En 2017, le montant total des investissements dans l’industrie automobile au Royaume-Uni ont chutรฉ d’un tiers par rapport ร 2016. Bien que la sortie des Britanniques de l’Union europรฉenne ne soit pas encore effective, des professionnels britanniques de l’automobile pointent du doigt le Brexit et son imminence. Plus encore, les retards dans les pourparlers entre Londres et Bruxelles refroidiraient les investisseurs en les plongeant dans l’incertitude.
Des chiffres sans ambiguรฏtรฉ
C’est la SMMT qui reprรฉsente les constructeurs et vendeurs britanniques du secteur de l’automobile. Chaque annรฉe, cette association produit de nouvelles statistiques. En 2017, les investissements de ce domaine de l’รฉconomie ont รฉtรฉ d’1,1 milliard de livres serling, soit prรจs d’1,25 milliard d’euros au taux de change actuel. Or, en 2016, ce montant s’รฉlevait ร 1,66 milliard de livres. Cela correspond ร une baisse d’un tiers presque exactement. Cรดtรฉ production, la baisse est de 3 %, pour un total d’1,67 million de vรฉhicules neufs grรขce ร 169 000 salariรฉs dans les usines. Rappelons que le Brexit a รฉtรฉ votรฉ par le peuple britannique en juin 2016. Sans surprise, les investissements dans l’automobile avaient dรฉjร commencรฉ ร baisser cette annรฉe-lร par rapport aux 2,5 milliards de livres sterling de 2015.
Ces donnรฉes ont รฉtรฉ rendues publiques par Mike Hawes, le directeur gรฉnรฉral de la SMMT, ร l’occasion d’une confรฉrence de presse. Elles peuvent cependant รชtre interprรฉtรฉes de diffรฉrentes faรงons. Il faut รฉgalement tenir compte de la chute de 5,7 % des immatriculations au Royaume-Uni en 2017 par rapport ร l’annรฉe prรฉcรฉdente. Cette tendance devrait se poursuivre en 2018.
Le Brexit pointรฉ du doigt, mais pas que
C’est indรฉniable : l’annonce du Brexit correspond au dรฉbut de la chute des investissements dans le secteur automobile britannique. Il devrait รชtre effectif ร la fin du mois de mars 2019, soit presque trois annรฉes aprรจs le referendum correspondant. Mais c’est surtout l’incertitude qui bloque les investisseurs : les discussions entre Bruxelles et Londres n’avancent que peu. L’Union europรฉenne avait de plus parlรฉ de sanctions financiรจres importantes en rรฉclamant des dรฉdommagements. Une pรฉriode de transition en 2019-2021 pourrait encore accroรฎtre les incertitudes. Or, il n’y a pas pire que l’opacitรฉ pour freiner les investissements. Les consommateurs eux aussi diminuent leurs achats. L’รtat britannique โ dรฉjร divisรฉ parce que l’รcosse et l’Irlande du Nord ont majoritairement votรฉ pour rester dans l’UE โ est donc presque pris en otage, comme l’illustre cette chronique sur RTL :
En fait, au vu des circonstances, l’industrie automobile britannique se replie de factoย sur son marchรฉ intรฉrieur. Celui-ci connaรฎt une rรฉcession nettement moins importante que la dรฉcroissance globale de ce secteur รฉconomique. Le Royaume-Uni paie en partie sa dรฉpendance des exportations, lesquelles reprรฉsentent 80 % de la production automobile nationale, avec une grosse moitiรฉ en direction du Marchรฉ commun. C’est cette derniรจre part qui a fondu et pรจse sur l’ensemble du complexe industriel automobile anglais. En effet, le redรฉploiement vers d’autres continents ne peut pas se faire en si peu de temps. De plus, la concurrence est rude.
En fonction des conditions du Brexit, l’automobile britannique pourrait en rester lร ou connaรฎtre un nouvel essor, ce qui ne plairait cependant pas ร l’Allemagne et ร ses constructeursโฆ D’autres pays auraient intรฉrรชt ร exclure le Royaume-Uni de l’union douaniรจre, comme l’Espagne, la France, l’Italie et la Roumanie qui disposent d’un secteur automobile solide. Tous les scรฉnarios restent donc possibles.