Au milieu des années 90, Toyota se lance dans un projet aussi ambitieux que discret : créer un équivalent japonais du Hummer H1, initialement conçu pour les Forces d’Autodéfense japonaises. Le résultat, c’est le Toyota Mega Cruiser, un monstre de 5,09 mètres de long, réservé à l’élite de l’engagement tout-terrain, et produit en quantités ultra limitées pour le marché civil.
Rarement exporté en dehors du Japon, ce colosse aux lignes anguleuses, au gabarit militaire et à la technologie avancée, a toujours eu une aura d’exception. À l’image de son homologue américain, il ne cherche pas à séduire par la discrétion ou le raffinement, mais par sa capacité à aller là où très peu de véhicules osent s’aventurer.
Avec seulement 133 exemplaires civils produits, le Mega Cruiser est devenu un mythe roulant pour les collectionneurs, un engin qui attire autant la curiosité que le respect dans les cercles d’amateurs de 4×4 extrêmes.

Une fiche technique qui force le respect, même 25 ans plus tard
Sous son capot, le Mega Cruiser cache un moteur 4.1 litres turbodiesel de 155 ch, délivrant 380 Nm de couple. Des chiffres modestes à l’échelle actuelle, mais suffisants pour animer les plus de 2 800 kg à vide de l’engin, surtout avec une boîte automatique conçue pour encaisser les pires traitements.
Mais c’est surtout sur le plan de la transmission que le Mega Cruiser impressionne : transmission intégrale permanente, trois différentiels verrouillables, direction sur les quatre roues, suspensions indépendantes… Autant de technologies qui, à l’époque, étaient bien plus avancées que celles de nombreux 4×4 civils contemporains.

Le Mega Cruiser n’était pas conçu pour la vitesse, mais pour la résistance et la capacité de franchissement ultime. Il peut évoluer sur terrains déformés, gravir des pentes abruptes et encaisser les pires conditions sans broncher. En clair, c’est un outil d’intervention, déguisé en SUV civil, à peine assagi.

Un habitacle à l’image de son ADN militaire : brut et sans concessions
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Autant le dire sans détour : le Toyota Mega Cruiser n’a pas été pensé pour séduire les amateurs de luxe ou de confort moelleux. Dès qu’on ouvre la portière, le ton est donné. Plastiques durs, instrumentation minimale, sellerie basique… tout respire la fonctionnalité, rien n’évoque le raffinement.

Le tableau de bord semble emprunté à un utilitaire des années 80, avec une disposition austère et peu de concessions au style ou à l’ergonomie moderne. Pas de système d’infodivertissement, pas de commandes tactiles, encore moins d’aides à la conduite. Ici, on parle mécanique, robustesse et efficacité.
Mais ce dépouillement n’est pas une erreur de conception : c’est un choix parfaitement assumé, en ligne avec les origines militaires du modèle. L’intérieur a été pensé pour résister, pas pour flatter. Il se nettoie au jet d’eau, supporte les bottes boueuses, et reste lisible dans les pires conditions. Un cockpit plus qu’un salon.

C’est peut-être ici que le Mega Cruiser divise : fascinant de l’extérieur, légendaire sur le plan technique, mais très loin des standards actuels de confort. Les puristes y verront une preuve d’authenticité, les autres, un simple rappel de ses racines.
Un mythe rare devenu objet de culte pour les passionnés de 4×4
Aujourd’hui, le Toyota Mega Cruiser est l’un des véhicules tout-terrain les plus rares et les plus convoités au monde. Avec une production civile limitée à 133 exemplaires, il est devenu une pièce de collection recherchée, souvent vendue à des prix très élevés — lorsqu’un exemplaire se présente sur le marché.

Sa mécanique simple mais robuste, sa conception sans compromis et son héritage militaire en font une icône absolue pour les amateurs de franchissement extrême. On le retrouve parfois restauré, parfois laissé dans son jus, mais toujours respecté.
Il n’est ni pratique au quotidien, ni confortable, ni même particulièrement performant sur route. Et pourtant, il continue de faire rêver. Parce qu’il incarne une époque, une philosophie, et surtout une forme de liberté mécanique qu’on ne retrouve plus aujourd’hui.