ajuste le tarage en continu, offre un confort remarquable, notamment en mode Comfort.
Le mode Sport raffermit l’ensemble sans transformer le N°8 en GTI : la direction reste précise, mais les pneus écologiques avouent vite leurs limites en conduite dynamique.
Autonomie, consommation et recharge : un champion des grandes distances ?
Les consommations relevées confirment les ambitions : 14 kWh/100 km sur un parcours descendant, 27 kWh/100 km sur un itinéraire montant. De quoi envisager 500 km réels sur autoroute avec la grande batterie, une performance de haut niveau, seul un Mercedes EQS faisant mieux.
Côté recharge, le DS N°8 accepte :
- 11 kW AC de série
- 160 kW DC, permettant un 10-80 % en environ 30 minutes
- Charge bidirectionnelle, pour alimenter d’autres véhicules ou des appareils électriques
Un atout supplémentaire qui accentue sa polyvalence.
Prix, positionnement et rivaux : un premium français face aux ténors allemands
Le DS N°8 débute à 57 000 € (Pallas 230 ch) et dépasse les 74 000 € (Étoile AWD 350 ch). À ce tarif, il échappe au bonus écologique, réservé aux modèles plus abordables. Sa cible : BMW i4, Mercedes CLA électrique, Polestar 2, Tesla Model 3, avec un positionnement tarifaire plus compétitif que les Allemandes, mais plus élevé que les généralistes.
Son challenge : convaincre un public exigeant par son style, son autonomie et son confort, dans un contexte où les SUV traditionnels dominent encore largement le marché.