Alors que l’on évoquait depuis plusieurs mois une fusion stratégique entre Honda et Nissan, les discussions n’ont pas abouti. En cause notamment : des divergences sur la technologie hybride, avec un désaccord autour du maintien par Nissan de son système e-POWER. Honda, de son côté, a choisi de ne pas s’aligner… et de chercher d’autres leviers pour accélérer sa transition électrique.
C’est dans ce contexte que l’accord avec Tesla prend tout son sens. Plutôt que de miser sur une alliance industrielle complexe, Honda opte pour des partenariats ciblés, souples et pragmatiques. Et le constructeur californien représente aujourd’hui un point d’entrée stratégique dans deux domaines essentiels : l’infrastructure de recharge et la réglementation environnementale.
Le connecteur NACS : un pas décisif pour l’électrification de Honda
À partir de 2025, tous les modèles électriques Honda et Acura vendus en Amérique du Nord adopteront le connecteur NACS développé par Tesla. Ce choix leur permettra d’accéder au réseau de Superchargeurs Tesla, qui reste le plus dense et le plus fiable du continent.
C’est un tournant technologique majeur, qui facilite l’adoption du VE par les clients Honda, sans que la marque n’ait à construire sa propre infrastructure. Cette décision aligne Honda sur la stratégie déjà adoptée par Ford, General Motors, Mercedes-Benz et Hyundai, renforçant la standardisation progressive autour du connecteur Tesla en Amérique du Nord.
Un partenariat en Europe aussi… mais pour les émissions
En parallèle, Honda se rapproche aussi de Tesla… mais cette fois sur un autre terrain : celui des crédits d’émissions CO₂ en Europe. Avec Suzuki, Honda rejoint un pool de constructeurs autour de Tesla, permettant de mutualiser les performances environnementales.
L’objectif est clair : compenser les émissions des modèles thermiques encore au catalogue, en s’adossant aux ventes de VE « propres » de Tesla. Ce mécanisme permet à Honda d’éviter les amendes infligées par l’Union européenne en cas de dépassement des limites d’émissions moyennes. Une solution transitoire, mais efficace, en attendant que l’électrification complète de la gamme soit réellement en place.
Une électrification accélérée par des alliances ciblées
Ces deux accords avec Tesla illustrent parfaitement la nouvelle stratégie de Honda : ne pas se précipiter dans des fusions ou des alliances rigides, mais s’appuyer sur des partenaires technologiques pour franchir des étapes-clés. En choisissant Tesla, Honda gagne en efficacité, tant sur le plan de l’infrastructure que sur celui de la conformité réglementaire.
Tout en développant ses propres plateformes (notamment en partenariat avec Sony pour le projet AFEELA), Honda se positionne comme un constructeur flexible, ouvert mais déterminé, qui avance vers l’électrique à son rythme, sans renier son indépendance. Et avec Tesla comme levier, cette transition pourrait bien s’accélérer plus vite qu’on ne l’imaginait.