Pendant qu’en France, la Hyundai Ioniq 6 — berline électrique de près de 4,90 m — s’affiche à 52 400 € en version de base, l’Espagne propose une offre renversante : 27 310 € seulement, avec financement et Wallbox incluse. Une réduction de près de 25 000 €, soit plus de 45 % d’écart pour un véhicule quasi-identique.
Certes, les dispositifs fiscaux ne sont pas les mêmes. La TVA espagnole est plus basse, les aides à l’achat sont plus souples, et les régions d’Espagne offrent parfois des bonus cumulables. Mais cela ne suffit pas à justifier un tel gouffre, surtout quand l’offre s’accompagne d’une politique commerciale agressive de Hyundai Espagne : remises directes, communication ciblée, équipements valorisés.

La question est simple : à quoi joue Hyundai avec le marché français ?
Le client espagnol est clairement courtisé. Le client français, lui, est oublié.
Hyundai France, de son côté, reste figé sur des tarifs élitistes, inéligibles au bonus écologique national (seuil fixé à 47 000 €). Et aucune remise substantielle, aucun leasing préférentiel, aucune opération choc n’est proposée. Résultat : une berline pourtant performante, bien finie et moderne… reste cantonnée au rang de modèle vitrine, réservé à une minorité de clients fortunés.
Il ne s’agit pas ici de dénoncer l’Espagne. Bien au contraire. Il s’agit de poser une question légitime : pourquoi, en 2025, un automobiliste français paie-t-il presque deux fois plus pour la même voiture que son voisin ibérique ?
Dans un contexte où la transition électrique est censée se démocratiser, où l’on parle d’équité d’accès et d’objectifs carbone, ce genre d’écart choque, indigne et mine la crédibilité de toute une stratégie industrielle.

France : même modèle, double tarif, et zéro effort commercial
En consultant le configurateur français, la réalité est brutale :
- La version d’entrée de gamme (Intuitive 77,4 kWh) s’affiche à 52 400 €.
- Le modèle n’est pas éligible au bonus écologique français (plafond à 47 000 €).
- Aucune remise constructeur ni offre “coup de poing” comparable à l’Espagne n’est proposée.
Pire encore, cette berline est commercialisée au prix d’une BMW i4, voire d’une Mercedes EQE, sans bénéficier du même prestige de marque ni du réseau premium.
Hyundai France semble faire le choix d’un immobilisme tarifaire, pariant sur une image haut de gamme encore loin d’être consolidée.

Une politique tarifaire à deux vitesses qui interpelle
Le traitement différencié entre les marchés européens ne date pas d’hier. Mais dans un contexte de transition énergétique tendue, où l’adoption des véhicules électriques stagne faute de pouvoir d’achat, ce type d’écart devient incompréhensible, voire injustifiable.
Pourquoi un acheteur espagnol peut-il rouler en Ioniq 6 neuve à moins de 28 000 €, quand un Français doit aligner plus de 52 000 € ? Pourquoi aucune action équivalente n’est lancée sur notre territoire, pourtant stratégique pour la marque ?
Hyundai France doit des explications : sur sa stratégie produit, sur son inertie tarifaire, et sur son absence de réponse face aux attentes d’une clientèle qui ne demande qu’à passer à l’électrique… à condition que cela soit économiquement possible.

La Ioniq 6, belle… mais isolée
Esthétiquement réussie, techniquement aboutie, bien positionnée sur l’autonomie et la recharge rapide, la Hyundai Ioniq 6 a tout pour séduire.
Mais en France, elle reste un modèle de vitrine, inaccessible pour 90 % des acheteurs.
Pendant ce temps, en Espagne, elle roule déjà en nombre, vendue au prix d’une compacte, et intégrée dans un plan de conquête offensif.
Deux marchés, deux philosophies. Une même voiture. Et une frustration croissante côté français.