Alors que l’hydrogène est souvent présenté comme le carburant du futur, son stockage et son transport posent encore de nombreux défis. C’est dans ce contexte que la société britannique Dearman propose une alternative innovante : un moteur fonctionnant à l’azote liquide, un carburant plus sûr et plus facile à stocker que l’hydrogène.
L’azote liquide est un gaz cryogénique qui, une fois chauffé, se transforme en gaz à haute pression, générant ainsi une énergie mécanique exploitable. Contrairement à l’hydrogène, il ne présente aucun risque d’explosion, et son stockage ne nécessite pas de solutions coûteuses ou complexes. De plus, il est déjà utilisé dans plusieurs industries, ce qui facilite son adoption dans le secteur des transports.
L’idée d’un moteur à azote liquide n’est pas nouvelle. Des expérimentations ont eu lieu dès le XXe siècle, notamment pour des applications aérospatiales. Cependant, Dearman a réussi à adapter cette technologie aux besoins modernes, en développant un moteur spécialement conçu pour les véhicules frigorifiques.
Le fonctionnement du moteur à azote liquide
Le principe de ce moteur repose sur l’expansion de l’azote liquide. Lorsqu’il est libéré d’un réservoir et chauffé à température ambiante, l’azote liquide se transforme en gaz et augmente de volume de façon significative. Ce phénomène est utilisé pour générer une poussée mécanique, permettant ainsi de propulser un moteur.
Ce type de propulsion présente plusieurs avantages techniques :
- Aucune combustion : contrairement aux moteurs thermiques traditionnels, ce système ne brûle aucun carburant, ce qui réduit les émissions polluantes.
- Silencieux et efficace : le moteur à azote liquide fonctionne sans bruit excessif, rendant son usage plus agréable en milieu urbain.
- Maintenance réduite : avec moins de pièces mobiles et l’absence de résidus de combustion, l’usure est moindre.
Dearman a perfectionné cette technologie en intégrant un échangeur thermique performant, qui optimise le rendement du moteur. Ce développement permet d’envisager une utilisation plus large, notamment pour les transports urbains et les systèmes de réfrigération mobiles.
L’azote liquide, l’alternative qui pourrait révolutionner les transports
Une première application réussie dans la réfrigération des transports
L’une des premières applications concrètes de cette technologie a été réalisée en collaboration avec la chaîne de supermarchés britannique Sainsbury’s. Dearman a équipé une flotte de véhicules frigorifiques de moteurs à azote liquide afin de réduire l’impact environnemental du transport de denrées périssables.
Les premiers résultats sont très encourageants :
- Une réduction des émissions de CO₂ d’environ 1,6 tonne par camion en quelques mois.
- Une suppression des émissions de NOx et de particules fines, responsables de la pollution de l’air en milieu urbain.
- Un silence de fonctionnement qui limite les nuisances sonores, un atout important pour les livraisons nocturnes.
L’utilisation de l’azote liquide dans les systèmes frigorifiques permet d’éliminer les groupes électrogènes diesel, qui sont aujourd’hui largement utilisés pour maintenir la chaîne du froid. Cela représente une avancée significative vers des transports plus durables, notamment dans le secteur de la distribution alimentaire.
Face à ces résultats, d’autres entreprises du secteur pourraient bientôt adopter cette technologie pour verdir leur logistique. L’azote liquide pourrait ainsi jouer un rôle clé dans la transition énergétique du transport frigorifique.
Vers une adoption plus large ?
Si la réfrigération mobile a été le premier marché ciblé par Dearman, la technologie pourrait aller bien au-delà. Des applications dans d’autres secteurs du transport sont déjà à l’étude :
- Camions de livraison et bus urbains : une alternative propre aux véhicules diesel dans les grandes villes.
- Engins industriels : une solution pour réduire l’empreinte carbone des machines utilisées dans les ports et les chantiers.
- Trains et navires : l’azote liquide pourrait être utilisé pour des systèmes de propulsion hybrides.
Cependant, plusieurs défis doivent être surmontés avant une adoption massive :
- L’infrastructure : bien que l’azote liquide soit déjà produit en grande quantité, son réseau de distribution pour le transport reste limité.
- Le coût initial : la mise au point de moteurs adaptés nécessite un investissement important, ce qui peut freiner les industriels.
- Les régulations : comme toute nouvelle technologie, l’azote liquide devra s’adapter aux normes environnementales et de sécurité.
Malgré ces obstacles, la technologie développée par Dearman démontre que des alternatives à l’hydrogène existent. Plus sûre, plus facile à stocker et déjà largement utilisée dans l’industrie, l’azote liquide pourrait bien devenir un carburant d’avenir pour le transport propre.